982.3.1

81.65.2.22

Ce fragment de barbe, sectionnée juste sous la tête, est à mettre en relation avec une statue qui ornait la chapelle du château-résidence de Mehun. Cette barbe devait s'étaler plus bas que le cou, sur le vêtement du personnage, une composition qui se rapproche de la tête dite Dutar, conservée au département des sculptures du musée du Louvre et des têtes de Mehun et de Bourges. À rapprocher stylistiquement de deux des cinq prophètes conservés au musée du Berry à Bourges (Cher) et du “Beau-Dieu” de Nonette (Puy-de-Dôme).

Les traces rosées sur la barbe sont caractéristiques des incendies du château. Fragment d'une statue en pierre faisant partie d'un vaste ensemble retrouvé dans le comblement de la salle basse n° 6 de la résidence de Mehun.

vie religieuse

La chapelle qui renfermait cette figure était à l'image des idées et des valeurs du commanditaire : Jean de Berry, frère de Charles V. Implantée au-dessus de la porte d'entrée, elle était tout autant prophylactique qu'ostentatoire. La finesse des ciselures de cette barbe rappelle les personnages statufiés pour certain et, pour d'autres, peints sur les vitraux de la Sainte-Chapelle de Bourges, aujourd'hui conservés dans l'église basse de la cathédrale de Bourges. Les "cartons" étant attribués à André Beauneveu, nous pouvons rapprocher cette figure de pierre de l'atelier dit de Berry, lié au maître. Si le collège apostolique intérieur est relativement connu, voire décrit, les découvertes archéologiques confirment qu'un lourd programme iconographique (religieux, civil et héraldique) devait composer le décor de cette chapelle. Décor polychrome décliné sur les vitraux, les sols et les éléments statuaires.

Atelier Beauneveu (André), dit de Berry

L. 40.5 cm ; H. 17.5 cm ; l. 14.2 cm

Couloir d'accès dit salle basse n° 6. L'élément a été découvert dans les remblais révolutionnaires avec d'autres fragments associés à l'entrée et à la chapelle du château (statuaire, nervures de voûte, remplages et réseaux, fragments de moulures). La multiplicité et la fragmentation des débris montrent un acharnement des démolisseurs, même après la chute de la statue. Outre cette constatation, la fragmentation de la statue est également due, d'une part, à sa chute et, d'autre part, sous l'effet de l'écrasement de la démolition suivante. Les manques sont probablement des gros éléments envoyés au four à chaux (précisions de la démolition : 1796-1815).

1981

équipe du Groupe Historique et Archéologique de la région de Mehun-sur-Yèvre, dirigée par Patrick Delmarre (1981/82).

1385 après

La chapelle du château a été construite entre 1385 et 1396. Cette œuvre est à l'apogée du gothique rayonnant, elle émane certainement des tracés d'André Beauneveu (chroniques de Froissart). Ce fragment de statue devait faire partie du programme statuaire initial. Le château a été incendié au milieu du XVIe siècle, puis saccagé par les Huguenots, et démoli à la Révolution française. Ce fragment porte les stigmates de toute cette histoire.

2019.1.5