Aller au contenu principal
Souterrain de la Caverne du Dragon-Musée du Chemin des Dames (Aisne)
[Caverne du Dragon-Musée du Chemin des Dames] Souterrain, 2013
A-
A
A+

Le fonds Jean Marfaing

Un très précieux témoignage d'un soldat du 144e régiment d'infanterie au Chemin des Dames

Jean Marfaing
Jean Marfaing
Informations supplémentaires
© Coll. dép. Aisne
Jean Marfaing

« C’est une pauvre vieille bête de fantassin qui s’est mis en tête de conter ce qu’elle a vu à la guerre. Bien rares furent les poilus qui surent voir. Celui qui commence ce récit fut un aveugle entre les aveugles et fit la guerre sans la comprendre. Il ne se hasardera donc pas à la commenter et n’essayera pas de tirer des faits rapportés les déductions philosophiques qui s’imposeront d’elles-mêmes au lecteur subtil. Il présentera les choses tout simplement sans envolée lyrique, d’abord, parce qu’il se sent incapable de réussir dans l’épopée, ensuite parce que les spectacles auxquels il assista ne provoquèrent jamais en lui l’admiration ni l’enthousiasme, mais toujours la pitié, l’écœurement et la révolte. Il sait que les poilus ne furent pas des héros mais des malheureux faisant obscurément leur besogne de bête traquant la bête, non point par devoir, mais parce qu’ils ne pouvaient s’y soustraire. »

 Jean Marfaing, 1970

Originaire du Gers, Jean Marfaing (1891-1972) est contrôleur des douanes quand il est mobilisé en 1914 au 144e régiment d’infanterie de Bordeaux. Il combat en Lorraine en 1914 puis sur la Marne avant de gagner le Chemin des Dames où il va rester jusqu’en juin 1916. Il combat ensuite dans le secteur de Verdun, en Argonne puis dans la Somme jusqu’au début de l’année 1917. De retour dans l’Aisne d’avril à juin 1917 il participe à l’offensive avant de rejoindre le front d’Alsace puis de Champagne. En 1918 enfin, il combat dans l’Oise, dans l’Aisne, en Argonne puis en Picardie. Après la guerre il continuera sa carrière au sein des douanes et sera receveur principal lorsqu’il partira en retraite en 1952.

Profondément littéraire, Jean Marfaing écrira tout au long du conflit plus de 600 lettres à sa famille, principalement ses parents, son oncle et son cousin. Celles-ci lui permettront de s’évader, de réfléchir, et d’assouvir son besoin de lire et d’écrire, de s’occuper l’esprit. Très minutieux et consciencieux, il décrit dans sa correspondance tout ce qu’il voit et vit avec une grande précision mais aussi beaucoup d’humour et d’ironie. Ne souhaitant pas effrayer sa famille, il fait aussi preuve de retenue bien que parfois quelques épisodes troublants font surface et on perçoit au travers ses lignes l’horreur de la guerre.

En 2013, le Département de l’Aisne a reçu en don de Mmes Bonneville, de la Tousche et Houdelot cette précieuse et importante correspondance accompagnée de documents militaires, d’exemplaires de l’Echo des Guitounes, de photographies, de croquis et de dessins réalisés par lui-même, qui permettent de compléter et documenter de façon très précise son récit de guerre. Cette collection dans son ensemble permet se pencher sur les conditions de vie dans les tranchées et sur les combats, mais aussi, élément moins connu de la Grande Guerre, sur les longues périodes d’attente et de repos, au cantonnement.

Ce fonds permet enfin d’appréhender le travail de mémoire de l’ancien combattant Jean Marfaing : ses carnets rédigés par lui une dizaine d’années après la guerre et à la fin des années 1960 viennent s’ajouter ou faire contrepoids aux récits écrits sur le vif, et quatre cassettes audios permettent d’entendre la voix de l’ancien combattant qui s’enregistre lisant ses carnets ou racontant des épisodes de sa guerre au début des années 70.

Le pôle scientifique du Service du Chemin des Dames et de la Mémoire

Parcourez les collections