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Souterrain de la Caverne du Dragon-Musée du Chemin des Dames (Aisne)
[Caverne du Dragon-Musée du Chemin des Dames] Souterrain, 2013
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Le fonds Pierre Sellier

L'homme derrière le clairon

Carte-photographique de Pierre Sellier
Carte-photographique de Pierre Sellier

Originaire du Territoire de Belfort, Pierre Sellier (1892-1949) est mobilisé en 1914 au 172e régiment d’infanterie au sein duquel il est blessé le 2 octobre 1914 au bois d’Ailly (55). Devenu clairon le 3 février 1915, il rejoint le 171e régiment d’infanterie le 5 décembre 1915, mais est à nouveau blessé le 28 septembre 1916 à Bouchavesnes (80), puis le 2 mai 1917 au Chemin des Dames et enfin à Survillers (95) le 20 avril 1918.

Le clairon de Pierre SellierNommé caporal le 5 mai 1918, il participe aux derniers combats de la Grande Guerre, et se trouve aux premières lignes d’Haudroy, dans le secteur de La Capelle (02), lorsque les plénipotentiaires allemands s’y présentent, le 7 novembre 1918, à 20h20, en vue de négocier les conditions d’un armistice. Monté sur le marchepied de la première des voitures allemandes qui se rendent à la villa Pasques à La Capelle, il est le premier clairon français à sonner le « cessez-le-feu » qui sera repris par d’autres clairons ensuite. Quelques jours plus tard, l’armistice mettant fin à quatre années de guerre était signé.

Récipiendaire de la croix de guerre avec trois citations, Pierre Sellier est démobilisé le 28 août 1919, et travaille à l’usine Japy avant de devenir contrôleur chez Peugeot. Dès les années 1920, il devient un élément incontournable des commémorations, représenté sur les vitraux du temple de Château-Thierry en 1924 ou jouant son propre rôle dans le film « La Grande Epreuve » d’Alexandre Ryder en 1927. Appelé à jouer lors des cérémonies du 11 novembre dans de nombreuses villes de France, il repousse toujours les offres de l’American Legion de faire une tournée aux Etats-Unis ou encore de vendre son clairon. Il cédera ce dernier au musée de l’Armée en 1926 et continuera à jouer avec une réplique réalisée par la maison Couesnon, dont un atelier est encore aujourd’hui dans l’Aisne.

Le 7 novembre 1948, il participe pour la dernière fois à la cérémonie de la Pierre d’Haudroy, monument érigé en 1925 au point d’arrivée des plénipotentiaires allemands venus demander l’armistice le 7 novembre 1918. Décédé le 16 mai 1949, il repose aujourd’hui au cimetière de Reppe (90). Depuis 1956, une rue de Beaucourt, son village natal, porte son nom, et une stèle en granit y est érigée. Par ailleurs, le collège de La Capelle porte son nom depuis le 7 novembre 2008. Le 2 décembre 2018, les descendants de Pierre Sellier présentaient aux enchères un ensemble de souvenirs de la Première Guerre mondiale lui ayant appartenu. Conscient de la valeur patrimoniale de ces objets pour l’histoire du département, le Conseil départemental de l’Aisne s’en portait acquéreur.

Cette collection se compose notamment d’une épée-baïonnette française modèle 1886 mod. 1915 raccourcie et son fourreau, d’un casque d'infanterie Adrian modèle 1915, d’une plaque commémorative en laiton de soldat de la Grande Guerre, d’un képi bleu horizon et d’un ceinturon-baudrier. Viennent s’ajouter également un clairon réglementaire en cuivre de la maison Thibouville-Lamy et un clairon commémoratif offert par la maison COUESNON et gravé "Au caporal clairon SELLIER PIERRE qui sonna l'Armistice de la Grande Guerre. 1914-1918 - Hommage de monsieur Couesnon et Cie Paris" avec lequel Pierre Sellier participait à toutes les commémorations à partir de 1926. Enfin, cette collection compte également les médailles ayant appartenu à Pierre Sellier ainsi que les brevets et citations qui y sont liés, et un ensemble de photographies, dessins et coupures de presse. D’autres objets et documents des collections départementales consacrés au cessez-le-feu et à l’armistice de 1918 complète ce fonds.

Le pôle scientifique du Service du Chemin des Dames et de la Mémoire