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Dreux (28)

Musée d'art et d'histoire de Dreux

Bandeau d'illustration de l'espace WM : Musée d'art et d'histoire de Dreux
© Chantrenne Damien
© Chantrenne Damien
© Chantrenne Damien
Numéro d'inventaire : 
953.6.1

Autre(s) numéro(s) : 
117 (N° d'entrée)

Discipline(s) : 
Domaine(s) DMF : 
Dénomination : 

bloc de pierre

Titre : 

Pierre de la Bastille, 1789

Description : 
Construite au XIVe siècle, la Bastille est une forteresse dont la fonction initiale est militaire : elle protégeait en effet la Porte Saint-Antoine, un des accès à la capitale ménagés dans l'enceinte de Charles V, ainsi que les remparts de l'Est de Paris. À plusieurs occasions, durant la Guerre de Cent Ans, les guerres de Religion ou encore la Fronde, la Bastille fut assiégée et prise, ce qui remit en cause son efficacité défensive et stratégique. À compter de la fin du Moyen Âge, sa stricte affectation changea : elle fut utilisée occasionnellement comme lieu abritant le trésor royal, et régulièrement comme arsenal ou entrepôt d'armes ainsi que comme prison, cette dernière destination étant entérinée par le cardinal de Richelieu au XVIIe siècle. Elle fut alors notamment le lieu des incarcérations par lettres de cachet, lettres signées du roi ordonnant un emprisonnement sans jugement ; se développa autour d'elle une "légende noire" et elle devint ainsi le symbole de l'arbitraire judiciaire, ce qui en fit l'un des sites les plus honnis des Parisiens durant l'Ancien Régime, au même titre qu'une autre prison, le Grand Châtelet, et que le sinistre gibet de Montfaucon - aujourd'hui disparus. Pourtant, il semble que cette appréciation doive être relativisée : au XVIIIe siècle en effet, la fonction de prison d'État déclina, et y furent majoritairement enfermés des pamphlétaires, écrivains, intellectuels ou encore libertins, victimes de la censure (Voltaire y fit ainsi deux séjours, le marquis de Sade y passa plus de cinq ans...), dans des conditions assez "confortables".
Ce bâtiment inscrivait fortement l'autorité royale dans la topographie urbaine. Pourtant, lorsque les émeutiers parisiens la prirent d'assaut le 14 juillet 1789, ils cherchèrent avant tout à se procurer des armes et de la poudre. Cette action marqua le début de la Révolution française, dont la Bastille devint le symbole.
En réalité, dès le début des années 1780, le pouvoir souhaitait se débarrasser de cette prison dont l'entretien, notamment en termes de personnel, coûtait très cher au Trésor. Le ministre des finances de Louis XVI, Necker, avait déjà fait procéder en 1784 à la fermeture du donjon de Vincennes, pour des raisons similaires.
Dès le 15 juillet 1789, les travaux de démolition de la Bastille débutèrent ; ils furent confiés à un "entrepreneur de bâtiments", Jean-Pierre Palloy lequel, autoproclamé "Le Patriote", profita de ce chantier pour affirmer ses idéaux révolutionnaires, et pour s'enrichir. La démolition mobilisa au total plus de 1200 ouvriers, et fut complètement achevée en juillet 1790. Les pierres de l'ancienne prison connurent alors des destins variés : elles servirent de matériau de construction (Pont de la Concorde), mais furent aussi vendues telles quelles comme souvenirs dans tout les départements du pays, agrémentées d'une gravure stipulant leur provenance (et portant parfois la signature de Palloy), ou bien encore furent transformées en maquettes de la Bastille - elles aussi destinées à la vente. Palloy se fit également construire, avec ces pierres, deux résidences personnelles. Après avoir été proclamé "héros de la Révolution", été chargé de travaux d'aménagement au donjon du Temple avant l'emprisonnement de Louis XVI et de sa famille, Palloy fut condamné en 1793, après enquête pour détournement de fonds et prévarication sur le chantier de la Bastille, à plusieurs mois de prison. Nathalie Pineau-Farge.

Matières et techniques : 

calcaire blanc

Mesures : 

H. 6 cm, l. 14 cm, L. 14 cm