L'art de la mort
Eugène Delacroix
“Étude pour “Hamlet et Horatio au cimetière”
1839
sanguine sur tracé au crayon graphite, sur papier
inv. 1931
“Hamlet et Horatio au cimetière”
1839
huile sur toile
Paris, musée du Louvre
“Hamlet et Horatio devant les fossoyeurs”
1864
lithographie sur papier
National Galleries of Scotland
Hamlet et Horatio, au cimetière, conversent avec les fossoyeurs. L’un d’eux leur présente le crâne d’Yorick, le bouffon du roi. “Hélas ! pauvre Yorick ! enchaîne Hamlet, je l’ai bien connu, Horatio ! C’était un garçon d’une verve infinie, d’une fantaisie exquise ; il m’a porté sur son dos mille fois. Et maintenant quelle horreur il cause à mon imagination ! Le cœur m’en lève. Ici pendaient ces lèvres que j’ai baisées, je ne sais combien de fois. Où sont vos plaisanteries maintenant ? vos escapades ? vos chansons ? et ces éclairs de gaieté qui faisaient rugir la table de rires ? Quoi, plus un mot à présent pour vous moquer de votre propre grimace ? plus de lèvres ?...”
On ne doit donc pas confondre cette scène avec le monologue de l’acte III, même si les deux se mêlent dans l’imaginaire collectif. Delacroix est revenu à cinq reprises dans sa carrière sur ce sujet, qui semble donc l’avoir particulièrement frappé. Il commence en 1828 par une estampe en large, “Hamlet contemplant le crâne d’Yorick”, restée isolée et qu’il n’a pas intégrée à sa série d’illustrations. Vient ensuite une toile, refusée au Salon de 1836, qui se concentre sur les seuls personnages d’Hamlet et d’Horatio dans le cimetière. Le tableau du Salon de 1839 fut beaucoup mieux accueilli.