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Souterrain de la Caverne du Dragon-Musée du Chemin des Dames (Aisne)
[Caverne du Dragon-Musée du Chemin des Dames] Souterrain, 2013
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Le fonds du Tunnel de Winterberg

Les vestiges d'un drame au Chemin des Dames

Pattes d'épaules de soldat du R.I.R. 111
Pattes d'épaules de soldat du R.I.R. 111
Informations supplémentaires
© Coll. dép. Aisne
Pattes d'épaules de soldat du R.I.R. 111

Le 2 mai 1917, les positions du 111e régiment d’infanterie de réserve badois (R.I.R. 111) sur le plateau du Winterberg (plateau de Californie pour les Français) sont prises sous le feu de l’artillerie française. Ces frappes atteignent rapidement les lignes arrières sur le versant nord du Winterberg, et causent des dégâts importants. Le pilonnage se poursuit dans les jours qui suivent, dirigé avec l’aide d’observateurs d’artillerie à bord d’avions, et des obus de gros calibres tombent sur l’entrée nord du tunnel de Winterberg, dans lequel règnent déjà une chaleur atroce et un manque cruel d’oxygène, les conduits de ventilation ayant été détruits.

test Le 4 mai à 11h45, un obus de gros calibre fait exploser un stock de munitions et de matériel entreposé à l’entrée. L’évacuation du tunnel est alors ordonnée par les deux sorties de secours latérales. Dans la fumée, le gaz et la panique, seuls environ 30 hommes et les deux états-majors parviennent à fuir et doivent encore échapper à la pluie de projectiles à l’extérieur. Toutefois, la grande majorité des soldats n’ont pas pu exécuter cet ordre, la galerie étant bouchée par une barricade de sacs de sable mise en place sur ordre d’un officier des Minenwerfer pour bloquer la progression des gaz. Environ 80 hommes peuvent être sauvés par les pionniers et les brancardiers à la faveur de la nuit tombée, tandis que les autres succombent à une horrible mort par asphyxie, par la soif, ou se suicident de désespoir.

Plus d’un siècle après, en 2020, quelques « historiens locaux » ou « pilleurs de tombes », fouillent clandestinement l’entrée effondrée du tunnel de Winterberg, renouvelant l’intérêt sur l’histoire de cette tragédie. Sous l’égide du Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge e.V. et de l'Office National des Combattants et Victimes de Guerre, avec l’expertise scientifique des Landesarchiv du Bade-Wurtemberg, des opérations de sondage en vue de l’exhumation des combattants restés ensevelis dans le tunnel sont entreprises en 2021 et 2022.

Les premières découvertes archéologiques faites à proximité de l’entrée donnèrent des indications sur la localisation d’une des entrées du tunnel de Winterberg, et divers objets furent mis au jour : des concrétions de clous et de munitions, un stock de cartouches de masque à gaz, un casque (M 16), une baïonnette, un fragment d’une cartouchière et d’un masque à gaz, une cloche d’alarme, un miroir à main avec le portrait de l’empereur Guillaume II et une bouteille en verre. En outre, un manteau enroulé avec les épaulettes du R.I.R. 111 fut trouvé à l'entrée du tunnel. Celui-ci contenait dans ses poches les épaulettes du régiment Kaiser Friedrich III (I.R. 114), ce qui suggère qu'il s'agit du manteau du sergent Jakob Knöpfle, né le 22 juillet 1890 à Riedböhringen, et qui a été mortellement touché par un obus d'artillerie le 3 mai 1917 avec le sous-lieutenant Karl August Zwiffelhoffer à l'entrée du tunnel.

Les recherches menées par les archivistes allemands ont permis de recenser près de 80 soldats demeurés ensevelis dans le tunnel de Winterberg en mai 1917.

L’ensemble des objets découverts sur le site du tunnel de Winterberg furent confiées en don ou en dépôt par l’Office National des Forêts et le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge e.V. au département de l’Aisne afin d’en assurer la conservation. Une partie des objets a été exposée en 2022 aux Landesarchiv de Bade-Wurtemberg à Karlsruhe, en 2023 à la Caverne du Dragon, puis au Mémorial franco-allemand de l'Hartmannswillerkopf.

Le pôle scientifique du Service du Chemin des Dames et de la Mémoire