Musée Bonnat-Helleu
musée des beaux-arts de Bayonne
5 rue Jacques Laffitte
64100 Bayonne
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Portrait de Mathilde Sée ; © Bayonne, musée Bonnat-Helleu / cliché A. Vaquero
Portrait de Mathilde Sée ; © Bayonne, musée Bonnat-Helleu / cliché A. Vaquero
 
Paul Helleu
“Portrait de Mathilde Sée”
vers 1886
pastel sur papier marouflé sur toile
inv. 2017.7.1

Ce portrait prend pour modèle une figure faisant partie des cercles fréquentés par Paul Helleu : l’artiste Mathilde Sée (1864-1934). Comme ses contemporaines Louise Abbéma (1853-1927) et Madeleine Lemaire (1845-1928), elle se fait une spécialité de la peinture de fleurs, ce que l’artiste évoque peut-être à travers sa coiffe sophistiquée. Ces femmes artistes deviennent les sujets de tableaux pour leurs confrères masculins, acquérant ainsi la reconnaissance de leur émancipation artistique et sociale. James Tissot (1836-1902) livre également un pastel représentant Mathilde Sée, datant vraisemblablement des mêmes années que celui de son ami (Artcurial, Paris, vente du 23 mars 2017, lot n°174). Dans les deux cas, elle n’est pas représentée comme un peintre au travail mais comme une personnalité mondaine posant pour son portrait.

Ce pastel de jeunesse, réalisé vers 1886, dialogue parfaitement avec le portrait d’Alice Louis-Guérin, future épouse de l’artiste, exposé au Salon de 1885 et donné au musée de Bayonne par la fille du modèle (inv. CMNI 3037). La technique de l’artiste, qui fit sa renommée, s’y révèle toute en nuances subtiles, comme l’avait relevé Edmond de Goncourt dans son “Journal” : “Exposition des pastellistes. – Helleu : des pastels où l’on sent un œil de peintre, amoureux de douces étoffes, de tendres nuances passées, de soieries harmonieusement déteintes.” (2 avril 1894). Dans l’un comme dans l’autre des portraits, la jeune femme est vêtue d’une robe sombre à col montant, selon la mode des années 1880, qui met en valeur son teint clair. Le fond sur lequel se détache la figure est traité dans une gamme de gris légèrement teintés, parfois griffés de traits de pastel bleu ou mauve qui lui donnent de la profondeur. Toute la virtuosité d’Helleu s’exprime dans le traitement délicat et précis des boucles de cheveux sur le front pâle, dans la transparence de l’éventail, qui laisse deviner la main droite du modèle, dans la moire des soieries du fauteuil et des gants, dans le bleu intense du regard, en harmonie avec la couleur des soieries du fauteuil, dans le délicat rehaut de rouge sur les lèvres. La jeune femme est assise de trois quarts sur un fauteuil de style Louis XVI dessiné de profil : cette contradiction dans les points de vue confère à l’œuvre une certaine étrangeté.