Une déclaration
Paul César Helleu
“L’Amour des bateaux”
vers 1889-1890
pointe sèche sur papier vergé filigrané
inv. CMNI 2957
Helleu éprouve un réel intérêt pour les bateaux bien avant de les peindre : né à Vannes, dans le golfe du Morbihan, il confesse lui-même à Jacques-Émile Blanche : “j’aurais dû être matelot” mais, ajoute-t-il, “les voyages m’assomment !” (Blanche, 1928, p. 126). De cette vocation contrariée par son propre tempérament, Helleu conserve l’amour des bateaux, trois mots qu’il écrit lui-même en bas de cette pointe sèche.
Il la réalise entre 1889 et 1890, séduit par le charme des barques anglaises à fond plat de Fladbury, où il séjourne avec son épouse, chez son ami Sargent. Il y peint d’ailleurs un portrait d’Alice dans une barque semblable, en adoptant le même point de vue en plongée, comme s’il la représentait depuis l’embarcadère (fig. 1).
Helleu se montre sensible à la beauté moderne et pittoresque des bateaux, susceptibles de devenir un motif ornemental à part entière : cet éventail en témoigne, avec sa forme dictée par l’agencement des quatre barques. Les nombreux voiliers qu’il représente par la suite confirment cet engouement pour les bateaux, dont il donne une nouvelle preuve à Paul Acker, lors d’un entretien (Acker, 1905, p. 90) : “je ne me lasse pas de peindre des bateaux. Un bateau ! C’est si joli.”