Art du livre par excellence, l'enluminure consiste à rehausser un texte par l'apport d’un décor orné d'or ou de couleurs. S’il semble en France être l'apanage des bibliothèques publiques, les musées en conservent aussi de remarquables témoins certes moins nombreux et parfois moins connus mais tout aussi prestigieux. Un regain d’intérêt se manifeste depuis quelques années à travers les grands musées européens pour ce pan trop souvent ignoré de leurs collections. Après le Louvre en 2011, les musées de sept régions se dévoilent à travers trois expositions simultanées dans le cadre d’un partenariat avec l’Institut national d’histoire de l’art.

  Les plus beaux manuscrits du Moyen Âge et de la Renaissance des musées des régions Pays-de-la-Loire et Centre ont ainsi été présentés à Angers pendant que le Palais des Beaux-Arts de Lille et le Musée des Augustins de Toulouse ont exposé les livres et feuillets peints des régions Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Champagne-Ardenne, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.

  Cette exposition virtuelle présente les œuvres recensées dans la base collections des musées de la région Centre. Elle reproduit les textes de l'exposition " Trésors enluminés des musées de France: Pays de la Loire et Centre" présentée au musée des Beaux-Arts d'Angers du 16 novembre 2013 au 16 mars 2014.

 

Rédaction: Ariane James-Sarazin et Marc-Edouard Gauthier, d'après les textes du catalogue.

Adaptation: Valérie Maillochon.

La Bible aux XIIe et XIIIe siècle

Réceptacle de la parole de Dieu pour les chrétiens, la Bible est au cœur de la civilisation médiévale. Sa version latine, la Vulgate, est enrichie de commentaires (prologues et gloses). De l'époque carolingienne au 12e siècle, sa diffusion se fait principalement par le biais de copies réalisées dans les ateliers monastiques (les scriptoria). 

  Ces Bibles de grands formats en plusieurs volumes, enrichies principalement d’un décor d’initiales ornées, sont parfaitement adaptées aux lectures journalières des moines dans l’église comme au réfectoire, conformément à la règle bénédictine. D’une lecture parcellée et extrêmement longue, la glose de toute la Bible pouvait remplir dix grands volumes.

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Livres d'autel et de choeur

On distingue dans la liturgie chrétienne l’office quotidien réparti en huit moments de la journée – les heures canoniales, qui rythment la journée toutes les trois heures (matines, laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies) –, la messe (l’eucharistie) et de nombreux rites (pour l’administration des sept sacrements, les vœux monastiques, les funérailles, les consécrations d’église ou d’autels, les exorcismes et les bénédictions).

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Le livre d'heures du XIVe siècle au début du XVe siècle

Livre de dévotion destiné aux laïcs, le livre d’heures est apparu sous sa forme primitive au 13e siècle. Supplantant le psautier auprès des fidèles dans leur récitation quotidienne des prières, il connaît son apogée deux siècles plus tard et est traditionnellement présenté comme le best seller du Moyen Âge. Le cœur du livre est composé des heures de la Vierge qui donnent son nom à l’ouvrage, les prières étant distribuées tout au long des heures canoniales.

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La fabrication d'un manuscrit

  Le support privilégié pour la copie des manuscrits est le parchemin. La légende veut que le parchemin (du grec pergamênê, « peau de Pergame ») ait été inventé par le roi de Pergame au 2e siècle avant Jésus Christ, car sa ville n’était plus approvisionnée en papyrus du fait de la rivalité entre la bibliothèque de Pergame et celle d’Alexandrie. Le parchemin est fabriqué à partir d’une peau de mouton, de chèvre ou de veau, qu’on fait tremper dans un bain de chaux pour éliminer les poils et les graisses. 

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Pratiques de collectionneurs

  Près de la moitié des pièces présentées sont des lettrines ou des pages découpées dans des livres. Ces dépeçages relèvent de pratiques anciennes. Dès le Moyen Âge, des manuscrits abîmés servent en remplois aux relieurs, tandis que d'autres, plus luxueux, sont divisés lors de successions. L’imprimerie, en rendant obsolètes nombre d'ouvrages médiévaux, amplifie dès le 16e siècle leur mise en vente, parfois au poids, ou leur transfert à des collectionneurs érudits.

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Livre profane du XIVe au début du XVIe siècle

  Les premières bibliothèques princières apparaissent au cours du 12e siècle avec l'essor d'une littérature nouvelle, en langue vernaculaire et de caractère profane. Ces bibliothèques prennent une nouvelle dimension sous l'impulsion des princesses de la famille royale dans la première moitié du 14e siècle, puis avec le roi Charles V (1338-1380) et ses frères, dont le célèbre duc de Berry. Les arts du livre se déploient à travers un grand renouvellement stylistique et iconographique de l'enluminure, ainsi que dans les reliures de tissus. Cette tradition royale se poursuit jusqu'à la fin du Moyen Âge.

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Survivance de l'enluminure

  L'essor considérable de l’imprimerie dans la deuxième moitié du XVe siècle affecte fortement l’art de l’enluminure. Dès 1461, l’imprimerie permet non plus seulement la mécanisation de la copie du texte, mais aussi celle de son illustration par la gravure. En moins d’un siècle, les innovations techniques vont substituer à un monde de livres rehaussés de couleurs une esthétique du livre en noir et blanc.

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