La plage en noir et blanc
Paul César Helleu
“Planche d’étude : Femmes sur une plage (Dieppe ?)”
vers 1885-1886
eau-forte et pointe sèche sur papier vélin
inv. CMNI 3006
Helleu est initié à la pointe sèche par son ami James Tissot (1836-1902), qui lui offre son propre outil, dont l’extrémité est en diamant. Il devient vite un graveur virtuose et se vante “de pouvoir faire un 8” sur le cuivre (Goncourt, 1893, p. 904). C’est pourtant l’eau-forte qu’il utilise pour cette première gravure. Contrairement à la pointe sèche, cette technique ne creuse pas directement le cuivre avec un outil, mais avec un acide qui attaque les zones découvertes de la plaque, préalablement recouverte d’une résine.
Dans cette gravure qui représente à nouveau une scène de plage, Helleu tire parti de la liberté que lui procure l’eau-forte, en maniant son outil comme un crayon : les figures féminines du premier plan sont très détaillées, tandis que celles du fond sont à peine ébauchées. L’artiste a ajouté plusieurs traits de pointe sèche, en particulier sur les visages et les cheveux.
Il s’agit d’une œuvre expérimentale : plusieurs maladresses en témoignent, comme le bras trop court de la femme de profil, au centre. Si ces deux techniques n’autorisent aucun repentir et présentent peu de variations chromatiques, elles permettent à Helleu de restituer avec finesse la spontanéité de ses modèles.