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Œuvre : Précisions - Mon frère | Espace WebMuséo Musenor

Statut de l'oeuvre : 
N° d'inventaire : 
900.1.1

Domaine : 
Auteur(s) : 
CLAUDEL Camille (sculpteur)
Titre : 
Mon frère

Genèse de l'oeuvre : 
Buste
Lieux création, exécution : 
Date de création ou d'exécution : 
1886
Techniques et matériaux : 
Buste en bronze

Dimensions : 
Hauteur en cm : 50
Largeur en cm : 43
Profondeur en cm : 25
Hauteur du socle en cm : 118
Largeur du socle en cm : 51
Profondeur du socle en cm : 39,5

Description : 
Mon frère
Le retour de Mon frère (cat.1) au musée des beaux arts de Tourcoing est a l'occasion d'étudier une oeuvre capitale de Camille Claudel. Les bustes forment une part importante du travail de l'artiste qui trouve ses sujets parmi sa famille ou ses proches comme en témoignent les bustes e Louise et Ferdinand de Massary ( cat.D), d'auguste Rodin ou de Jessie Lipscomb (3). Mais Paul sera l'un des modèle privilégiés. Ces portraits marquerons l'oeuvre comme autant d'étapes vers la maturité de Paul et conjointement de l'oeuvre de Camille. de 1881 à 1910, l'artiste représentera son frère à treize, seize, dix-huit, vingt, trente-sept et quarante-deux ans, toujours en buste et exceptionnellement au pastel en 1888 (cat.2). Comme le rappelle Bruno Gaudichon dans ce dossier, quatre directions sont à envisager dans l'oeuvres de l'artiste : le naturalisme, l'anecdotisme, la tradition, la théâtralité (4). Le buste de Paul à 13 ans (cat.3) et mon frère font références à l'antique et sont le Buste par un goût le théâtre.
Le Buste de Paul à 13 ans, conservé à Châteauroux est un bronze signé ; il est posé sur un socle de marbre rouge, tel un portait républicain romain. mais il s'agit d'un e enfant au visage rond, au front large et dégagé. Le regard presque adulte est perçant ; le caractère noble du jeune enfant est affirmé par une posture droite. Les épaules sont recouvertes d'une tunique sous une toge. Le visage ne trahit aucun sentiments anecdotiques : ni sourire ni tristesse, pas de moue boudeuse. Les lignes sont douces, mais fermes et s'articulent selon une structure rigoureuse. le rendu de la tunique s'oppose au modelé du visage par le travail plus accusé qui dissimule partiellement le corps. la toge, jetée sur l'épaule droite, permet de ménager des creux et des arrêts simulant les plis, accroche la lumière sur la sculpture et le bronze en particulier. L'harmonie du visage et du torse se traduit par un effet plastique habille : l'épaule gauche souligne la rondeur du membre qui permet un subtil mouvement de ligne, la courbe d'un côté, la pointe en saillie de le toge de l'autre.
La puissance de cette effigie nous paraît d'autant plus impressionnante que Camille Claudel semble anticiper l'avenir de l'enfant. Présenté théâtralement à la façon d'un fils de dignitaire romain, Paul Claudel ne sera-t-il pas lui-même plus tard diplomate et homme de théâtre ?
En 1882n Camille est à Paris où, avec d'autres femmes artistes, elle exerce dans un atelier, rue Notre-Dame-des-Champs. Chaque vendredi, Alfred Boucher, le sculpteur, vient leur donner des conseils et les corrige. Celui-ci obtenant le Prix du Salon se rend deux années à Florence et se fait remplacer par Auguste Rodin. Le sculpteur est immédiatement frappé par la solidité et la netteté du travail de Camille, admirant tout particulièrement ce portrait de Paul enfant (5). c'est sans doute en 1884 que Camille Claudel travaille sur Mon frère. Cette oeuvre, des plus difficile à dater, est l'une des premières sculptures de l'artiste présentée officiellement. En effet un certain nombre de bronzes sont tirés du plâtre original non localisé, daté probablement de 1884. Il représente Paul à seize ans . Il semble Alphonse de Rothschild est celui donné en 1899 au Musée de Toulon. un second tirage daté de 1885 est celui qui est présenté au salon des Artistes Français en 1887, sous le n°3779 et qui était la propriété de la baronne Nathaniel de Rothschild. Une gravure d'Henri Dumont (cat.4), parue dans l'art et accompagnement le compte rendu de Paul Leroi sur le "Salon de 1887", le représenté (6). En 1897, le Baron Alphonse de Rothschild en fait don au musée Calvet d'Avignon, par l'intermédiaire de Paul Leroi sous condition d'exposition permanente (7). Le musée de Tourcoing reçoit en donation un troisième exemplaire en 1900 par le Baron Alphonse de Rothschild. Il le plâtre d'origine est sans doute retouché ; de cette seconde version est tirée une nouvelle série de bronze à peine différents de l'original et présente ainsi Paul à dix-huit ans. Selon ,Mathias Morhardt et souligné par Bruno Gaudichon, Camille de ce buste" plusieurs fois repris"; " l'épreuve en plâtre teinté (cat.5) peut être envisagée comme l'une de ces reprises, réactualisation en 1886 du buste de 1884 et représentation e Paul dans sa dix-huitième année. La différence de détails décelable entre les deux oeuvres ( le travail de la chevelure notamment) s'explique ainsi" (9).
Dans Le soulier de satin de Paul Claudel, Dom Camille dit à Dom Rodrigue :où que vous alliez désormais, vous ne pouvez plus empêcher que mon souvenir ne soit allié à votre réflexion"(10). Paul écrit encore en août 1930 dans son journal; " le lendemain Camille à Montdevergues, vieille, vieille. Le musée Calvet, mon buste enfant" (11). Paul est confronté au passé; quarante-six ans plus tôt, Camille modelait le buste e son frère aîné, vêtu d'une tunique fluide reposant sur ses épaules. L'oeuvre est d'avoir dénudé de dos. Nous songeons à un jeune éphèbe, mais le caractère hiératique du personnage force le respect, l'admiration, comme s'il s'agissait d'un portrait officiel. c'est un peu d'elle-même que Camille reproduit : elle traduit, transpose un visage, lui inflige les traces de son propre être. Paul est son frère, les liens qui les unissent, l'affection mutuelle, la conduisent à une vision subjective. La ressemblance d'un visage, sa présence ne se limite pas à la représentation fidèle es volumes et des lignes qui le composent ni même à celle de son expression singulière. Paul n'est pas un masque ni un simple objet modèle.
Le modèle du buste est net, la composition est close sortant de la masse animée du demi-torse, la tête campée sur un cou noble se dresse majestueusement. Le dessin du visage est régulier, les volumes harmonieux. Le traitement du torse est moins classique bien qu'assez proche de la "manière hellénistique" : le vêtement "colle" un corps jeune et robuste, mais cependant ne le dévoile pas. L'artiste ne reproduit pas d'une façon naturaliste les plis, elle les interprète en lissant même des parties non modelées. Nous sentons la main de Camille repoussant la matière l'acte de sculpter, l(empreinte de l'artiste : tout n'est que tension, dynamisme et mouvement.
Aux côtés de Rodin, Camille s'affirme et développe un art personnel. Les in influences du maître, ses appréciations sont d'un grand recours pour l'artiste ; le couple qui se crée s'unit par l'art. ils ont un moyen d'expression commun : la sculpture. Ils y mettent la même énergie, mais les solutions apportées aux problèmes plastiques sont différentes. Certes il y de le puissance, de la matière, une force peu commune et une communion d'esprit évidente. Peut-on pour autant affirmer qu'ils se sont copiés, observés jalousement ? La carrière des artistes offre une grande variété d'oeuvres. Nous ne pouvons comparer Mon frère de Camille au Buste e Madame Vicuma oeuvre, datant de 1885 et conservé au Musée des beaux arts de Lille. Mon frère n'en est pas pour autant une oeuvre isolée dans le XIXe siècle. Camille s'est résolument tournée vers le passé : outre la sculpture de l'antiquité romaine, Camille connaît ou s' est visiblement intéressée à la sculpture florentine. en 1880, Rodin reçoit la commande de la "porte e l'enfer" : il s'oriente presque aussitôt vers la solution apportée par Lorenzo Ghiberti (Florence), 1378 - id.1455) pour les portes du baptistère Santa Maria del Fiore à Florence. Lorsqu'il rencontre Camille en 1883, il a déjà changé d'orientation, mais il est possible qu'au contact du maître, elle ait pu prendre connaissance de l'oeuvre de Ghiberti. Quelques visages des prophètes de la porte du paradis ont en commun avec Mon frère , outre le jeune âge ces personnages, l'équilibre entre l'observation d'après nature et idéalisation des traits (cat.* 6 et 7). Chaque volume est pur, le regard orienté vers le spectateur est vif : les pupilles sont creux, mais la vie de ces personnages est toute à l'intérieur. Cette intériorisation des sentiments est la même pour Mon frère; la réflexion fait la place à l'exaltation. Nous ne pouvons nous empêcher de penser que deux années après la réalisation de Mon frère, Paul se convertit en 1886 au catholicisme et dès lors, le spirituel orientera sa vie. Comment aussi ne pas faire référence à Donatello. le Museo nazionale del bargello de Florence possède un Saint-Georges (cat. 8). Le buste de ce Saint-Georges et Mon frère ont une composition l'oeuvre de Camille : l'aspect calme et contenu du visage, les lèvres nettes, fierté et franchise définissent le caractère. Curieuse aussi est la ressemblance avec le Buste de jeune homme au camée attribué au pseudo Donatello (cat.9) : la facture en est proche, mais rien ne nous permet d'affirmer que Camille connaissait cette oeuvre conservée à Florence. en effet, on sait qu'elle ne s'y est jamais rendue; sa biographie ne mentionne aucun voyage en Italie. Toutefois elle fréquentait les musées parisiens avec intérêt et y admirait particulièrement la sculpture hellénique du Musée du Louvre (12).
Camille Claudel est une artiste du XIXe siècle, siècle e l'éclectisme et de la référence à l'histoire : le Néo-classicisme ou le Romantisme touchent au passé. Les salons officiels sont "habités" d'oeuvres d'après l'Antique. Nous sommes bien obligés de croire que, vivant à cette époque, elle n'ait pu être influencée. Le peu qu'elle fréquenté les salons doit tout de même orienter ses choix, qu'ils soient positifs ou négatifs vis-à-vis de la production contemporaine. Il est intéressant de noter que le découvreur de Camille est Alfred Boucher. Celui-ci était élève de Paul Dubois, arrière petit neveu de Pigalle, directeur de l'École des Beaux-arts et chef de file des "'Florentins", groupe de sculpteur s'étant mis à l'école des premiers grand Toscans. Paul Dubois séjourne à Florence de 1859 à 1863 et le groupe des "Néo-Florentins" redécouvre à sa suite Donatello, Verrochio, Mino de Fiesole. Ils produisent alors une sculpture s'élevant contre l'idéal néo-classique... s'éloignant ainsi "des chef-d'oeuvre de l'Antiquité, source et type éternel du grand art" (13). La commission de contrôle de l'École de Rome dénonçait aussi "le style pittoresque qui ne convient pas aux études sérieuses qu'on va faire à Rome" (14). Alfred Boucher se rend, quand à lui, à Florence, à ses frais, attiré par le style florentin, malgré le règlement de 1872 de l'École de Rome qui proscrivait rigoureusement les sujets modernes de types naturaliste et réaliste. on imagine alors très bien l'orientation qu'il donnera aux cours que suivait Camille. L'indépendance d'Alfred Boucher est évidente. En 1900, il fonde de la Ruche qui recevra, entre autres, Chagall, Soutine, Modigliani, Archipenko, Zadkine, Czaky, Lipchitz et léger (15). c'est aux côtés de cet esprit moderne que l'art de Camille prend corps. Le thème du buste antique ou renaissant comme le Buste de Paul à 13 ans et Mon frère peuvent alors s'inclure dans le courant du XIXe siècle comme des oeuvres de grande qualité. En 1905, Camille réalise un nouveau buste de son frère, Buste de Paul Claudel à 37 ans (cat.10), édité selon Paul Claudel à six exemplaires en bronze, par les soins de M.Henry Lérolle" (14). Il a alors trente-sept ans. D'après Bruno Gaudichon, le plâtre d'origine est retouché en 1910 ; les corrections apportées sont importantes (16). Il représenterait Paul Claudel à 42 ans (cat.11). Elle choisit en 1905 le principe du buste à l'italienne, c'est-à-dire coupé sous les épaules (17). La structure est la même que celle de Mon frère, mais l'esprit plus moderne. Camille abandonne le costume à la romaine, présente Paul torse-nu et s'oriente vers un naturalisme plus poussé La poitrine se dessine à peine ébauchée dans la matière, mais les articulations anatomiques restent lisibles. Sur le plâtres de 1910, la matière semble envahir la poitrine ne laissant que la tête travaillée sans doute réemployée. Méthode proche de Rodin qui n'hésitait pas à rassembler divers morceaux de sculpture pour en former des nouvelles. Bruno Gaudichon donne comme descendance au buste de 1905 le figuratif classique de la première moitié du XXe siècle (18). En 1905, Camille expose quelques pièces avec d'autres artistes chez son ami éditeur et fondeur Eugène Blot. Gustave Kahn, critique d'art du journal le siècle, ne manque pas d'admirer à cette occasion le travail de l'artiste : " la verve tempérée de grâce qui caractérise l'exécution (...), c'est de la sculpture la plus neuve, la plus informée et la plus sincère" (19). Cette critique est valable pour Mon frère, oeuvre sobre en apparence, mais habitée, mouvante, qui finit par s'imposer dans le lieu où elle est exposée. c'est Paul Claudel qui, à plusieurs reprises, pose, observée. scruté par sa soeur. Il n'est pas alors un simple modèle figé dans le temps... mais l'image bien réelle d'un sentiment complexe unissant deux êtres, l'actes de créer devient intime. (Thierry Salomé, in Camille Claudel, Dossier 3, Dossier du Musée de Tourcoing, pp. 21-37)

Mode d'acquisition : 
Date d'acquisition : 
1900
Ancienne(s) appartenance(s) : 
Collection privée, ROTSCHILD M. le Baron de

Inscriptions : 
signature
étiquette
Précisions sur les inscriptions : 
bras gauche, Camille Claudel
Français, Socle, MON FRERE
Melle Camille CLAUDEL
Don de Mr le Baron A. de ROTHSCHILD
18

Mots-clés musée : 
Bibliographie : 
1990, Tourcoing, Musée des Beaux-Arts,

Date de dernière modification : 
8 décembre 2023 16:10 Europe centrale/Paris (ECT) +01:00
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