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Esther choisie par Assuérus

Cinq autres panneaux sur l'histoire d'Esther faisant partie à l'origine de deux cassoni : national gallery d'Ottawa, fondazione Horne à Florence, Louvre, galleria Pallavicini à Rome

bois ; peinture à tempera

47 H ; 131 L

Elève de son père Filippo Lippi, Filippino Lippi côtoya Sandro Botticelli dans l’atelier paternel à Florence. Tous deux sont présents à Chantilly ; leurs styles sont parfois si proches que lorsqu’au début du XXe siècle le grand historien d’art Berenson, reconstituant l’œuvre d’artistes anonymes sur la base de considérations stylistiques, créa un « Amico di Sandro » (ami de Sandro Botticelli), ses oeuvres furent identifiées à la production de Filippino Lippi jeune. Le panneau de Chantilly est un cassone, un coffre de mariage dont l’iconographie avait trait à un thème conjugal emprunté à l’Ancien Testament (Livre d’Esther). Le roi Assuérus, ayant répudié la reine Vashti, choisit une nouvelle épouse parmi les jeunes filles que l’on fait défiler devant lui : il choisit Esther, jeune juive exilée en Perse. Le panneau est composé de plusieurs scènes situées dans le palais du roi à Suse : à l’arrière-plan à gauche, Assuérus demande qu’on demande à la reine Vashti de le rejoindre ; à l’arrière-plan à droite, la reine refuse d’obéir, d’où sa répudiation. Les côtés du coffre comprenaient L’arrivée d’Esther devant les remparts de Suse (Ottawa, Galerie Nationale) et L’exil deVashti hors de Suse (Florence, musée Horne). Un second coffre racontait la suite de l’histoire, notamment Le désespoir de Mardochée, oncle d’Esther, (Rome, Galerie Rospigliosi-Pallavicini) à l’annonce du décret d’extermination des Juifs pris par Assuérus ; le panneau principal du second coffre montrait L’évanouissement d’Esther (Louvre), ayant bravé l’interdiction d’entrer chez le roi et plaidé la cause du peuple juif. Le Triomphe de Mardochée (Ottawa, Galerie Nationale) est aussi celui du peuple juif. Si la conception revient à Filippino, certains historiens n’excluent pas la participation de Botticelli, légèrement plus âgé que Filippino. Les personnages se déplacent comme sur une scène de théâtre sur un fond d’architecture mis en valeur par la maîtrise de la perspective qui répartit la scène en trois séquences. Les figures dansantes, les silhouettes allongées, les coloris clairs et chauds, l’habileté narrative, en font un grand chef-d’œuvre de la jeunesse de Filippino, vers 1478-1480.

Torrigiani prince, Florence (1877) ; Leclanché (vente Leclanché, Paris, 1892/03/23-25, n° 21) ; Aumale duc d' ?

Mentionné au Palazzo Torrigiani-Del Nero en 1856, où il se trouve encore en 1877 ; vendu par le Marquis Pietro Guadagni Torrigiani à Georges Leclanché, le 24 juin 1877 ; panneau vendu par Leclanché au duc d'Aumale, entre le 23 et le 25 mai 1892 ; légué par le duc d'Aumale à l'Institut de France en 1897. Le tableau viendrait de la famille Torrigiani. C’est la dernière œuvre italienne acquise par le duc d’Aumale en 1892 à la vente Leclanché.

"CAT. GRUYER n° 19 ; BOISSARD-LAVERGNE n° 43 ; Laclotte, Michel et Volle, Nathalie (dir.), Fra Angelico, Botticelli... Chefs-d’œuvre retrouvés : Chantilly, Jeu de Paume, 6 septembre 2014-4 janvier 2015. Paris, Éditions Cercle d'Art, 2014. 168 p. - cat. 26, p. 110-117 Boissard, Elizabeth de et Lavergne Durey, Valérie. Chantilly : musée Condé, peintures de l'école italienne. Paris : RMN, 1988 - n° 43 Gruyer, François-Anatole. La peinture au Château de Chantilly. Ecoles étrangères. Paris : E. Plon, Nourrit et cie, 1896 - 1898. - n° 19 Berenson, Bernard. Italian pictures of the Renaissance : a list of the principal artists and their works, with an index of place. Oxford : Clarendon Press, 1932 - p. 285 Zambrano, Patrizia et Nelson, Jonathan Katz. Filippino Lippi. Milano : Electa, 2004 - n° 10A, p. 313-317 Paolini, Claudio et Parenti, Daniela et Sebregondi, Ludovica. Virtù d'Amore : Pittura nuziale nel Quattrocento fiorentino : Florence, Galleria dell'Accademia, 8 juin-1 novembre 2010. Florence : Giunti, 2010. - n° 16b, p. 204-208"