Madrid et Tolède, de la tradition à la modernité
Eugenio Lucas Velázquez (1824-1870)
"Vue de Tolède"
1854
huile sur toile
inv. CM 364
Aureliano de Beruete y Moret (1845-1911)
"Vue de Madrid"
1910
huile sur toile
inv. 975
Madrid est bien souvent l'ultime étape des voyageurs, qui croient y trouver une vue panoramique du pays, en complétant leur découverte de la capitale par la visite de hauts lieux environnants comme Tolède. C'est d'abord à des peintres espagnols qu'il revient de nous présenter leur pays.
L'artiste madrilène Eugenio Lucas Velázquez est plutôt connu comme peintre de genre. Sous l'influence des paysages fantastiques de son beau-frère Genaro Pérez de Villaamil y d'Huguet (1807-1854), il peint une vue topographique de Tolède assez inhabituelle pour son œuvre. L'importance des ouvrages architecturaux du pont médiéval de San Martín et du monastère San Juan de los Reyes, soulignent plus qu'ils ne dominent la majestueuse vallée du Tage qui se perd dans l'effet atmosphérique des lointains. La présence de silhouettes minuscules, qui s'acheminent pour entrer dans la ville par l'ouest, renforce la démesure du paysage.
Cinquante ans plus tard, c'est le développement urbain et industriel de l'Espagne qui intéresse Aureliano de Beruete y Moret. Paysagiste formé auprès du Belge Carlos de Haes (1829-1898), il parcourt l'Europe pour travailler sur le motif. De novembre à juin, il habite Madrid et peint de manière synthétique les villes d'Espagne, en tant qu'éléments du paysage, ce qui n'interdit pas une description précise. Comme dans le tableau conservé au musée du Prado, la capitale espagnole est vue depuis une hauteur. L'artiste surplombe la rivière Manzanares, enjambée par un pont, pour montrer l'ampleur de la capitale, nimbée par les fumées des cheminées d'usines.