Œuvre : Précisions - Immaculée Conception ; triptyque | Espace WebMuséo Musenor |
Musée :
Statut de l'oeuvre :
N° d'inventaire :
23
Domaine :
Titre :
Immaculée Conception ; triptyque
Lieux création, exécution :
Date de création ou d'exécution :
1526
Techniques et matériaux :
Huile sur bois
Dimensions :
Hauteur des volets en cm : 333
Largeur des volets en cm : 113
Profondeur en cm. : 6
Largeur des volets en cm : 113
Profondeur en cm. : 6
Description :
La face interne des volets, qui encadraient une partie centrale disparue, réunit une assemblée decclésiastiques et de théologiens présentant la doctrine de lImmaculée Conception. La face externe est peinte en grisaille : sur le volet gauche, Sainte Anne distribuant des aumônes ; sur le volet droit, lOffrande refusée. Les visages de certains personnages sont peints en couleur chair (sur le volet gauche, Anne, Judith et les mendiants ; sur le volet droit, le personnage à gauche du grand prêtre).
La face interne des volets représente une assemblée decclésiastiques et de théologiens défendant avec animation la doctrine de lImmaculée Conception, à laquelle se rapportent toutes les inscriptions des phylactères, livres et cartouches. Cette assemblée, à laquelle est associée la famille des donateurs au premier plan du volet droit, occupe les parties latérales dune vaste église en partie gothique, en partie de style renaissant.
Sur le volet gauche, trois docteurs de lEglise : saint Jérôme, saint Ambroise et saint Augustin, sont assis en demi-cercle sur les marches dun trône monumental où siège un pape. Le cartouche suspendu au-dessus de sa tête, et où figure un extrait de la bulle Grave Nimis (1483), permet didentifier ce pape avec Sixte IV. Sa position privilégiée dans la composition saccorde avec le rôle décisif quil a joué dans la controverse sur lImmaculée Conception à laquelle le concile de Bâle avait déjà tenté de mettre fin au début du XIVe siècle. Sixte IV est tourné vers saint Augustin mais son geste du bras gauche semble en fait désigner les trois docteurs réunis à ses pieds comme les autorités qui fondent la légitimité de sa position. La disposition des personnages répondrait donc à une exigence purement didactique, subordonnant les trois docteurs au pape franciscain comme les arguments le sont à la thèse. Coiffé dune tiare pontificale, Sixte IV porte une tunique rouge sous une chape de brocart et tient de sa main droite gantée de bleu une grande croix à triple branche où est représenté le Christ crucifié. A droite du trône, et se tournant vers le pape, lévêque dHippone tient dans ses mains gantées de bleu un cur flamboyant et sa crosse dont le nud est orné de nus virils sous des arcades surmontés de prophètes (?). Sa chape de brocart est retenue par une agrafe quadrilobée représentant le combat de saint Michel contre le dragon. Lagrafe est encadrée par deux orfrois où sont figurés saint Paul s'appuyant sur une épée et saint Simon tenant une scie. Linscription du phylactère enroulé au bâton cantoral dAugustin, extraite dun texte dont linterprétation a longtemps divisé maculistes et immaculistes, vient ici appuyer la doctrine pontificale. Au dialogue de Sixte IV avec saint Augustin répond au premier plan celui de saint Jérôme avec saint Ambroise. Saint Jérôme, imberbe et tonsuré, porte lhabit cardinalice sur une tunique aux manches bleues doublées de fourrure. Il tient dans sa main gauche une croix orfévrée à deux branches ornée dune Vierge à lEnfant surmontée du Christ crucifié. Son lion est couché à ses pieds. Le docteur accompagne ses paroles, inscrites sur le phylactère dont il tient lextrémité dans la main gauche, dun geste de lindex pointé vers le pape Sixte IV. La tête tournée vers Jérôme, saint Ambroise se tient de face, tenant de sa main droite un livre posé sur ses genoux et dont les pages sont tournées vers le spectateur. Evêque de Milan, Ambroise est vêtu dune chape bleue au revers rose et porte les attributs épiscopaux : la crosse, la mitre et lanneau, ainsi quun fouet quil tient de sa main gantée de rouge. Sa crosse est ornée dun Homme de Douleurs (?) surmonté danges harpistes. Sur les orfrois de sa chape figurent à gauche : une Vierge à lenfant et saint Jean-Baptiste et à droite saint Pierre, saint Paul et saint Thomas tenant une équerre. Lagrafe de sa chape représente une Trinité. Les deux inscriptions sur le phylactère de saint Jérôme et sur les pages du livre de saint Ambroise se font écho. Toutes deux se rapportent en fait à la conception virginale du Christ (« conception active ») mais suggèrent quelle implique labsolue pureté de la Vierge (« conception passive »). Les ornements historiés de la crosse et de la croix comme les orfrois soulignent quant à eux le lien entre la maternité virginale et la rédemption garantie par le sacrifice christique et mettent ainsi laccent sur la coopération de la Vierge à luvre du Salut. Au second plan, à gauche du trône, se trouvent dautres prélats à la tête desquels se tiennent deux évêques. Lun désigne le pape dun geste de lindex ; lautre, montré de profil, doit représenter saint Jean Chrysostome comme le précise linscription du phylactère enroulé autour de son bras. Le texte du patriarche de Constantinople fait intervenir un argument embryologique qui implique lImmaculée Conception de la Vierge (Comme la chair du Christ se mêle à celle de sa mère lors de sa conception, la Vierge a été nécessairement affranchie du péché originel).
Le trône de Sixte IV est abrité sous un édicule dont les arcades sont soutenues par quatre piles fasciculées. A gauche, le chapiteau de la pile est surmonté de deux statuettes placées dans une niche. Lune tient un livre ouvert et tourne la tête vers la gauche où se trouve une autre figure féminine. Il sagit probablement de sibylles, à qui on attribue diverses prophéties relatives à la naissance du Christ. Au-dessus de la corniche, près dun pinacle dangle ajouré, sont assis plusieurs putti ; deux autres montrent leurs têtes dans les ouvertures du décor de couronnement, et un dernier putto est à demi caché dans les rinceaux de lécoinçon. A gauche, sur une tribune découverte qui sépare le premier plan du chur dont on aperçoit les fenêtres hautes et une partie du voûtement, se tiennent cinq autres personnages parmi lesquels un évêque et un religieux oriental désignant lassemblée de son bras droit. A droite, la galerie haute est occupée par dautres religieux entourant deux évêques en discussion devant un livre ouvert. A. CAHIER propose didentifier certains personnages placés derrière Jean Chrysostome et sur la tribune à droite avec des promoteurs reconnus du courant immaculiste, mais rien ne permet objectivement de vérifier cette conjecture. Par contre, la présence de religieux en vêtements orientaux en divers endroits de la composition souligne sans aucun doute laccord des Eglises occidentale et orientale au sujet de la doctrine de lImmaculée Conception. La courbe ascendante reliant saint Chrysostome à Sixte IV traduit la continuité idéologique de la tradition menant à la position pontificale. Sixte IV semble ainsi orchestrer les voix concordantes des diverses autorités au sein dune Eglise parfaitement pacifiée, dautant quen sont soigneusement exclues les figures appartenant à la tendance maculiste.
Au premier plan du volet droit, la famille du donateur présentée par un ange, se tient à genoux, les mains jointes en oraison. Jehan Pottier est vêtu dun long manteau doublé de fourrure et aux manches évasées doù sortent les manches de sa tunique brune. Sa femme, Marguerite Muret, se tient derrière lui, la tête couverte dune coiffe et vêtue dun manteau doublé de fourrure ; à son poignet pend un chapelet. Le couple est accompagné de ses trois enfants : Jehan Pottier le jeune, en chemise blanche à col brodé, tunique rouge et manteau de fourrure ; Marguerite, la jeune fille décédée en 1521, vêtue comme sa mère, et Catherine, la plus jeune, en surcot rouge serré à la taille par une ceinture ; un petit chien est couché aux pieds de la famille. A droite, vêtu dune dalmatique de brocart, lange blond aux ailes déployées fléchit le genou en présentant les donateurs de la main droite. Son regard est tourné vers le spectateur et il tient de la main gauche une tablette posée sur son genou. Linscription qui sy trouve est extraite de la fin de la seconde homélie de saint Bernard sur Missus Est : « Si, troublé par lénormité de tes fautes, accablé par la souillure de ta conscience, épouvanté par lhorreur du jugement, tu commences à sombrer dans le gouffre de la tristesse et dans labîme du désespoir, pense à Marie. Dans les dangers, les angoisses, les doutes, invoque Marie. » Placée au tout premier plan, aisément lisible par le spectateur, cette exhortation à la dévotion mariale rappelle aussi la fonction votive quassumait ce retable pour la famille de la défunte.
Derrière les donateurs, se tiennent deux religieux qui désignent le panneau central du même geste de lindex : un franciscain, portant une image de la ville de Douai avec son hôtel de ville et son beffroi, se tourne vers le dominicain qui sappuie sur son bâton. Selon CAHIER, ils symboliseraient les représentants douaisiens de ces deux ordres, la place du franciscain sexpliquant selon lui par le fait que ce sont les frères mineurs qui auraient établi à Douai la dévotion à lImmaculée Conception. Cette prééminence franciscaine, tout à fait naturelle du fait de la destination du retable, est aussi justifiée par le rôle que lordre a joué dans la défense de lImmaculée Conception. La citation inscrite sur le phylactère est habilement détournée pour constituer un hommage à la ville de Douai, identifiée avec la « cité sainte » (Jérusalem ?) pour la dévotion dont elle honore la Vierge. La présence du dominicain auprès du franciscain est particulièrement significative quand on sait la résistance que les frères prêcheurs ont opposé à lImmaculée Conception. La citation de saint Thomas, en contradiction manifeste avec lensemble de ses textes sur le sujet, vient non sans ironie donner raison aux fransiscains.
Lassemblée du volet gauche est complétée par celle qui est rassemblée sous un portique au second plan du volet droit. Comme lindique linscription suspendue à lintrados de larc, elle réunit essentiellement des théologiens de la Sorbonne, dont la Faculté de théologie se rallia à la position pontificale en décrétant que lobtention des grades académiques serait désormais conditionnée par une adhésion à la doctrine de lImmaculée Conception (3 mars 1497). Au premier rang, le personnage mitré désignant le panneau central dun geste du bras et présentant un livre ouvert posé sur le parapet nest autre que saint Bonaventure. Son surnom : (Doctor) Seraphicus était autrefois visible sur la page du livre. Il porte sous sa chape de brocart lhabit franciscain : une robe grise nouée à la ceinture par une cordelette. Il se tourne vers un second personnage, coiffé dun bonnet à oreillettes et vêtu dun manteau brun, qui se penche vers lui en posant la main sur son épaule. Le phylactère que celui-ci tient dans la main droite permet de lidentifier avec Pierre Lombard ; à sa gauche, un autre franciscain, sans doute Duns Scot, désigne une feuille exposée sur le pilier de larcade, comme on suspendait autrefois les thèses de théologie. A droite de Pierre Lombard, on aperçoit un autre dominicain ; et derrière les docteurs, dautres têtes de personnages non identifiables. A gauche, sous larcade latérale, un roi, en manteau de pourpre et tenant un sceptre, désigne le panneau central en se retournant vers deux autres personnages, quon a parfois identifiés avec des prophètes.
Le portique où sont réunis les théologiens se distingue de larchitecture encore gothique du volet gauche par son décor à litalienne : piliers à grotesques, chapiteaux ornées de mascarons et de feuilles dacanthes, corniches décorées darabesques et de putti. Le pilier central est surmonté dune niche qui abrite un prophète (Isaïe ?) tenant un phylactère. Cette figure fait visiblement pendant aux sibylles du volet gauche. A larrière-plan gauche, est peinte une vue de Douai où on peut reconnaître, à côté dune tour et de quelques clochers, lhôtel de ville et son beffroi.
Mis en relief par leur position symétrique sur chacun des volets, le pape et le corps de la faculté de théologie parisienne conduit par saint Bonaventure apparaissent comme les promoteurs institutionnels de la doctrine à laquelle se rallie le couvent franciscain de Douai figuré par le religieux du volet droit. Récapitulant en quelque sorte lhistoire de lImmaculée Conception, ces panneaux rendent compte aussi de lactualité locale de cette question. E. MALE estime que le programme de ces volets, quil compare à la Dispute du saint Sacrement de Raphaël, est trop complexe pour pouvoir être attribué au seul peintre. Il aurait été conçu par un religieux qui aurait emprunté les diverses citations disséminées sur les panneaux à quelque traité publié à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle. Le retable témoignerait ainsi « de lesprit de la chrétienté au moment même où la Réforme éclatait ». Pour R. GENAILLE, il trahirait les préoccupations du milieu monastique douaisien à lépoque où le culte marial est lobjet des critiques dErasme puis de Luther.
Au revers des volets, les grisailles représentent des épisodes de la vie de sainte Anne, prélude fréquent des retables dédiés à la Vierge et en particulier à lImmaculée Conception. Le récit de la maternité miraculeuse dAnne introduit tout naturellement la composition didactique du retable.
Le volet droit est consacré à l'Offrande refusée. Joachim, le mari dAnne, se tient à droite devant lautel où il a déposé loffrande dun agneau. Vêtu dune longue tunique et dun manteau à manches courtes et évasées, il porte la main droite à son cur, protestant humblement de sa bonne foi devant laccusation lancée par le pharisien Ruben qui lui fait face. Celui-ci est montré de profil, fixant son adversaire avec mépris. Il tient de la main gauche un bâton (insigne de pouvoir ?) et relève le bas de sa tunique sur sa jambe droite tendue. Coiffé dune toque, il porte un pourpoint serré à la taille par une ceinture où pend une grande bourse. De lautre côté de lautel, sous un dais circulaire, le grand prêtre Issachar repousse lagneau de la main gauche en soulignant son refus dun geste de la main droite. Coiffé dune tiare (?), il porte une tunique et un manteau à col dentelé. A son cou pend une chaîne ornée dun médaillon circulaire. Le prêtre est encadré par deux personnages placés symétriquement derrière les colonnes de part et dautre de lautel. Celui de droite aux cheveux blonds et frisés, loreille percée dun anneau, porte dans ses bras un chevreau et regarde le spectateur avec un sourire narquois. Celui de gauche observe au contraire la scène avec gravité, en sappuyant à la colonne. Son visage se détache des autres par sa couleur chair plus marquée. Le peintre a visiblement cherché à renforcer lopposition symbolique entre Joachim et Ruben en plaçant de lautre côté de lautel deux figures qui leur répondent par leurs attitudes antagonistes. Derrière le second, on aperçoit les têtes de deux personnages coiffés à lorientale et à sa droite, un troisième homme coiffé dun bonnet se tourne vers le spectateur. Le porteur de chevreau est accompagné dun personnage à capuchon qui sadresse à lui dun geste de lindex ; à lextrême droite, un autre personnage se tient dans lombre. Le prêtre et le groupe des pharisiens se tiennent sous un édicule à arcade dont les colonnes prennent appui sur les coins extérieurs de lautel. Lextrados de larc est orné darabesques habitées par un putto nu et aptère ; à la retombée de larc, un autre putto ailé et vêtu à lantique enlace une colonnette. Le rampant du fronton est orné darabesques et dun dragon. Le décor architectural, figuration fantaisiste du temple, épouse les formes chantournées du cadre du volet.
Au premier plan du volet droit, sous une arcade, sainte Anne accompagnée de sa servante Judith, distribue des aumônes. La chevelure dissimulée sous un long voile, Anne est vêtue dune robe serrée à la taille par une ceinture et couverte dun manteau. Judith savance derrière elle, portant à deux mains un lourd panier rempli de pains. A gauche, sapprochent des mendiants et des pèlerins dont les expressions pathétiques contrastent par leur réalisme avec les figures idéalisées des deux femmes. Au premier plan, une vieille femme tend son chapeau dans lequel Anne glisse une pièce dargent. Elle est montrée de profil, la tête couverte dun voile et vêtue dune robe en haillons. A sa ceinture pendent une bourse et un couteau (?). Elle tient par la main son enfant qui, un panier vide sous le bras et un moulinet à la main, se tourne vivement vers le spectateur. A gauche de la femme, un vieillard édenté se tient appuyé sur ses béquilles et tend la main vers le pain que lui offre Anne. Coiffé dun bonnet à oreillettes, il est vêtu dune tunique à la ceinture de laquelle pendent une cuiller en bois et une écuelle. Il est accompagné de sa femme enveloppée dans son manteau, et qui remercie Anne en joignant les mains. Derrière elle, apparaissent la tête dune femme couverte dun voile et celles de deux pèlerins reconnaissables à leurs bourdons. Les deux scènes représentées à larrière-plan annoncent directement la naissance de la Vierge : à droite, larchange Gabriel apparaît à sainte Anne dans sa chambre et lappelle dun geste du bras à rejoindre son mari. Les deux personnages se tiennent de part et dautre de la colonne dune baie jumelée surmontée dun arc en accolade encadré de deux médaillons. La façade est couronnée dun fronton au tympan trilobé. A gauche, devant la porte dorée, Joachim étreint sa femme. Larcade sous laquelle se trouvent Anne et Judith supporte une corniche couronnée par les armes de la famille Pottier. Deux mascarons ailés tenant des guirlandes ornent la retombée et le sommet de larc.
Blason. Au sommet du volet gauche (face externe), sont représentées les armes de la famille Pottier de Douai : Ecu dazur à une roue dor accompagnée de trois pots dargent posés 2-1, timbré dun casque cimé dun pot de lécu. Lécu est posé sur un pot semblable et soutenu par deux griffons rampants, regardant en arrière.
La complexité et lérudition du programme des volets du Retable Pottier indiquent clairement que Jean Bellegambe a été assisté par un conseiller théologique, très probablement lun des membres de la communauté franciscaine du couvent de Douai. Bien quelle soit devenue une doctrine professée officiellement par lEglise catholique, lImmaculée Conception reste objet de débats au XVIe siècle et, comme le pensait GENAILLE, il faut sans doute rattacher le développement du thème iconographique à des exigences apologétiques et propagandistes. Dans luvre de Bellegambe, le thème occupe une place relativement importante, puisquà côté du Retable Pottier, on a conservé de lui (ou de son atelier) une Vierge des Litanies et une Sainte Anne concevant la Vierge (cf. notices CPF correspondantes) au second plan de laquelle on retrouve le motif de la dispute théologique. En ce qui concerne notre retable, il est intéressant de noter que même dans le cadre dune commande privée, lartiste subordonne son art à lillustration dun programme didactique pensé dans un milieu conventuel. Le contraste entre les deux faces des volets a déjà été souvent souligné. Autant lassemblée ecclésiastique utilise un répertoire et des formules compositionnelles auxquels Bellegambe nous a habitués depuis le Retable dAnchin, autant les grisailles élargissent et renouvellent sa palette. Si, comme le fait remarquer H. MUND, lintroduction de la chair dans les figures en grisailles reflète une fréquentation de la peinture brugeoise (Memling), les expressions et les attitudes des personnages révèlent linfluence de Quentin Metsys déjà observée par FRIEDLÄNDER, et à laquelle sajoute peut-être celle de Joos van Cleve (sensible dans la physionomie du porteur de chevreau par exemple) ainsi que celle des gravures de Dürer (la pose de Ruben et le face à face avec Joachim sont empruntés à lOffrande de Joachim de la Vie de la Vierge).
Le Retable Pottier se situe ainsi à la charnière entre les deux tendances majeures de lart de Bellegambe. uvre didactique utilisant une rhétorique éprouvée, il porte déjà en lui, au moins dans les grisailles, les tendances lyriques qui sépanouiront dans les dernières productions connues de lartiste.
La face interne des volets représente une assemblée decclésiastiques et de théologiens défendant avec animation la doctrine de lImmaculée Conception, à laquelle se rapportent toutes les inscriptions des phylactères, livres et cartouches. Cette assemblée, à laquelle est associée la famille des donateurs au premier plan du volet droit, occupe les parties latérales dune vaste église en partie gothique, en partie de style renaissant.
Sur le volet gauche, trois docteurs de lEglise : saint Jérôme, saint Ambroise et saint Augustin, sont assis en demi-cercle sur les marches dun trône monumental où siège un pape. Le cartouche suspendu au-dessus de sa tête, et où figure un extrait de la bulle Grave Nimis (1483), permet didentifier ce pape avec Sixte IV. Sa position privilégiée dans la composition saccorde avec le rôle décisif quil a joué dans la controverse sur lImmaculée Conception à laquelle le concile de Bâle avait déjà tenté de mettre fin au début du XIVe siècle. Sixte IV est tourné vers saint Augustin mais son geste du bras gauche semble en fait désigner les trois docteurs réunis à ses pieds comme les autorités qui fondent la légitimité de sa position. La disposition des personnages répondrait donc à une exigence purement didactique, subordonnant les trois docteurs au pape franciscain comme les arguments le sont à la thèse. Coiffé dune tiare pontificale, Sixte IV porte une tunique rouge sous une chape de brocart et tient de sa main droite gantée de bleu une grande croix à triple branche où est représenté le Christ crucifié. A droite du trône, et se tournant vers le pape, lévêque dHippone tient dans ses mains gantées de bleu un cur flamboyant et sa crosse dont le nud est orné de nus virils sous des arcades surmontés de prophètes (?). Sa chape de brocart est retenue par une agrafe quadrilobée représentant le combat de saint Michel contre le dragon. Lagrafe est encadrée par deux orfrois où sont figurés saint Paul s'appuyant sur une épée et saint Simon tenant une scie. Linscription du phylactère enroulé au bâton cantoral dAugustin, extraite dun texte dont linterprétation a longtemps divisé maculistes et immaculistes, vient ici appuyer la doctrine pontificale. Au dialogue de Sixte IV avec saint Augustin répond au premier plan celui de saint Jérôme avec saint Ambroise. Saint Jérôme, imberbe et tonsuré, porte lhabit cardinalice sur une tunique aux manches bleues doublées de fourrure. Il tient dans sa main gauche une croix orfévrée à deux branches ornée dune Vierge à lEnfant surmontée du Christ crucifié. Son lion est couché à ses pieds. Le docteur accompagne ses paroles, inscrites sur le phylactère dont il tient lextrémité dans la main gauche, dun geste de lindex pointé vers le pape Sixte IV. La tête tournée vers Jérôme, saint Ambroise se tient de face, tenant de sa main droite un livre posé sur ses genoux et dont les pages sont tournées vers le spectateur. Evêque de Milan, Ambroise est vêtu dune chape bleue au revers rose et porte les attributs épiscopaux : la crosse, la mitre et lanneau, ainsi quun fouet quil tient de sa main gantée de rouge. Sa crosse est ornée dun Homme de Douleurs (?) surmonté danges harpistes. Sur les orfrois de sa chape figurent à gauche : une Vierge à lenfant et saint Jean-Baptiste et à droite saint Pierre, saint Paul et saint Thomas tenant une équerre. Lagrafe de sa chape représente une Trinité. Les deux inscriptions sur le phylactère de saint Jérôme et sur les pages du livre de saint Ambroise se font écho. Toutes deux se rapportent en fait à la conception virginale du Christ (« conception active ») mais suggèrent quelle implique labsolue pureté de la Vierge (« conception passive »). Les ornements historiés de la crosse et de la croix comme les orfrois soulignent quant à eux le lien entre la maternité virginale et la rédemption garantie par le sacrifice christique et mettent ainsi laccent sur la coopération de la Vierge à luvre du Salut. Au second plan, à gauche du trône, se trouvent dautres prélats à la tête desquels se tiennent deux évêques. Lun désigne le pape dun geste de lindex ; lautre, montré de profil, doit représenter saint Jean Chrysostome comme le précise linscription du phylactère enroulé autour de son bras. Le texte du patriarche de Constantinople fait intervenir un argument embryologique qui implique lImmaculée Conception de la Vierge (Comme la chair du Christ se mêle à celle de sa mère lors de sa conception, la Vierge a été nécessairement affranchie du péché originel).
Le trône de Sixte IV est abrité sous un édicule dont les arcades sont soutenues par quatre piles fasciculées. A gauche, le chapiteau de la pile est surmonté de deux statuettes placées dans une niche. Lune tient un livre ouvert et tourne la tête vers la gauche où se trouve une autre figure féminine. Il sagit probablement de sibylles, à qui on attribue diverses prophéties relatives à la naissance du Christ. Au-dessus de la corniche, près dun pinacle dangle ajouré, sont assis plusieurs putti ; deux autres montrent leurs têtes dans les ouvertures du décor de couronnement, et un dernier putto est à demi caché dans les rinceaux de lécoinçon. A gauche, sur une tribune découverte qui sépare le premier plan du chur dont on aperçoit les fenêtres hautes et une partie du voûtement, se tiennent cinq autres personnages parmi lesquels un évêque et un religieux oriental désignant lassemblée de son bras droit. A droite, la galerie haute est occupée par dautres religieux entourant deux évêques en discussion devant un livre ouvert. A. CAHIER propose didentifier certains personnages placés derrière Jean Chrysostome et sur la tribune à droite avec des promoteurs reconnus du courant immaculiste, mais rien ne permet objectivement de vérifier cette conjecture. Par contre, la présence de religieux en vêtements orientaux en divers endroits de la composition souligne sans aucun doute laccord des Eglises occidentale et orientale au sujet de la doctrine de lImmaculée Conception. La courbe ascendante reliant saint Chrysostome à Sixte IV traduit la continuité idéologique de la tradition menant à la position pontificale. Sixte IV semble ainsi orchestrer les voix concordantes des diverses autorités au sein dune Eglise parfaitement pacifiée, dautant quen sont soigneusement exclues les figures appartenant à la tendance maculiste.
Au premier plan du volet droit, la famille du donateur présentée par un ange, se tient à genoux, les mains jointes en oraison. Jehan Pottier est vêtu dun long manteau doublé de fourrure et aux manches évasées doù sortent les manches de sa tunique brune. Sa femme, Marguerite Muret, se tient derrière lui, la tête couverte dune coiffe et vêtue dun manteau doublé de fourrure ; à son poignet pend un chapelet. Le couple est accompagné de ses trois enfants : Jehan Pottier le jeune, en chemise blanche à col brodé, tunique rouge et manteau de fourrure ; Marguerite, la jeune fille décédée en 1521, vêtue comme sa mère, et Catherine, la plus jeune, en surcot rouge serré à la taille par une ceinture ; un petit chien est couché aux pieds de la famille. A droite, vêtu dune dalmatique de brocart, lange blond aux ailes déployées fléchit le genou en présentant les donateurs de la main droite. Son regard est tourné vers le spectateur et il tient de la main gauche une tablette posée sur son genou. Linscription qui sy trouve est extraite de la fin de la seconde homélie de saint Bernard sur Missus Est : « Si, troublé par lénormité de tes fautes, accablé par la souillure de ta conscience, épouvanté par lhorreur du jugement, tu commences à sombrer dans le gouffre de la tristesse et dans labîme du désespoir, pense à Marie. Dans les dangers, les angoisses, les doutes, invoque Marie. » Placée au tout premier plan, aisément lisible par le spectateur, cette exhortation à la dévotion mariale rappelle aussi la fonction votive quassumait ce retable pour la famille de la défunte.
Derrière les donateurs, se tiennent deux religieux qui désignent le panneau central du même geste de lindex : un franciscain, portant une image de la ville de Douai avec son hôtel de ville et son beffroi, se tourne vers le dominicain qui sappuie sur son bâton. Selon CAHIER, ils symboliseraient les représentants douaisiens de ces deux ordres, la place du franciscain sexpliquant selon lui par le fait que ce sont les frères mineurs qui auraient établi à Douai la dévotion à lImmaculée Conception. Cette prééminence franciscaine, tout à fait naturelle du fait de la destination du retable, est aussi justifiée par le rôle que lordre a joué dans la défense de lImmaculée Conception. La citation inscrite sur le phylactère est habilement détournée pour constituer un hommage à la ville de Douai, identifiée avec la « cité sainte » (Jérusalem ?) pour la dévotion dont elle honore la Vierge. La présence du dominicain auprès du franciscain est particulièrement significative quand on sait la résistance que les frères prêcheurs ont opposé à lImmaculée Conception. La citation de saint Thomas, en contradiction manifeste avec lensemble de ses textes sur le sujet, vient non sans ironie donner raison aux fransiscains.
Lassemblée du volet gauche est complétée par celle qui est rassemblée sous un portique au second plan du volet droit. Comme lindique linscription suspendue à lintrados de larc, elle réunit essentiellement des théologiens de la Sorbonne, dont la Faculté de théologie se rallia à la position pontificale en décrétant que lobtention des grades académiques serait désormais conditionnée par une adhésion à la doctrine de lImmaculée Conception (3 mars 1497). Au premier rang, le personnage mitré désignant le panneau central dun geste du bras et présentant un livre ouvert posé sur le parapet nest autre que saint Bonaventure. Son surnom : (Doctor) Seraphicus était autrefois visible sur la page du livre. Il porte sous sa chape de brocart lhabit franciscain : une robe grise nouée à la ceinture par une cordelette. Il se tourne vers un second personnage, coiffé dun bonnet à oreillettes et vêtu dun manteau brun, qui se penche vers lui en posant la main sur son épaule. Le phylactère que celui-ci tient dans la main droite permet de lidentifier avec Pierre Lombard ; à sa gauche, un autre franciscain, sans doute Duns Scot, désigne une feuille exposée sur le pilier de larcade, comme on suspendait autrefois les thèses de théologie. A droite de Pierre Lombard, on aperçoit un autre dominicain ; et derrière les docteurs, dautres têtes de personnages non identifiables. A gauche, sous larcade latérale, un roi, en manteau de pourpre et tenant un sceptre, désigne le panneau central en se retournant vers deux autres personnages, quon a parfois identifiés avec des prophètes.
Le portique où sont réunis les théologiens se distingue de larchitecture encore gothique du volet gauche par son décor à litalienne : piliers à grotesques, chapiteaux ornées de mascarons et de feuilles dacanthes, corniches décorées darabesques et de putti. Le pilier central est surmonté dune niche qui abrite un prophète (Isaïe ?) tenant un phylactère. Cette figure fait visiblement pendant aux sibylles du volet gauche. A larrière-plan gauche, est peinte une vue de Douai où on peut reconnaître, à côté dune tour et de quelques clochers, lhôtel de ville et son beffroi.
Mis en relief par leur position symétrique sur chacun des volets, le pape et le corps de la faculté de théologie parisienne conduit par saint Bonaventure apparaissent comme les promoteurs institutionnels de la doctrine à laquelle se rallie le couvent franciscain de Douai figuré par le religieux du volet droit. Récapitulant en quelque sorte lhistoire de lImmaculée Conception, ces panneaux rendent compte aussi de lactualité locale de cette question. E. MALE estime que le programme de ces volets, quil compare à la Dispute du saint Sacrement de Raphaël, est trop complexe pour pouvoir être attribué au seul peintre. Il aurait été conçu par un religieux qui aurait emprunté les diverses citations disséminées sur les panneaux à quelque traité publié à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle. Le retable témoignerait ainsi « de lesprit de la chrétienté au moment même où la Réforme éclatait ». Pour R. GENAILLE, il trahirait les préoccupations du milieu monastique douaisien à lépoque où le culte marial est lobjet des critiques dErasme puis de Luther.
Au revers des volets, les grisailles représentent des épisodes de la vie de sainte Anne, prélude fréquent des retables dédiés à la Vierge et en particulier à lImmaculée Conception. Le récit de la maternité miraculeuse dAnne introduit tout naturellement la composition didactique du retable.
Le volet droit est consacré à l'Offrande refusée. Joachim, le mari dAnne, se tient à droite devant lautel où il a déposé loffrande dun agneau. Vêtu dune longue tunique et dun manteau à manches courtes et évasées, il porte la main droite à son cur, protestant humblement de sa bonne foi devant laccusation lancée par le pharisien Ruben qui lui fait face. Celui-ci est montré de profil, fixant son adversaire avec mépris. Il tient de la main gauche un bâton (insigne de pouvoir ?) et relève le bas de sa tunique sur sa jambe droite tendue. Coiffé dune toque, il porte un pourpoint serré à la taille par une ceinture où pend une grande bourse. De lautre côté de lautel, sous un dais circulaire, le grand prêtre Issachar repousse lagneau de la main gauche en soulignant son refus dun geste de la main droite. Coiffé dune tiare (?), il porte une tunique et un manteau à col dentelé. A son cou pend une chaîne ornée dun médaillon circulaire. Le prêtre est encadré par deux personnages placés symétriquement derrière les colonnes de part et dautre de lautel. Celui de droite aux cheveux blonds et frisés, loreille percée dun anneau, porte dans ses bras un chevreau et regarde le spectateur avec un sourire narquois. Celui de gauche observe au contraire la scène avec gravité, en sappuyant à la colonne. Son visage se détache des autres par sa couleur chair plus marquée. Le peintre a visiblement cherché à renforcer lopposition symbolique entre Joachim et Ruben en plaçant de lautre côté de lautel deux figures qui leur répondent par leurs attitudes antagonistes. Derrière le second, on aperçoit les têtes de deux personnages coiffés à lorientale et à sa droite, un troisième homme coiffé dun bonnet se tourne vers le spectateur. Le porteur de chevreau est accompagné dun personnage à capuchon qui sadresse à lui dun geste de lindex ; à lextrême droite, un autre personnage se tient dans lombre. Le prêtre et le groupe des pharisiens se tiennent sous un édicule à arcade dont les colonnes prennent appui sur les coins extérieurs de lautel. Lextrados de larc est orné darabesques habitées par un putto nu et aptère ; à la retombée de larc, un autre putto ailé et vêtu à lantique enlace une colonnette. Le rampant du fronton est orné darabesques et dun dragon. Le décor architectural, figuration fantaisiste du temple, épouse les formes chantournées du cadre du volet.
Au premier plan du volet droit, sous une arcade, sainte Anne accompagnée de sa servante Judith, distribue des aumônes. La chevelure dissimulée sous un long voile, Anne est vêtue dune robe serrée à la taille par une ceinture et couverte dun manteau. Judith savance derrière elle, portant à deux mains un lourd panier rempli de pains. A gauche, sapprochent des mendiants et des pèlerins dont les expressions pathétiques contrastent par leur réalisme avec les figures idéalisées des deux femmes. Au premier plan, une vieille femme tend son chapeau dans lequel Anne glisse une pièce dargent. Elle est montrée de profil, la tête couverte dun voile et vêtue dune robe en haillons. A sa ceinture pendent une bourse et un couteau (?). Elle tient par la main son enfant qui, un panier vide sous le bras et un moulinet à la main, se tourne vivement vers le spectateur. A gauche de la femme, un vieillard édenté se tient appuyé sur ses béquilles et tend la main vers le pain que lui offre Anne. Coiffé dun bonnet à oreillettes, il est vêtu dune tunique à la ceinture de laquelle pendent une cuiller en bois et une écuelle. Il est accompagné de sa femme enveloppée dans son manteau, et qui remercie Anne en joignant les mains. Derrière elle, apparaissent la tête dune femme couverte dun voile et celles de deux pèlerins reconnaissables à leurs bourdons. Les deux scènes représentées à larrière-plan annoncent directement la naissance de la Vierge : à droite, larchange Gabriel apparaît à sainte Anne dans sa chambre et lappelle dun geste du bras à rejoindre son mari. Les deux personnages se tiennent de part et dautre de la colonne dune baie jumelée surmontée dun arc en accolade encadré de deux médaillons. La façade est couronnée dun fronton au tympan trilobé. A gauche, devant la porte dorée, Joachim étreint sa femme. Larcade sous laquelle se trouvent Anne et Judith supporte une corniche couronnée par les armes de la famille Pottier. Deux mascarons ailés tenant des guirlandes ornent la retombée et le sommet de larc.
Blason. Au sommet du volet gauche (face externe), sont représentées les armes de la famille Pottier de Douai : Ecu dazur à une roue dor accompagnée de trois pots dargent posés 2-1, timbré dun casque cimé dun pot de lécu. Lécu est posé sur un pot semblable et soutenu par deux griffons rampants, regardant en arrière.
La complexité et lérudition du programme des volets du Retable Pottier indiquent clairement que Jean Bellegambe a été assisté par un conseiller théologique, très probablement lun des membres de la communauté franciscaine du couvent de Douai. Bien quelle soit devenue une doctrine professée officiellement par lEglise catholique, lImmaculée Conception reste objet de débats au XVIe siècle et, comme le pensait GENAILLE, il faut sans doute rattacher le développement du thème iconographique à des exigences apologétiques et propagandistes. Dans luvre de Bellegambe, le thème occupe une place relativement importante, puisquà côté du Retable Pottier, on a conservé de lui (ou de son atelier) une Vierge des Litanies et une Sainte Anne concevant la Vierge (cf. notices CPF correspondantes) au second plan de laquelle on retrouve le motif de la dispute théologique. En ce qui concerne notre retable, il est intéressant de noter que même dans le cadre dune commande privée, lartiste subordonne son art à lillustration dun programme didactique pensé dans un milieu conventuel. Le contraste entre les deux faces des volets a déjà été souvent souligné. Autant lassemblée ecclésiastique utilise un répertoire et des formules compositionnelles auxquels Bellegambe nous a habitués depuis le Retable dAnchin, autant les grisailles élargissent et renouvellent sa palette. Si, comme le fait remarquer H. MUND, lintroduction de la chair dans les figures en grisailles reflète une fréquentation de la peinture brugeoise (Memling), les expressions et les attitudes des personnages révèlent linfluence de Quentin Metsys déjà observée par FRIEDLÄNDER, et à laquelle sajoute peut-être celle de Joos van Cleve (sensible dans la physionomie du porteur de chevreau par exemple) ainsi que celle des gravures de Dürer (la pose de Ruben et le face à face avec Joachim sont empruntés à lOffrande de Joachim de la Vie de la Vierge).
Le Retable Pottier se situe ainsi à la charnière entre les deux tendances majeures de lart de Bellegambe. uvre didactique utilisant une rhétorique éprouvée, il porte déjà en lui, au moins dans les grisailles, les tendances lyriques qui sépanouiront dans les dernières productions connues de lartiste.
Date d'acquisition :
1809
Ancienne(s) appartenance(s) :
Collection privée, Couvent des Récollets-Wallons, Douai, 1526, Douai, donation après commande par Jean Pottier et Marguerite Muret
Inscriptions :
inscription
Précisions sur les inscriptions :
(latin), à gauche, Inscriptions (face interne). Volet gauche. Sur le phylactère de saint Jean Chrysostome, si caro v(irginis) pars est cu(m) c(hris)to et caro c(h)r(sit)i est pars cum vi(r)gi(n)e quo(modo) illud sacru(m) de quo c(h)r(ist)us carnem et natura(m) humana(m) assu(m)psit tradidit corruptioni Jo Chrisosto
(latin), à gauche, Inscriptions (face interne).Volet gauche sur le phylactère de saint Jérôme, In aula virginali et nulla sorde maculata de spiritu / sancto est sermo conceptus. Hieronim. sup. da. 9° c.
(latin), à gauche, Inscription (face interne).Volet gauche sur les pages du livre de saint Ambroise, Ambros / In omel / de cauru(m) (?) / / de in(no)c(uo) (?) grege / sancta et imma/culata illa intac/ta ovis processit / mar(ia) qui nobis purpureu(m)/ .. agnu(m) j(e)sum / c(h)r(istu)m generavit
(latin), à gauche, Inscription (face interne).Volet gauche sur le phylactère de saint Augustin, p(ro)pt(er) honore(m) d(om)in(i) cu(m) de p(ec)c(a)tis ag(itu)r de (mariae) vir(gi)/ni nulla(m) prorsus inte(n)do habere qu(a)estione(m) / de natura et gr(aci)a
(latin), à gauche, Inscription (face interne).Volet gauche sur le cartouche, au-dessus de la tête du pape, Mater dei virgo gloriosa a p(ecca)to orig(ina)li semp(er) (fuit praeservata)
(latin), à droite, Volet droit. Sur la tablette tenue par lange, Bernar. Sup. Miss. Omel(ia) 2a par.fi. Si criminu(m) imma/nitate turbatus con/(scien)tiae f(o)editate confus(us)/ judicii horrore p(er)ter(ri)/tus baratro i(n)cipias ab/sorberi tristiti(a)e despera/tionisque abysso co(n)fu(n)di/ cogita m(ar)iam i(n) periculi(s)/ i(n) augusti(is) i(n) reb(us) dubiis/ invoca mariam
(latin), à droite, volet droit, sur le phylactère, déployé derrière la tête du franciscain, et servi mei puritatis tu(a)e/ ortum sacratissimum venera(n)/tes virgo gloriosissima / civitatem hanc sancta(m) haereditabunt electi mei
(latin), à droite, volet droit, sur le phylactère accroché au bâton du dominicain, Talis fuit puritas beat(a)e virginis mari(a)e / q(uae) a peccato originali fuit immunis. Thomas de Aqui. 1. sen. d. 44. q. 3
(latin), à droite, volet droit sur les pages du livre tenu par saint Bonaventure, linscription aujourdhui illisible comportait autrefois le mot, seraphicus
(latin), à droite, volet droit sur le phylactère de Pierre Lombard, Caro qua(m) deus ex v(irgine) m(aria) beata dignitatus est / sine vitio co(nc)epta est et sine p(e)c(ca)to nata est. Petr. Lombard. 3. Sen. di. 3. C° 2°
(latin), à droite, volet droit sur le feuillet suspendu au pilier, (D.) Scot 3. Sen. di. 3e q. 1a et. 18. / Potuit deus / facere quod glo/riosa virgo maria nu(n)q(uam) / fuit in pec/cato origi/nali et quod/ potuit fecit
(latin), à droite, volet droit sur le cartouche suspendu à larc, S(ancta) Virgo ma(ria) mater d(o)m(ini) / per nullu(m) carnal(i)ta(ti)s v(in)c(u)l(um) in nomine / tu(o) originali culp(a)e subjecta fuit
(latin), à droite, volet droit sur larc, au-dessus du cartouche, facultas theologiae parisien(sis)
(latin), à gauche, Inscriptions (face interne).Volet gauche sur le phylactère de saint Jérôme, In aula virginali et nulla sorde maculata de spiritu / sancto est sermo conceptus. Hieronim. sup. da. 9° c.
(latin), à gauche, Inscription (face interne).Volet gauche sur les pages du livre de saint Ambroise, Ambros / In omel / de cauru(m) (?) / / de in(no)c(uo) (?) grege / sancta et imma/culata illa intac/ta ovis processit / mar(ia) qui nobis purpureu(m)/ .. agnu(m) j(e)sum / c(h)r(istu)m generavit
(latin), à gauche, Inscription (face interne).Volet gauche sur le phylactère de saint Augustin, p(ro)pt(er) honore(m) d(om)in(i) cu(m) de p(ec)c(a)tis ag(itu)r de (mariae) vir(gi)/ni nulla(m) prorsus inte(n)do habere qu(a)estione(m) / de natura et gr(aci)a
(latin), à gauche, Inscription (face interne).Volet gauche sur le cartouche, au-dessus de la tête du pape, Mater dei virgo gloriosa a p(ecca)to orig(ina)li semp(er) (fuit praeservata)
(latin), à droite, Volet droit. Sur la tablette tenue par lange, Bernar. Sup. Miss. Omel(ia) 2a par.fi. Si criminu(m) imma/nitate turbatus con/(scien)tiae f(o)editate confus(us)/ judicii horrore p(er)ter(ri)/tus baratro i(n)cipias ab/sorberi tristiti(a)e despera/tionisque abysso co(n)fu(n)di/ cogita m(ar)iam i(n) periculi(s)/ i(n) augusti(is) i(n) reb(us) dubiis/ invoca mariam
(latin), à droite, volet droit, sur le phylactère, déployé derrière la tête du franciscain, et servi mei puritatis tu(a)e/ ortum sacratissimum venera(n)/tes virgo gloriosissima / civitatem hanc sancta(m) haereditabunt electi mei
(latin), à droite, volet droit, sur le phylactère accroché au bâton du dominicain, Talis fuit puritas beat(a)e virginis mari(a)e / q(uae) a peccato originali fuit immunis. Thomas de Aqui. 1. sen. d. 44. q. 3
(latin), à droite, volet droit sur les pages du livre tenu par saint Bonaventure, linscription aujourdhui illisible comportait autrefois le mot, seraphicus
(latin), à droite, volet droit sur le phylactère de Pierre Lombard, Caro qua(m) deus ex v(irgine) m(aria) beata dignitatus est / sine vitio co(nc)epta est et sine p(e)c(ca)to nata est. Petr. Lombard. 3. Sen. di. 3. C° 2°
(latin), à droite, volet droit sur le feuillet suspendu au pilier, (D.) Scot 3. Sen. di. 3e q. 1a et. 18. / Potuit deus / facere quod glo/riosa virgo maria nu(n)q(uam) / fuit in pec/cato origi/nali et quod/ potuit fecit
(latin), à droite, volet droit sur le cartouche suspendu à larc, S(ancta) Virgo ma(ria) mater d(o)m(ini) / per nullu(m) carnal(i)ta(ti)s v(in)c(u)l(um) in nomine / tu(o) originali culp(a)e subjecta fuit
(latin), à droite, volet droit sur larc, au-dessus du cartouche, facultas theologiae parisien(sis)
Fonctionnement :
église
Mots-clés musée :
Date de dernière modification :
28 novembre 2023 18:03 Europe centrale/Paris (ECT) +01:00