REMARQUE ! Ce site utilise des cookies et autres technologies similaires.

Si vous ne changez pas les paramètres de votre navigateur, vous êtes d'accord.

J'ai compris
Accueil Collections Expositions virtuelles

La peinture française de la naissance de l’Académie à la Révolution

Eustache Le Sueur , L’allégorie d’un Ministre parfait (1653) - Dunkerque, Musée des Beaux-Arts
 
Informations supplémentaires
© Claude Thériez (Photographe)
Eustache Le Sueur , L’allégorie d’un Ministre parfait (1653) - Dunkerque, Musée des Beaux-Arts

Les œuvres acquises par le FRAM donnent un bel aperçu de l’évolution de la peinture française de la naissance de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture en 1648  à la Révolution (1789). C’est au cours de cette période florissante que Paris s’impose comme un centre artistique majeur qui attire les artistes et concentre d’importants débats théoriques. Les grands chantiers royaux qu’impulsent Louis XIV (1638-1715) se poursuivent sous le règne de ses successeurs et assurent aux artistes des commandes tout en entretenant une vive émulation entre eux.  

Naissance

Fondée en 1648, l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture émancipe l’artiste des anciennes structures corporatistes en reconnaissant son statut d’intellectuel et de créateur. Sa création coïncide avec l’émergence d’une école de peinture qui commence à se structurer à partir des années 1630 autour de Simon Vouet (1590-1649). Après plusieurs années passées en Italie, Vouet revient en France où il invente un style clair et décoratif inspiré de Giovanni Lanfranco (1582-1647).

Lallégorie dun Ministre parfait d’Eustache Le Sueur (1616-1655) est contemporaine de la naissance de l’Académie. Son auteur, très certainement l’élève le plus doué de Vouet,  tempère le lyrisme de son maître en se montrant sensible à l’art mesuré de Nicolas Poussin (1594-1665). Sans se départir d’une certaine élégance décorative, Le Sueur cherche un équilibre entre des coloris délicats et un dessin rigoureux. Cette quête de simplicité et d’harmonie rappelle la peinture de Raphaël (1483-1520), connue en France grâce à des recueils gravés. Œuvre de commande, L’allégorie d’un Ministre parfait a recours à des figures symboliques pour symboliser les qualités requises à un homme d’État : le Conseil (vieil homme tenant un livre), la Sagesse (Athéna casquée), la Prudence (la jeune femme tenant un miroir) et le Secret (l’enfant caché dans l’ombre).  L’œuvre a été peinte pour être insérée dans une boiserie de cheminée chez un marchand nommé Planson, d’où son format ovale.

Pragmatisme

À partir des années 1670, l’Académie est agitée par une controverse artistique que l’histoire de l’art a retenue sous le terme de « querelle du coloris ». Elle se résume par une opposition entre les partisans de Pierre-Paul Rubens (1577-1640) qui font l’éloge de la couleur et défenseurs de Poussin qui privilégient le dessin. Vifs sur le plan théorique, les débats de l’Académie n’aboutissent pourtant pas sur une cassure stylistique nette. La dispute s'achève néanmoins au bénéfice des tenants de la couleur qui orientent la peinture du 18e siècle vers des tons plus suaves.

Par-delà les querelles théoriques, les artistes doivent faire preuve d’un certain pragmatisme quant à la destination de leurs œuvres : majoritairement des églises et des demeures royales dont elles doivent magnifier les espaces. Les académiciens, issus d’une tradition classique fondée sur la peinture d’histoire, sont contraints d’inventer un style empreint de solennité mais qui ne négligent pas pour autant les effets spectaculaires. Le tondo de Charles de La Fosse (1636-1716), Dieu le Père soutenu par les anges et entourés des symboles des évangéliques, illustre cette tendance. Son raccourci audacieux et sa lumière théâtrale laissent supposer que la composition fut destinée au plafond d’une chapelle, certainement celle destinée aux mariages dans l’église de Saint-Eustache, à Paris.

Au milieu des débats, Charles Le Brun (1619-1690), premier directeur de l’Académie,  s’efforce de trouver un consensus entre des tendances opposées. Sa position démontre que l’Académie, bien qu’instance de régulation, ne s’arc-boute pas sur des préceptes dogmatiques. Fondée sur la hiérarchie des genres, elle laisse un espace de liberté à des artistes qui ne font pas de la peinture d’histoire une priorité. Hyacinthe Rigaud (1659-1743) et Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) excellent dans le portrait. Antoine Watteau (1684-1721) invente, au début du 18e siècle, un genre qui remportera un grand succès, la fête galante, repris par des suiveurs comme Michel Barthélémy Ollivier (1712-1784). Jean-Siméon Chardin (1699-1779) donne ses lettres de noblesse à la nature morte. La raie (1728) et Le buffet (1728) seront ses morceaux de réception à l’Académie.

Morale

L’appartenance à l’Académie ne protège cependant pas des critiques et des remises en question. Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) se voit ainsi reprocher la légèreté et le caractère peu moral de certaines représentations féminines à la mièvrerie vaguement friponne. L’artiste excelle effectivement dans les œuvres prenant pour thème la virginité perdue comme le montre L’enfant à la colombe du musée de Douai. Symbole de virginité, la colombe que contient difficilement l’adolescente donne à la composition un sens sans équivoque : son envol imminent anticipe la perte prochaine de l’innocence alors que la joue de la jeune fille s’orne déjà d’un bouton impur.

Toutefois, un certain relâchement propre au rococo n’exclue pas l’existence d’un art à haute portée morale dont Jean-Baptiste Deshays (1729-1765) est l’un des principaux hérauts. En 1763, Le mariage de la vierge qu’il peint pour la collégiale Saint-Pierre de Douai lui vaut les louanges de Denis Diderot, qualifiant l’œuvre de « plus belle composition qu’il y ait au salon ». Deshays revisite les mises en scène graves et magistrales de Le Sueur par un coloris chaud hérité de Rubens. Dans son tableau, les gestes et les attitudes des personnages contribuent à investir la scène religieuse d’une dimension pathétique et édifiante.

Bien qu’il fût membre de l’Académie, Jacques-Louis David (1748-1825) s’est toujours rebellé contre son autorité et les privilèges qu’elle accordait à ses membres. Partisan de la Convention, il en obtient sa dissolution en 1793. L’Académie des Beaux-arts  lui succède. Peint en 1771, Le combat de Minerve contre Mars est encore marqué par le rythme virevoltant des tableaux de son cousin François Boucher (1703-1770). La peinture de David trouve son plein épanouissement une dizaine d’année plus tard, au seuil de la Révolution française, dont il fut l’un des acteurs zélés.

 

Alexandre Holin pour l'ACMNPDC

Eustache Le Sueur , L’allégorie d’un Ministre parfait (1653) - Dunkerque, Musée des Beaux-Arts
Allégorie d'un ministre parfait | Allégorie d'un ministre parfait
Charles de La Fosse, tondo;   Dieu le Père soutenu par les anges et entouré des symboles des évangélistes - Dunkerque, Musée des Beaux-Arts
Dieu le Père soutenu par les anges et entouré des symboles des évangélistes | Dieu le Père soutenu par les anges et entouré des symboles des évangélistes
Jeune Nègre tenant un arc
portrait
Jeune Nègre tenant un arc portrait | Jeune Nègre tenant un arc portrait
Jean-Baptiste OUDRY, Portrait d'un contrôleur des guerres (18e siècle) - Lille, Palais des beaux-arts
Portrait d'un contrôleur des guerres | Portrait d'un contrôleur des guerres
L'Enjôleur
L'Enjôleur | L'Enjôleur
CHARDIN Jean-Baptiste, Les Apprêts d'un déjeuner (18e siècle) - Lille, Palais des beaux-arts
Les apprêts d'un déjeuner, dit aussi Le Gobelet d'argent ; Le gobelet d'argent | Les apprêts d'un déjeuner, dit aussi Le Gobelet d'argent ; Le gobelet d'argent
Fête galante dans un parc
Fête galante dans un parc | Fête galante dans un parc
tableau, Jeune fille à la colombe
tableau, Jeune fille à la colombe | tableau, Jeune fille à la colombe
tableau, Le Mariage de la Vierge
tableau, Le Mariage de la Vierge | tableau, Le Mariage de la Vierge
tableau, Paysage pastoral avec obélisque
tableau, Paysage pastoral avec obélisque | tableau, Paysage pastoral avec obélisque
Le Combat de Minerve contre Mars
Le Combat de Minerve contre Mars | Le Combat de Minerve contre Mars