Modifier les lieux : que reste-t-il de nos traces ?

 
Ce qu'il reste de
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Les paysages que nous contemplons aujourd’hui ont tous été profondément modifiés par l’activité humaine.

Des voies romaines se dessinent encore parfois dans le paysage, des menhirs se dressent au détour des chemins, des villas apparaissent dans des vues aériennes, des déserts naissent de déforestations trop intensives, des montagnes sont creusées, des marais asséchés, des pierres gravées…

Certaines de ces modifications donnent naissance à des merveilles, rendent les lieux plus beaux encore, plus intrigants, plus prometteurs…

 Dans cette deuxième partie, Fabrice Rotenhauser nous invite à nous interroger sur notre manière de regarder le paysage et d’en être acteur.

S’inspirant des signes laissés par l’homme dans les grottes ornées, des villages protohistoriques du Causse Méjean ou encore des pierres gravées de la vallée de la Maurienne, il nous propose de regarder notre environnement à la lueur des modifications que nous y avons apportées, pour mieux se demander quel paysage nous voulons laisser.

Cette œuvre s’inspirant du village protohistorique de Drigas, sur le Causse Méjean en Lozère, nous rappelle que des villages disparus sont encore traces visibles et lisibles dans le paysage. C’est d’ailleurs d’un paysage profondément transformé par l’homme qu’il s’agit ici : l’enceinte de pierres que nous devinons représentée dans le panneau central de l’œuvre, gravée et visible seulement si l’on y prête attention, est l’emplacement d’un village ancien sur un plateau rocheux rendu désertique par une déforestation intensive.

De ce village il ne reste qu’une enceinte au sommet d’une colline et pourtant des hommes s’y rendent aujourd’hui encore et, instinctivement, déposent des pierres, en bougent d’autres inventant ainsi des formes nouvelles.

C’est bien de cette permanence qu’il s’agit dans cette œuvre : nous nous rendons aujourd’hui encore sur des lieux où nos ancêtres se sont rendus, où ils ont habité, où ils ont partagé des émotions. Aujourd’hui encore, sans toujours savoir pourquoi, nous y créons des formes, nous y gravons des signes. Comme cet Orant et ces signes gravés sur des pierres du Causse que l’artiste a méticuleusement relevés et gravés, à son tour, dans le cuivre avant de les figer par l’émail. Par ce geste il entend rendre hommage aux artistes qui ont orné les pierres du Méjean bien avant lui et aussi poursuivre l’acte de création.

La radiographie n’est pas seulement une révolution médicale, elle est aussi l’apparition d’un monde. Avec elle, nous avons tous, à portée de main la représentation intime de nous-même.  Nous pouvons alors nous prendre à rêver à ce qui se joue, à l’intérieur de nous.

Fabrice Rotenhauser, au travers de cette série de trois œuvres, nous invite à rêver, à tisser le lien entre notre imaginaire et ce matériau brut qu’est la radiographie. Il a souhaité mettre en évidence l’extraordinaire beauté plastique de ces images, les prolonger de quelques traits pour mieux les sublimer, de les recoudre, comme pour nous réparer. En utilisant des radios recyclées comme support, il change notre regard sur elles, les sort de leur contexte pour n’en garder que la ligne, l’épure. Ce faisant il nous permet de nous interroger sur l’extraordinaire beauté que nous portons en nous.

Œuvre 5 :

L’appel de l’Orant

Email sur cuivre - Triptyque - 30*30 cm chaque- 2013 - Collection privée

 

Cette œuvre s’inspirant du village protohistorique de Drigas, sur le Causse Méjean en Lozère, nous rappelle que des villages disparus sont encore traces visibles et lisibles dans le paysage. C’est d’ailleurs d’un paysage profondément transformé par l’homme qu’il s’agit ici : l’enceinte de pierres que nous devinons représentée dans le panneau central de l’œuvre, gravée et visible seulement si l’on y prête attention, est l’emplacement d’un village ancien sur un plateau rocheux rendu désertique par une déforestation intensive.

De ce village il ne reste qu’une enceinte au sommet d’une colline et pourtant des hommes s’y rendent aujourd’hui encore et, instinctivement, déposent des pierres, en bougent d’autres inventant ainsi des formes nouvelles.

C’est bien de cette permanence qu’il s’agit dans cette œuvre : nous nous rendons aujourd’hui encore sur des lieux où nos ancêtres se sont rendus, où ils ont habité, où ils ont partagé des émotions. Aujourd’hui encore, sans toujours savoir pourquoi, nous y créons des formes, nous y gravons des signes. Comme cet Orant et ces signes gravés sur des pierres du Causse que l’artiste a méticuleusement relevés et gravés, à son tour, dans le cuivre avant de les figer par l’émail. Par ce geste il entend rendre hommage aux artistes qui ont orné les pierres du Méjean bien avant lui et aussi poursuivre l’acte de création.

 

Œuvre 6 :

Monolithes

Email sur cuivre – 120*70 cm - 2013 - Série Re-naissance

Cette œuvre, s’inspirant des pierres levées des paysages de Lozère nous invite à la réflexion sur la puissance d’évocation de ces témoignages anciens :  champs de pierres dressées, silhouettes humanoïdes s’élevant dans le désert des causses, matérialisation d’un lien terre-espace... ces monolithes ne nous laissent, aujourd’hui encore, pas indifférents. N’en maîtrisant pas la signification, nous leur prêtons des sens multiples.

Et c’est bien là que la magie opère. N’ayant pas nos points de repère habituels, d’explication attestée, nous laissons notre imaginaire opérer, nous inventons des théories dont nous n’aurons jamais certitude.

C’est sur ce point précis que Fabrice Rotenhauser souhaite nous interpeller : que reste-t-il de notre capacité à imaginer ? Devons-nous toujours tout savoir, tout comprendre, au risque de compromettre notre capacité à rêver ? N’est-il pas justement parfois infiniment plus beau de ne pas savoir, de ne pas comprendre ?

Il nous propose alors de choisir une interprétation poétique en considérant les champs de pierres levées comme des fenêtres vers d’autres lieux, d’autres mondes. Des monolithes qui auraient été des portes s’ouvrant sur un ailleurs par le simple fait de les effleurer. Des portes qui se seraient fermées parce que nous n’aurions plus appris à les regarder.

 

Œuvres 7 à 18  :

Origins 1 à 12

Email sur cuivre – 15*15cm - 2021

Les œuvres de la série Origins s’inspirent des empreintes laissées par les hommes à la préhistoire. Mains positives, cupules, signes digitaux peints ou gravés, elles nous renvoient à l’art pariétal en ce qu’il a de plus simpliste et, peut-être de plus troublant.

Ces toutes premières traces, parvenues jusqu’à nous depuis les profondeurs des cavernes et que nous considérons aujourd’hui comme œuvres à part entière sont aussi les toutes premières manifestations d’une volonté de modifier notre environnement, de l’adapter à nos besoins, à nos envies, nos croyances ou nos peurs.

Cette volonté sans cesse réitérée de dompter les paysages, la nature voire les éléments, nous pousse à nous demander ce qu’il reste encore d’originel : où aller pour éprouver les sensations d’origines ? Est-ce encore possible ? Est-ce même souhaitable ?

Œuvre du musée :

Carte du département de la Haute-Marne, tirage lithographique, première moitié du XIXe siècle,  56,5 * 82 cm, 954.2

Cette carte du département de la Haute-Marne, du début du XIXe siècle témoigne de la manière dont l’homme construit et façonne son territoire. Création révolutionnaire, ce département adopte pour colonne vertébrale le cours de la Marne. Il rassemble des territoires de l’ancienne Champagne et de l’ancienne Bourgogne. Contrairement à d’autres départements qui reprennent d’anciens découpages, celui-ci est formé de toutes pièces. La réalisation de cartes, les limites matérialisées dans le paysage, contribuent cependant à lui donner corps. Derrière ces constructions administratives, il s’agit de pouvoir maîtriser son environnement, son territoire et les hommes qui y demeurent.

Musée de Saint-Dizier