Dès leur origine, les sociétés disposent, dans leur panthéon, de divinités expertes dans l’art militaire. Dans l’Antiquité où les conflits belliqueux sont omniprésents, les cités Grecques adoptent deux dieux qui symbolisent des conceptions différentes de la guerre : Athéna (Minerve) déesse de la sagesse et de la stratégie guerrière et Arès (Mars) dieu de la brutalité et de la destruction. Tous deux, pourvus d’un casque et d’une lance, assistent et conseillent les héros grecs au cours de leurs péripéties et de leurs combats. Il faut dire que la mythologie est peuplée de batailles mettant en avant les prouesses militaires d’Enée, de Persée, de Thésée ou encore d’Ulysse…abondamment représentés dans l’art occidental, jusqu’au XIXe siècle. Ainsi, le musée Girodet à Montargis conserve un tableau, attribué à Jean-François de Troy (première moitié du XVIIIe siècle), représentant Enée recevant de sa mère Vénus, les armes forgées par Vulcain, épisode tiré de L’Enéide de Virgile.

Les personnages historiques de l’antiquité et leurs hauts faits d’armes ont également fortement inspiré nombre artistes occidentaux comme en témoignent le tableau de l’école de Fontainebleau, Horatius Coclès défendant le pont du Tibre (seconde moitié du XVIe siècle, musée Girodet, Montargis) ou encore le dessin de Anne-Louis Girodet de Roussy Trioson figurant La mort d’Hannibal ( XIXe siècle, musée Girodet, Montargis).

Au Moyen Âge, les saints guerriers évincent les divinités et les héros païens. Général des armées célestes, l’archange saint Michel est figuré en armure, l’épée à la main terrassant le dragon. Il incarne la victoire de la Foi chrétienne sur le mal. L’association « Foi » et « guerre » se retrouve, d’ailleurs, dans l’Ancien Testament, rempli d'épisodes guerriers comme ceux du livre des Macchabées évoquées dans l'Etude de bouclier du sculpteur Henri de Triqueti représentant les Sept délivrances d’Israël (XIXe siècle, musée Girodet, Montargis). De nombreux saints étaient également des soldats : Saint Sébastien, ancien centurion romain martyrisé pour sa Foi, les chevaliers Martin et Georges.

L’exaltation de la Foi et de la guerre est également présente dans le genre littéraire de l’épopée qui chante la gloire des chevaliers et de leurs aventures belliqueuses à travers de longs poèmes où la légende se mêle à la vérité historique (Lancelot ou le Chevalier de la Charrette, de Chrétien de Troyes). Le thème des Neuf preux, tiré du roman de Jacques de Longuyon, Les Vœux du Paon (1312) est un motif iconographique particulièrement à la mode entre le XIVe et le XVIe siècle. Quatre de ces chevaliers illustres, César, Josué, Macchabée et Alexandre sont représentés sur des médaillons émaillés de Limoges (deuxième quart du XVIe siècle, musées de Bourges).

A l’époque Moderne, La Jérusalem délivrée, vaste poème épique achevé par le Tasse en 1575 retrace, dans un récit fictif, le combat des chevaliers chrétiens contre les sarrasins, lors de la Première Croisade. L’épopée donne lieu à la création de cycles iconographiques destinés à décorer les palais princiers et les châteaux de province. Un ensemble de tapisserie sur ce sujet (deuxième moitié du XVIIe siècle, musées de Bourges), exécuté dans la Creuse, ornait le château de Villeperdue à Sainte-Thorette (Cher).

Le XIXe siècle est également friand de l’iconographie épique médiévale que le romantisme remet au goût du jour. Le style troubadour s’attache à représenter les figures héroïques de l’histoire de France et leurs hauts faits. Jeanne d’Arc ou encore François Ier sont les guerriers les plus souvent figurés. Le peintre Louis Ducis, représente l’épisodes historiques mémorables qui a contribué à la gloire du roi François Ier, dans son tableau François Ier armé chevalier par Bayard à la suite de sa victoire à Marignan en 1515 (1872, château de Blois).

L’iconographie militaire du XIXe siècle est également profondément marquée par l’épopée napoléonienne. Napoléon Bonaparte a rapidement saisi à quelle point les arts pouvaient soutenir ses intérêts et ceux de l’Empire. Il s’est entouré de sculpteurs et de peintres qui ont su magnifier ses conquêtes comme Horace Vernet avec sa représentation de la Bataille du pont d’Arcole (estampe, 1826, musée George Sand et de la Vallée Noire, La Châtre) au cours de laquelle le jeune Bonaparte à la tête de l’armée française s’élance avec un drapeau pour tenter de prendre le pont aux autrichiens.