Digitaliser nos vies : une forme d'immortalité ?

 
Ce qu'il reste de
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Alors que nos vies se sont digitalisées, que nos données sont désormais à la fois numériques et éparses, se pose plus que jamais la question de l’intime.

Comment préserver cette intimité en un monde connecté qui nous dépasse ? Faut-il encore s’en donner la peine ?

Cette digitalisation nous interroge également sur notre postérité. Des profils sur les réseaux sociaux qui nous survivent aux données stockées en passant par le droit à l’oubli, notre rapport à nous, au-delà même de la mort, a bien changé.

Qu’est-ce qui se joue en nous de notre rapport à la finitude alors même que nous croisons tous les jours les fantômes numériques d’amis décédés ?

C’est cette question d’immatérialité et par là même d’immortalité que Fabrice Rotenhauser a souhaité interroger dans cette partie de l’exposition : que dire de ce monde qui nous a transformé en données commercialisables, interchangeables et immortelles ?

 

Œuvre du musée :

Stèle votive, Carthage, calcaire, IVe-Ier siècle av. J-C, 11* 13,5 cm, 2012.0.427

Cette stèle comporte des inscriptions puniques, dans l’alphabet phénicien, qui signifient : « A la dame Tanit, femme de Baal et au seigneur Ba’al-Hamonon ». Cette stèle est dédiée à la grande déesse de la ville de Carthage : Tanit, et au roi des dieux du panthéon carthaginois : Ba’al-Hamonon. Ces deux dieux proviennent du panthéon phénicien. Ils ont pris grande importance, grâce à l’influence égyptienne notamment, Ba’al devenant le roi des dieux et Tanit la déesse protectrice de Carthage. Tanit représente la fertilité.

Cette stèle est un ex-voto, réalisé pour remercier la déesse pour un vœu exaucé ou pour lui recommander l’âme du défunt, le motif de main ouverte, représenté au-dessus des inscriptions, étant présent pour rappeler que la déesse a donné quelque chose, justifiant l’action de remerciement. Cette pratique était très importante dans la religion carthaginoise. Ainsi cette inscription matérialise ce remerciement ou cette prière et en garde la trace dans les millénaires futurs.

 

Œuvre 25 :

Precious

Techniques mixtes– 60*60 cm – 2022

A l’heure de la numérisation, des informations mondialisées, de l’intelligence artificielle, les données deviennent un enjeu majeur pour notre civilisation. Et parmi ces données, celles qui nous concernent le plus directement sont les plus précieuses. Parce qu’elles permettent d’anticiper nos comportements, d’imaginer nos envies futures ou même de modéliser nos réactions, ces informations ont de plus en plus de valeur. L’œuvre intitulée « Precious » nous permet de nous interroger sur la richesse que représentent nos données, que nous livrons pourtant trop souvent spontanément sur les réseaux via nos objets connectés, sans nous soucier de l’usage qui en sera fait. Nous sommes notre bien le plus précieux.

 

Œuvre 26 :

Ombres

Email sur métal – 60*60cm – 2015

A l’heure du numérique et des réseaux sociaux, nous nous sommes habitués à voir des portraits de nous, des “profils” se multiplier et se diffuser. Nous oublions même souvent les avoir créés...

Par ces profils, nous laissons des traces, des empreintes dans ce vaste monde numérique auquel nous ne comprenons parfois pas grand-chose. Des traces et des empreintes qui, bien souvent, nous survivent, laissant sur la toile des images fantômes de nous-mêmes.

L’oeuvre “Ombres”, comme une conclusion de cette exposition, nous invite à nous interroger sur ce qu’il restera de nous, après-nous, dans le monde numérique. Somme- nous les ombres de nous-mêmes, fantômes d’un univers numérique surchargé et surexposé ? Sommes-nous, par-là devenus immortels ?

Installation centrale

Œuvre 27 :

Installation 48.63, 4.94

Techniques mixtes – 2m*2m*1m environ – 2022

La momie est une pièce phare des collections du Musée de Saint-Dizier. Nous venons souvent l’admirer sans pour autant nous demander si cet homme aurait souhaité être ainsi exposé aux regards.

En faisant de cette momie le point de convergence de l’exposition, Fabrice Rotenhauser nous invite à nous interroger sur les traces que laisse notre propre corps dans le temps et dans l’espace.

L’installation qu'il réalise autour d’elle est une véritable mise en tension : elle étonne autant qu’elle questionne, elle met en avant autant qu’elle protège des regards, elle éclaire autant qu’elle cache. L’artiste place la momie au cœur d’une installation composée de radiographies de corps anonymes et d’une colonne d’émail, symbole pour lui d'un monde numérique qui peu à peu nous échappe.

Œuvre 28

Orange Line

Email sur métal – 100*10cm - 2021

Œuvre 29

Cartes des Mondes Anciens / Le lac orange

Email sur métal – 25*25cm - 2018

Œuvre 30

Les Fulgurantes III

Email sur métal – 32*42cm - 2021

Musée de Saint-Dizier