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Des régimes pour prendre du poids au XVIIe siècle !

© RMN-Grand Palais / Philipp Bernard
 
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© RMN-Grand Palais / Philipp Bernard

Rarement les corps féminins n’ont été aussi plantureux que dans la peinture flamande du XVIIe siècle. Chaque sujet y apparaît comme un prétexte pour célébrer des chairs épanouies, parfois à la limite de l’obésité. Dans L’enlèvement d’Europe, Jacob Jordaens (1593-1678) exacerbe le canon de beauté inventé par son ami Pierre Paul Rubens (1577-1640), en représentant l’héroïne mythologique et ses compagnes comme d’opulentes Flamandes aux corps gras.

Cette célébration de la chair dans sa dimension superlative possède une signification sociale évidente à une époque où se nourrir reste une activité fondamentale et où l’embonpoint caractérise la vie oiseuse réservée aux femmes de la bonne société. Dans son tableau, Jordaens confère à ses figures les corps que doivent idéalement avoir les jeunes femmes de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie, en opposition à ceux des paysannes et des travailleuses, abîmés par le labeur.

Comme le corps élancé en vogue de nos jours, le corps gras du XVIIe siècle s’entretient. Le régime auquel il doit se soumettre est toutefois aux antipodes de la diététique actuelle ! Dans son ouvrage L’invention du corps, Nadeije Laneyrie-Dagen1 mentionne l’existence de livres de recettes qui évitaient aux femmes de perdre du poids. Elle nous apprend que, pour préserver leurs formes, les Vénitiennes avalaient des plats riches en calories. Certains ouvrages leur recommandaient de prendre chaque matin un massepain composé de noix, d’amandes, de pistaches, de pignons, de graines de melon, de chair de perdrix et de chapon.

Pour représenter cet idéal de la belle et de la bonne chair, Jordaens exploite toutes les potentialités de la peinture à l’huile. La matière picturale de son tableau, irrégulière comme peut l’être un épiderme, s’étale en glacis transparents ou en touches épaisses, évoquant avec gourmandise la dimension tactile des plis et des reliefs de ses corps en pleine santé.

1 Nadeije Laneyrie-Dagen, L’invention du corps, Paris, Flammarion, 2006 (particulièrement pp. 137-150).

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Références bibliographiques

Blaise Ducos, « Les corps les uns contre les autres. Rubens et la question de l’anatomie : Michel-Ange, De Vries, Petel », L’Europe de Rubens, (cat. exp.), Louvre-Lens, Hazan, 2013, p. 215-258.

Nadeije Laneyrie-Dagen, L’invention du corps, Paris, Flammarion, 2006.

 

 

Alexandre Holin pour l'ACMHDF

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