Portrait de “famille”
Eugène Delacroix
“Feuille d’études”
après 1835
crayon graphite sur papier
inv. 1937
“Jenny Le Guillou”
huile sur toile
Paris, musée national Eugène Delacroix
“Un jour, j’ai aperçu Delacroix au Louvre, en compagnie d’une vieille servante, celle qui l’a si dévotement soigné et servi pendant trente ans, et lui, l’élégant, le raffiné, l’érudit, ne dédaignait pas de montrer et d’expliquer les mystères de la sculpture assyrienne à cette excellente femme, qui l’écoutait d’ailleurs avec une naïve application”, raconte Baudelaire dans ses “Curiosités esthétiques”.
La vieille servante, que l’on reconnait ici de face, en haut à droite, s’appelle Jeanne-Marie Le Guillou (1801-1869), dite “Jenny”. D’origine bretonne, elle entre au service de Delacroix vers 1835 et reste vingt ans auprès du peintre, l’assistant dans ses derniers moments. Son portrait nous restitue le visage quelque peu ingrat de cette “servante au grand cœur”, tour à tour sa confidente et, vers la fin, le cerbère intransigeant de son bien-être. Décédée en 1869, Jenny repose à ses côtés, au cimetière du Père-Lachaise.
Les autres visages de cette feuille appartiendraient à Julie, la domestique de l’artiste et à l'enfant de Jenny, Lucile Virginie, née en 1831. Le portrait de cette dernière, peint peu de temps avant la mort prématurée de la fillette en 1841, et celui de sa mère sont visibles à Paris, au musée Eugène Delacroix.