Ultimes repas du Christ
Anonyme, La cène, Maître autel de l’église de Neuville-sur-Escaut, haut-relief en pierre calcaire, H. 80 x L. 200 x P. 42 cm, Denain, Musée municipal
Pour les Chrétiens, la messe célèbre le dernier repas du Christ, la Cène (du latin cena : repas du soir), moment au cours duquel il institue l’Eucharistie auprès de ses douze apôtres. Au cours du repas, partageant le pain, le Christ leur dit : « Prenez et manger, ceci est mon corps ». Puis, emplissant une coupe de vin : « Buvez-en tous, ceci est mon sang »1.
La Cène a inspiré un grand nombre de représentations. Le bas-relief du maître-autel de l’église de Neuville-sur-Escaut (conservé au musée de Denain) réitère une formule popularisée par Léonard de Vinci (1452-1519) qui consiste à placer le Christ au centre de la composition en répartissant les apôtres en nombre égal de chaque côté de la table. Parmi eux, se trouve Judas dont le Christ connaît déjà la trahison : Judas vient de le livrer à ses ennemis, pour la somme de trente deniers. L’enjeu de la représentation consiste à l’identifier. Dans le bas-relief de Denain, il est reconnaissable à la bourse qu’il cache derrière le dos.
Dans le Nouveau Testament, la Cène est suivit d’un second repas. L’Évangile de Luc rapporte que le Christ, après sa mort, serait apparu à deux de ses disciples sur le chemin d’Emmaüs. Ce n’est qu’au cours du souper que ceux-ci parviennent à l’identifier au moment où il rompt le pain qu’il leur tend.
Bernardo Strozzi (1581-1644) et Jean Restout (1692-1768) donnent deux interprétations très différentes du geste eucharistique. En dépeignant le Christ humblement attablé, Strozzi marqué par l’exemple du Caravage (1571-1610), contribue à faire ressortir son humanité. Le repas frugal, les vêtements déchirés des pèlerins et la nappe tachée, donnent une vision modeste du message biblique.
Le tableau de Restout se situe à l’opposé de cette vision. Il représente un Christ en gloire, au visage dématérialisé par la lumière. Son corps paraît en lévitation au milieu d’une nuée étincelante. Cet effet surprenant n’est toutefois pas une surinterprétation de l’artiste qui reste fidèle à l’Évangile de Luc qui mentionne : « Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel »2.
1 Évangile selon Matthieu (26. 26-28)
2 Évangile selon Luc (24. 46-53)
Alexandre Holin pour l'ACMHDF
Aller plus loin :
- Version imprimable - Fiche pédagogique - Art du goût - Ultimes repas du Christ.pdf (621,88 ko)© Alexandre Holin pour l'ACMHDF