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Une nature morte baroque de Michel Bouillon

Michel Bouillon, Grand buffet, huile sur toile, 137 x 267 cm, Tourcoing, MUba Eugène Leroy
 
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Michel Bouillon, Grand buffet, huile sur toile, 137 x 267 cm, Tourcoing, MUba Eugène Leroy

Au milieu du XVIIe siècle, sous l’influence de Pierre-Paul Rubens (1577-1640), la nature morte gagne en monumentalité. Un souffle baroque entremêle les éléments qui la composent, créant une irrémédiable rupture avec l’intimisme des tables servies peintes dans la première moitié du siècle.  

Né près de Tournai, Michel Bouillon (vers 1638-vers 1673) fut actif en France et dans les Flandres. Le Grand buffet qu’il peint dans les années 1650 se présente comme une composition ambitieuse dont le format horizontal et les dimensions importantes laissent supposer qu’elle remplissait une fonction décorative. L’étoffe rouge relevée comme un rideau de scène accentue sa dimension théâtrale.

Toutefois, comme le rappelle l’historien de l’art Dominique Brême, les natures mortes baroques restent des compositions allégoriques qui « ne laissent que rarement le choix d’une interprétation unique »1. Elles peuvent être lues tout à la fois comme des allusions aux sens, aux saisons, aux éléments et aux continents.

Le Grand buffet peut ainsi s’interpréter comme une célébration de la diversité du monde et de la nature. Dépassant la contingence du cycle des saisons, Bouillon invente une composition fictive dans laquelle il regroupe des fruits et des fleurs qui poussent à des moments différents de l’année. Par le biais de la peinture, il invente une temporalité idéale, donnant à croire que les éléments de son tableau viennent d’être fraîchement disposés sur la table.

Concentré de temps, la nature morte est aussi un concentré d’espace : l’ode à la générosité de la nature qu’elle met en scène se double d’une célébration de la diversité du monde. Le bol en porcelaine chinois Wanli, les coquillages et la coupe nautile sur la partie gauche du buffet, sont des éléments précieux qui évoquent l’ailleurs. Il est fort probable que Bouillon, comme beaucoup d’autres artistes de son époque, eut en sa possession une collection de coquillages exotiques, éléments très répandus dans les cabinets de curiosités.

Ce tableau, unique dans la production connue de l’artiste, montre que l’emphase décorative de la nature morte baroque ne doit pas voiler sa dimension intellectuelle. Ce double aspect lui assure un grand succès auprès de l’aristocratie et de la bourgeoisie éclairée dont elle flatte l’esprit et les sens.

1 Dominique Brême propose une analyse développée de cette œuvre dans 1982 – 1992, Fram, 10 ans d’acquisition pour les musées de la région Nord – Pas de Calais, Association des conservateurs des musées du Nord – Pas de Calais, 1994, pp. 260-661.

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Références bibliographiques

Guy Blazy (sous la direction de), 1982 – 1992, Fram, 10 ans d’acquisition pour les musées de la région Nord – Pas de Calais, Association des conservateurs des musées du Nord – Pas de Calais, 1994 (l’œuvre est reproduite et commentée pp. 260-661).

 

 

 

 

Alexandre Holin pour l'ACMHDF

Grand buffet
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SNYDERS Frans, Le cellier, 17e siècle - Musée des beaux-arts de Valenciennes
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