M.P.D.336

La Cène

Œuvre réalisée sur commande de la Direction des Bâtiments du Roi pour la Manufacture des Gobelins.

Louvre INV.7443 B 959 A

peinture à l'huile ; toile

Hauteur en m : 3,90 Largeur en m : 7,20

"Dans une grande salle éclairée par une lampe à quatorze becs, suspendue au plafond, Jésus, entouré des douze apôtres, institue l'Eucharistie ; placé à l'extrémité du triclinium, ayant au-dessus de lui les tables de la loi, il tient d'une main le calice dont il consacre le vin, et de l'autre il consacre le pain. A sa gauche on voit saint Jean dont la tête se penche vers l'épaule de son maître. Les autres apôtres, à demi couchés, sont attentifs et respectueux en écoutant la parole de Jésus. En avant, à l'angle de la table, à gauche, Judas, aux cheveux roux, assis de profil, ne participe pas au sentiment général ; de la main droite, il cache dans l'ombre la bourse qui est le prix de sa trahison. En avant, un serviteur agenouillé porte une hydrie ; à droite et à gauche, d'autres serviteurs sont occupés à servir et à desservir la table" (Cat. musée Amiens, 1899, pp. 100-101).

Cette vaste composition est un carton de tapisserie commandé initialement à Jean-Baptiste Jouvenet en 1711 pour compléter la "Tenture du Nouveau Testament". Avant sa mort en 1717, Jouvenet avait déjà livré quatre cartons pour cet ensemble qui devait comporter huit pièces. Le carton de "La Cène", inachevé, est repris et terminé par son neveu, Jean Restout. D'après Christine Gouzi, "Jouvenet s'inspira certainement d'un de ses tableaux exposé au Salon de 1704 et aujourd'hui perdu. On connaît néanmoins cette composition de 1704 grâce à un dessin préparatoire conservé à Leipzig et à plusieurs copies de l'oeuvre". La comparaison de ce dessin avec la photographie de la peinture perdue et de la tapisserie du Mobilier National semble montrer une grande fidélité de la part du Restout vis-à-vis de la composition initiale de Jouvenet (il l'a peu modifiée, si ce n'est par l'ajout de figures latérales). Restout poursuivra et terminera la Tenture du Nouveau Testament. Le tableau est acheté en décembre 1725 par la Direction des bâtiments du Roi (Gouzi, 2000, pp. 202-203). Quatre tentures ont été réalisées à partir du carton : une fabriquée entre 1715 et 1729 et donnée au roi de Prusse Frédéric-Guillaume Ier en 1736 par Marie Leszczynska ; une fabriquée de 1720 à 1744, donnée par Napoléon III à la cathédrale de Viviers puis volée en 1974 ; une tisée entre 1753 et 1760 et qui aurait été conservée à Paris au Mobilier National ; enfin, un autre exemplaire tissé en 1753-1754 aurait été donné au Pape Pie VII par Napoléon Ier (Gouzi, 2000, p. 202-203). "Les quatre pièces du Nouveau Testament, d'après Jouvenet, existent encore à l'Académie des Beaux-Arts, à Saint-Pétersbourg" (Fenaille, 1903, p. 383). L’œuvre est signalée par une inscription manuscrite sur l'inventaire et sur d'anciens catalogues du musée, ainsi que sur l'ancienne fiche "tapuscrite" comme ayant été détruite pendant le bombardement de la nuit du 28 mars 1918 par une torpille qui éventra l'aile droite du musée de Picardie (Cat. musée Amiens, 1928, p. 8). Elle a fait l'objet d'un dépôt de plainte en 2015.

Cat. musée Amiens, 1899, n°245, pp. 100-101 Cat. musée Amiens, 1911, n°297, p. 69 Cat. musée Amiens, 1928, p. 8 Cat. som. Louvre V, 1986, p. 325 ENGERAND Fernand, Inventaire des tableaux commandés et achetés par la Direction des Bâtiments du Roi (1709-1792), Paris, Ernest Leroux, 1900, p. 414 FENAILLE Maurice, Etat général des tapisseries de la Manufacture des Gobelins depuis son origine jusqu'à nos jours, 1600-1900, Paris, Imprimerie nationale, 1903, p. 383 GOUZI Christine, Jean Restout (1692-1768) : peintre d'histoire à Paris, Paris, Arthena, 2000, pp. 202-203 LOIRE S., "Les tableaux de Jean Jouvenet pour Saint-Martin-des-Champs", Musée des Arts et Métiers. La Revue, n° 28/29, mars 2000, pp. 69-76 Source(s) : Archives du musée de Picardie à Amiens, dossier d'oeuvre Base Arcade (Réf : AR010303), Arch. Nat. F/21/4500/B Base Arcade (Réf : AR008385), Arch. Nat. F/21/454 Base Sherlock