Culture

La collectionneuse

Tout comme ses contemporains en cette première moitié du XXe siècle, Julia Bartet se passionna pour les bibelots rares et exquis. Sa préférence pour les objets du XVIIIe siècle la conduisit à collectionner des éventails de nacre et de plumes, des miniatures et des boîtes à mouches, sans oublier un ensemble abondant de porcelaines de Saxe et de biscuits de Sèvres, dont certains sont actuellement conservés au musée Lambinet.

Elle rassembla également une collection de tableaux peints par ses contemporains : les paysages de Jean-Charles Cazin (1841-1901) ou René Billotte (1846-1914) côtoyaient les compositions florales de Madeleine Lemaire (1845-1928), dans un goût somme toute traditionnel. Mais la Divine possédait surtout des portraits d’elle, signés par ses amis et admirateurs en guise d’hommage ou d’affection, notamment un très beau pastel de Jacques Émile Blanche (1861-1942) conservé aujourd’hui au Château de Versailles.

Lorsqu’elle prit sa retraite au mois de décembre 1919, Julia Bartet décida de se consacrer à la peinture. Encouragée par ses amis Pascal Dagnan-Bouveret (1852-1929) et Marcel Baschet (1862-1941), elle fit de rapides progrès suivant l’enseignement d’Antony Troncet (1879-1939), peintre de la Société des artistes français. Assidue, elle travaillait à son chevalet tous les matins entre 9h30 et 12h et peignit une centaine de toiles en une quinzaine d’années, avant d’être contrainte d’arrêter en raison de sa santé délicate, en 1938.

Elle ne traita que des sujets féminins et conventionnels dans ses huiles et ses pastels : très sensible à la nature, elle peignit plusieurs bouquets, dont elle aimait être entourée en permanence. Elle représenta aussi plusieurs pièces de son appartement de la rue du Général Foy à Paris qui, selon Suzanne Bacqué, amie de Julia Bartet et deuxième légataire universelle, « se prêtait admirablement à ce rôle d’atelier ». Julia Bartet aimait enfin isoler bibelots et autres objets pour les peindre dans des natures mortes ou des compositions classiques et élégantes.

Ville de Versailles, musée Lambinet