991.1.1

Dessin mural 659 ; Wall drawing 659

20e siècle (4e quart) 1990

Lavis d'encre sur mur

Hauteur en cm : 380 Largeur en cm : 579

"Sol LeWitt énonce les règles des dessins muraux en avril 1970, dans un texte intitulé Wall Drawings et celle de leur exécution, en insistant sur les fonctions respectives de l'artiste et de l'assistant dans un second article ayant pour titre Doing Wall Drawings (1), en juin 1971. Il précise alors que l'erreur et le hasard deviennent des facteurs de structuration d'un système prédéterminé. L'artiste s'en remet totalement à l'interprétation de ses assistants chargés de réaliser les installations. Ce système de mise en place dissocie l'idée de l'oeuvre de sa réalisation effective. La primauté du concept assure au dessin un statut d'existence virtuelle, sa transcription sur le mur n'étant qu'une simple traduction de l'idée de base du travail. Le mur est directement intégré à la réalité de la composition et renforce le caractère éphémère et multiple de l'installation" (2). Cependant, il faut souligner qu'à l'inverse de l'anonymat, l'indifférence du rapport au geste que caractérise l'art conceptuel confirme la signature absolue, celle de la pensée, celle de la conception et dans le même sens, la reproduction du Wall drawing lui confère une sorte de perpétuité (3) voire même de pérennité. LeWitt a donné au dessin dans l'art contemporain une place nouvelle, en montrant son équivalence avec les autres techniques, au même titre que les sculptures tri-dimensionnelles (4). Le dessin mural permet de dépasser les limites d'un dessin traditionnel ; tout en restant parfaitement bi-dimentionnel, il traite l'intégralité d'un mur, par rapport à un espace ou à une salle d'exposition. Les rapports essentiels établis entre l'oeuvre, l'espace et le spectateur - en les définissant même comme expérience de l'oeuvre - sont à la base même de l'exposition Le Diaphane, pour laquelle ce dessin mural a été réalisé en 1990, puis acquis en 1991. Le jeu des arcs de cercle colorés, inversés de part et d'autre d'une diagonale, peut entrer dans la catégorie des Arcs de cercles et lignes, qui trouve son origine dans les Combinaisons de lignes en quatre directions (5). On peut le rapprocher du 366 (1982) (5), 656 et du 662 (1990) (6). L'usage de l'encre appliquée au tampon joue sur la superposition et la transparence des couleurs toujours visibles et appelle le paradoxe de l'interprétation des assistants (7). Avertis de la distance conceptuelle prise avec l'oeuvre par l'artiste, la prise en compte du rejet de la subjectivité du virtuel et du visuel, nous pouvons retourner à l'oeuvre en appréciant la superposition, la densité et le velouté de l'encre et en s'appropriant l'oeuvre, telle une fresque antique ou de la Renaissance. E.-D. A. (1) In Art Now, juin 1971 ; texte traduit en français par Nadia Tazi dans Daniel Buren-Sol LeWitt, Centre National d'Art Contemporain, Le Magasin, Grenoble, 1987. (2) Céglarski (Arnaud), "les dessins muraux de Sol LeWitt, 1968-1983", in Revue du Nord, Histoire et Archéologie Nord de la France, Belgique, Pays-Bas, juillet-décembre 1992, n°s 297-298, p. 689. (3) Strasser (Catherine), "Sol LeWitt, l'esthétique du concept", in Art Press, mai 1983, n° 70, p. 28. (4) Pacquement (Alfred), "Sol LeWitt, le développement mural du dessin", in Art Press, mars 1981, n° 46, p. 12. (5) Sol LeWitt Wall drawings 1968-1983, Amsterdam, 1984, reprod. p. 134. (6) Sol LeWitt Wall Drawings 1984-1992, Bern, 1992, pp. 108, 109, 186-187, 201. (7) Sylvie Coudert a bien développé les nombreux paradoxes de l'oeuvre de Sol LeWitt, (Art Minimal I, Bordeaux, capc Musée d'art contemporain, 1985, pp. 51-56), que Lucy R. Lippart avaient présentés dans Artforum (avril 1967), deux mois avant l'article de Sol LeWitt, "Paragraphs on Conceptuel Art".

n.s.n.d.

Zacharopoulos Denis, Karcayannis Vassia, "Le reprod. p. 80 ALLEMAND Evelyne-Dorothée, "Acquisitions du Musée pp. 96-97, reprod. coul. ALLEMAND Evelyne-Dorothée, "Musée des Beaux-Arts n.p., reprod. coul. "Sol LeWitt Wall Drawings 1984-1992", éd. p. 108, reprod. p. 102 La Voix du Nord, Tourcoing, Le musée de poche, "Le "renaissance" d'un concept", mardi 23 novembre 1993, reprod. ALLEMAND Evelyne-Dorothée, Dix ans d'acquisition pp. 278-279, reprod. p. 279