L’ « Imagerie artistique » de la Maison Quantin
Les publications jeunesse
Les publications éditées spécifiquement à destination des enfants se multiplient à partir du milieu du XIXe siècle : la littérature pour enfants et les livres d’images envahissent les foyers, tout comme les images en feuilles volantes, produites en très grand nombre par les imageries. Au premier rang de celles-ci se trouve l’Imagerie Pellerin à Épinal qui, dès les années 1840, consacre une part importante de sa production à l’image enfantine : fables et contes traditionnels issus des récits moraux de Perrault ou de Madame d’Aulnoy sont traduits en images selon une formule appelée à un grand avenir : l’historiette à cases multiples. Étagées sur plusieurs registres, les vignettes contiennent chacune un élément du récit et sont accompagnées de quelques lignes de texte.
Vers 1850 apparaissent des historiettes nouvelles dont les protagonistes sont désormais des petits garçons et des petites filles issus du monde réel : l’identification des lecteurs aux personnages, rendue plus aisée, facilite la transmission de l’enseignement moral. Car bien qu’agréables à regarder, ces images sont, avant tout, édificatrices.
L’ « Imagerie artistique » de la Maison Quantin, « humoristique et enfantine tout à la fois »
L’imprimeur-éditeur parisien Albert Quantin (1850-1930), spécialiste du livre d’art et des ouvrages illustrés, se lance dans la grande aventure de l’édition à destination de la jeunesse, selon un objectif double : plaire et instruire à la fois. Une dimension récréative règne sur la grande collection d’images que Quantin lance en 1886. Avec cette série, intitulée « Imagerie artistique », il souhaite faire souffler un vent de modernité sur le marché de l’imagerie pour enfants. Il entend notamment dépoussiérer le schéma imposé par les fameuses images d’Épinal. Sur le fond, la moralité cède quelque peu le pas au divertissement. Sur la forme, le cadre strict des vignettes est révolutionné : les cases se plient aux nécessités du récit, s’ornementent voire disparaissent, des éléments sortent fréquemment du cadre. Des artistes issus de la presse parisienne, auxquels Quantin fait appel, introduisent leur patte et renouvellent le genre de l’imagerie pour enfants. 77 dessinateurs participent à cette entreprise, au nombre desquels on compte les célèbres Théophile-Alexandre Steinlen, Caran d’Ache, Benjamin Rabier, Job ou encore Félix Lacaille. La diversité de ces dessinateurs confère aux séries un renouvellement constant.
Vingt séries sont éditées entre 1886 et 1904. Une ultime série l’est plusieurs années après, en 1917. Chacune comprend environ vingt planches. Une série est consacrée aux contes de fées : on y trouve Le Petit Poucet, La Belle au bois dormant, etc. Deux séries comptent de superbes planches dédiées aux Fables de La Fontaine. Et si quelques séries proposent des planches militaires – l’une entre 1886 et 1890, et l’autre en 1917, sur les batailles de la Grande Guerre –, toutes les autres se composent d’historiettes mêlant amusement et moralité de façon inventive. Très vite, il est possible d’acquérir ces planches reliées en albums. Chaque série fait l’objet de regroupements. Certains albums en rassemblent même plusieurs. Le Musée de l’image conserve 24 de ces précieux albums aux couvertures soignées et luxueuses.
470 se présentent sous la forme de feuilles volantes tandis que 810 sont reliées dans 24 albums.
Toutes ces œuvres sont désormais accessibles sur le site des collections du Musée de l'Image. Pour les découvrir, il vous suffit de cliquer sur le lien ci-dessous et de taper en recherche multi-critères dans le champs "exécutant" les mots "Quantin" ou "L-Henry May" :
https://webmuseo.com/ws/musee-de-l-image/app/report/les-collections.html
Jennifer Heim, chargée des collections
