L'esthétique des voiles blanches
Paul César Helleu
“Le Passage de la bouée, voiliers en régates”
huile sur toile
inv. 2010.1.23
Dans une lettre adressée à Monet en 1896, Helleu exprime sa difficulté à peindre les yachts et précise qu’il faut “les étudier comme les chevaux de course et encore ils bougent tant”. Les reflets de la lumière sur l’eau et les navires pendant les régates sont pour lui un défi pictural.
Dans cette toile, dont les yachts occupent le centre, la course semble être suspendue au profit d’une évocation poétique des voiles. Comparées à de “grands oiseaux blancs” par Gabriel Mourey (Mourey, 1902, p. 46), leur éclatante blancheur peinte à grands traits se dresse sur un fond lumineux couleur vert d’eau, traversé de blanc.
L’impression quelque peu onirique et fantomatique qui s’en dégage apparente cette toile à celles du peintre américain James Abbott McNeill Whistler (1834-1903), qu’Helleu connaît et dont il admire l’œuvre. Quand Arsène Alexandre affirme que les yachts d’Helleu “font penser en clarté à ce que furent pour Whistler ses Nocturnes” (Alexandre, 1931, p. 5), on peut effectivement songer à l’huile sur toile “Nocturne, The Solent” du peintre (1866, Oklahoma, Gilcrease Museum) : là aussi, les navires se fondent dans l'atmosphère irréelle d'un paysage monochromatique.
