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Mehun-sur-Yèvre (18)

Musée Charles VII - Mehun-sur-Yèvre (18)

Bandeau d'illustration de l'espace WM : Musée Charles VII - Mehun-sur-Yèvre (18)
Vase évoquant une allégorie du feu ; © Susana Pereira-Tavares & Philippe Bon
Vase évoquant une allégorie du feu ; © Susana Pereira-Tavares & Philippe Bon
Vase évoquant une allégorie du feu ; © Susana Pereira-Tavares & Philippe Bon
Vase évoquant une allégorie du feu
Vase évoquant une allégorie du feu ; © Susana Pereira-Tavares & Philippe Bon
Numéro d'inventaire : 
996.1.813

Autre(s) Numero(s) : 
159 (anc. n°, inv. G.L.)

Domaine : 
Dénomination : 
Description en langage naturel : 
Description générale :
Vase de forte épaisseur, coulé pour résister à des essais de cuissons grand-feu (à haute température, sup. 1400°). Pied ondé. Décor incisé et peint, représentant une allégorie des arts du feu sous la forme d'une cuisson. trois scènes sont représentées sous la forme de trois “tableaux” se partageant à égalité la circonférence du vase. Les techniques sont multiples : dessin, graffito, ombrage, coulure. La partie haute de chacun des tableaux est arquée, pour simuler la voûte d'un four globe. Les trois scènes sont séparées par la représentation de pièces métalliques utilisées lors des cuissons. Des agrafes à œil qui permettaient, pour certaines, de maintenir en tension les cerclages de fer qui ceinturaient les fours, ou, pour d'autres, de fermer solidement les portes (le plus souvent, les ouvertures d'accès étaient murées). Pour donner du contraste, le col et l'épaule du vase ont été glaçurés avec des émaux clairs. Plus fusibles que ceux du décor, ils ont migrés, coulés sur les décors principaux. Effet de style, certainement involontaire, qui n'a peut-être pas permis de vendre cette pièce. Toutefois, ce vase reste une pièce très intéressante, voire unique, dans les productions communes Lamarre - Monganaste. Il montre également la dextérité des artistes de la “Spéciale” de la manufacture Pillivuyt et leurs recherches permanentes de nouveautés.

Tableau 1 - Des pièces, formes connues chez Pillivuyt, vases au col haut, allongé, effilé, potiches couvertes ou pots globulaires, sont disposées graduellement afin de donner de la profondeur à la représentation. Les dégradés de marrons et de roux nous plongent au cœur du feu du four, dont la puissance tourbillonnante des flammes est évoquée par de larges stries peignées en diagonale. Des flammes, un homme marche vers la gauche, il se dégage de la scène en portant une sorte de havresac, voire plus sûrement une céramique. Le plus étonnant, c'est le cerf, les bois dressés, la tête de trois-quarts, comme en attente, à l'écoute... Dans cette composition, cette figure improbable attire le regard, d'autant plus qu'un chien semble arriver de l'arrière des flammes.

Tableau 2 - De même composition, la seconde scène est toutefois moins énigmatique. Les vases sont ordonnés et les flammes tourbillonnes sans jouer avec des “éléments intrus”. Le fait que le centre de la représentation ne présente aucune pièce de céramique, seulement des flammes peignées évoque la vision que peut avoir un technicien lorsqu'il bascule la protection de l’œilleton pyrométrique avant de prendre sa mesure !

Tableau 3 - La scène reprend les mêmes codes, avec des vases empilés et des formes monumentales. Comme pour le tableau 1, les dégradés plus sombres à la base de la pièce et très clairs en arrière-plan renforcent l'idée d'intense chaleur. Du centre des flammes et de la composition, émerge un personnage coiffé d'un bonnet et portant une fraise au col.

Tels de petits intrus, les éléments inclus entre les flammes interrogent : message, allégorie ou facétie du décorateur ? Comment comprendre ces inclusions ? Le cerf roux en rappel des flammes... L'ouvrier chargé, en lien avec la pénibilité du défournement (?)... Le personnage néo-renaissant comme un clin d’œil à Bernard Palissy et au fait qu'il ait brûlé son mobilier pour atteindre ses températures souhaitées (?)...

Les auteurs - Ce vase est également très intéressant par le fait qu'il est un exemple de la complémentarité des équipes des fabrications “Spéciales” de la manufacture Pillivuyt. L'estampille marque bien l'appartenance de la commande. La forme est vraisemblablement une création d'Alphonse Lamarre, directeur de l'atelier et père de Georges. Ce dernier, véritable maître des émaillages complexes créés par le parrain de son Père, Eugène Halot, chimiste, exfiltré de Sèvres par Pillivuyt pour ses ateliers en Berry. Enfin, Monganaste, artiste peintre, dessinateur et cartonnier, va produire des dessins exceptionnels pour des décors destinés pour certaines expositions universelles. Passionné, il finira par devenir céramiste lui-même. C'est un ami de Paul Louchet et un contemporain de Jules-Auguste Habert-Dys, avec qui il aura de multiples collaborations.

Pour compléter, la famille Monganaste habitait avenue de la gare à Mehun-sur-Yèvre. Nos premières recherches ont confirmé son origine lorraine. S'il signait A. comme Albert, en réalité, Monganaste se prénommait Jean-Étienne et avait épousé Édith-Myra Richard. En août 1919, ils marieront leurs filles Louise-Florentine (dessinatrice ?) avec Harisson Randal, lieutenant en second du camp américain en stationnement à Beauvoir près de Mehun. Myra donnera et vendra certaines productions de son époux au musée de Mehun, alors seulement installé dans la tour du château. Le musée a acheté en mars 2020 un cahier de dessins qui complète les collections (tableaux, porcelaines, cartons de décors, aquarelles de campagne, etc.).

Observations-Commentaires : 
Pièce exceptionnelle réalisée à plusieurs mains

Représentation - Iconographie : 
allégorie (feu)

Technique et matériaux : 
Dimensions : 
H. 43 cm ; D. 24,5 cm ; VOLUM. 0,0203 ; D. 15,3 cm (diam col)

Millésime de l'oeuvre : 
1905

Période (siècle ou millénaire) : 
Epoque - Style : 
Lieu de création : 
Précisions sur le lieu d'exécution : 
Mehun-sur-Yèvre

Utilisation - Fonction - Destination : 
Précisions sur l'utilisation : 
Exploi technique

Inscriptions - Marques : 
signature ; estampille ; date

Précisions inscriptions : 
Sur le fond extérieur de la pièce :
Estampille au tampon et encre verte de la manufacture Pillivuyt : C P/ &C° ; à droite de l'estampille : 1905 (écrit à la main) ; En-dessous : Alph Lamarre et fils (signature des céramistes de la Spéciale), En-dessous, au troisième niveau, de biais dans l'espace restant : A. Monganaste (décorateur).

Collection : 
Nom du rédacteur de la notice :