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Œuvre : Précisions - Immaculée Conception ; triptyque | Espace WebMuséo Musenor

Statut de l'oeuvre : 
N° d'inventaire : 
23

Domaine : 
Auteur(s) : 
BELLEGAMBE Jean (peintre)
Titre : 
Immaculée Conception ; triptyque

Lieux création, exécution : 
Date de création ou d'exécution : 
1526
Techniques et matériaux : 
Huile sur bois

Dimensions : 
Hauteur des volets en cm : 333
Largeur des volets en cm : 113
Profondeur en cm. : 6

Description : 
La face interne des volets, qui encadraient une partie centrale disparue, réunit une assemblée d’ecclésiastiques et de théologiens présentant la doctrine de l’Immaculée Conception. La face externe est peinte en grisaille : sur le volet gauche, Sainte Anne distribuant des aumônes ; sur le volet droit, l’Offrande refusée. Les visages de certains personnages sont peints en couleur chair (sur le volet gauche, Anne, Judith et les mendiants ; sur le volet droit, le personnage à gauche du grand prêtre).

La face interne des volets représente une assemblée d’ecclésiastiques et de théologiens défendant avec animation la doctrine de l’Immaculée Conception, à laquelle se rapportent toutes les inscriptions des phylactères, livres et cartouches. Cette assemblée, à laquelle est associée la famille des donateurs au premier plan du volet droit, occupe les parties latérales d’une vaste église en partie gothique, en partie de style renaissant.
Sur le volet gauche, trois docteurs de l’Eglise : saint Jérôme, saint Ambroise et saint Augustin, sont assis en demi-cercle sur les marches d’un trône monumental où siège un pape. Le cartouche suspendu au-dessus de sa tête, et où figure un extrait de la bulle Grave Nimis (1483), permet d’identifier ce pape avec Sixte IV. Sa position privilégiée dans la composition s’accorde avec le rôle décisif qu’il a joué dans la controverse sur l’Immaculée Conception à laquelle le concile de Bâle avait déjà tenté de mettre fin au début du XIVe siècle. Sixte IV est tourné vers saint Augustin mais son geste du bras gauche semble en fait désigner les trois docteurs réunis à ses pieds comme les autorités qui fondent la légitimité de sa position. La disposition des personnages répondrait donc à une exigence purement didactique, subordonnant les trois docteurs au pape franciscain comme les arguments le sont à la thèse. Coiffé d’une tiare pontificale, Sixte IV porte une tunique rouge sous une chape de brocart et tient de sa main droite gantée de bleu une grande croix à triple branche où est représenté le Christ crucifié. A droite du trône, et se tournant vers le pape, l’évêque d’Hippone tient dans ses mains gantées de bleu un cœur flamboyant et sa crosse dont le nœud est orné de nus virils sous des arcades surmontés de prophètes (?). Sa chape de brocart est retenue par une agrafe quadrilobée représentant le combat de saint Michel contre le dragon. L’agrafe est encadrée par deux orfrois où sont figurés saint Paul s'appuyant sur une épée et saint Simon tenant une scie. L’inscription du phylactère enroulé au bâton cantoral d’Augustin, extraite d’un texte dont l’interprétation a longtemps divisé maculistes et immaculistes, vient ici appuyer la doctrine pontificale. Au dialogue de Sixte IV avec saint Augustin répond au premier plan celui de saint Jérôme avec saint Ambroise. Saint Jérôme, imberbe et tonsuré, porte l’habit cardinalice sur une tunique aux manches bleues doublées de fourrure. Il tient dans sa main gauche une croix orfévrée à deux branches ornée d’une Vierge à l’Enfant surmontée du Christ crucifié. Son lion est couché à ses pieds. Le docteur accompagne ses paroles, inscrites sur le phylactère dont il tient l’extrémité dans la main gauche, d’un geste de l’index pointé vers le pape Sixte IV. La tête tournée vers Jérôme, saint Ambroise se tient de face, tenant de sa main droite un livre posé sur ses genoux et dont les pages sont tournées vers le spectateur. Evêque de Milan, Ambroise est vêtu d’une chape bleue au revers rose et porte les attributs épiscopaux : la crosse, la mitre et l’anneau, ainsi qu’un fouet qu’il tient de sa main gantée de rouge. Sa crosse est ornée d’un Homme de Douleurs (?) surmonté d’anges harpistes. Sur les orfrois de sa chape figurent à gauche : une Vierge à l’enfant et saint Jean-Baptiste et à droite saint Pierre, saint Paul et saint Thomas tenant une équerre. L’agrafe de sa chape représente une Trinité. Les deux inscriptions sur le phylactère de saint Jérôme et sur les pages du livre de saint Ambroise se font écho. Toutes deux se rapportent en fait à la conception virginale du Christ (« conception active ») mais suggèrent qu’elle implique l’absolue pureté de la Vierge (« conception passive »). Les ornements historiés de la crosse et de la croix comme les orfrois soulignent quant à eux le lien entre la maternité virginale et la rédemption garantie par le sacrifice christique et mettent ainsi l’accent sur la coopération de la Vierge à l’œuvre du Salut. Au second plan, à gauche du trône, se trouvent d’autres prélats à la tête desquels se tiennent deux évêques. L’un désigne le pape d’un geste de l’index ; l’autre, montré de profil, doit représenter saint Jean Chrysostome comme le précise l’inscription du phylactère enroulé autour de son bras. Le texte du patriarche de Constantinople fait intervenir un argument embryologique qui implique l’Immaculée Conception de la Vierge (Comme la chair du Christ se mêle à celle de sa mère lors de sa conception, la Vierge a été nécessairement affranchie du péché originel).
Le trône de Sixte IV est abrité sous un édicule dont les arcades sont soutenues par quatre piles fasciculées. A gauche, le chapiteau de la pile est surmonté de deux statuettes placées dans une niche. L’une tient un livre ouvert et tourne la tête vers la gauche où se trouve une autre figure féminine. Il s’agit probablement de sibylles, à qui on attribue diverses prophéties relatives à la naissance du Christ. Au-dessus de la corniche, près d’un pinacle d’angle ajouré, sont assis plusieurs putti ; deux autres montrent leurs têtes dans les ouvertures du décor de couronnement, et un dernier putto est à demi caché dans les rinceaux de l’écoinçon. A gauche, sur une tribune découverte qui sépare le premier plan du chœur dont on aperçoit les fenêtres hautes et une partie du voûtement, se tiennent cinq autres personnages parmi lesquels un évêque et un religieux oriental désignant l’assemblée de son bras droit. A droite, la galerie haute est occupée par d’autres religieux entourant deux évêques en discussion devant un livre ouvert. A. CAHIER propose d’identifier certains personnages placés derrière Jean Chrysostome et sur la tribune à droite avec des promoteurs reconnus du courant immaculiste, mais rien ne permet objectivement de vérifier cette conjecture. Par contre, la présence de religieux en vêtements orientaux en divers endroits de la composition souligne sans aucun doute l’accord des Eglises occidentale et orientale au sujet de la doctrine de l’Immaculée Conception. La courbe ascendante reliant saint Chrysostome à Sixte IV traduit la continuité idéologique de la tradition menant à la position pontificale. Sixte IV semble ainsi orchestrer les voix concordantes des diverses autorités au sein d’une Eglise parfaitement pacifiée, d’autant qu’en sont soigneusement exclues les figures appartenant à la tendance maculiste.
Au premier plan du volet droit, la famille du donateur présentée par un ange, se tient à genoux, les mains jointes en oraison. Jehan Pottier est vêtu d’un long manteau doublé de fourrure et aux manches évasées d’où sortent les manches de sa tunique brune. Sa femme, Marguerite Muret, se tient derrière lui, la tête couverte d’une coiffe et vêtue d’un manteau doublé de fourrure ; à son poignet pend un chapelet. Le couple est accompagné de ses trois enfants : Jehan Pottier le jeune, en chemise blanche à col brodé, tunique rouge et manteau de fourrure ; Marguerite, la jeune fille décédée en 1521, vêtue comme sa mère, et Catherine, la plus jeune, en surcot rouge serré à la taille par une ceinture ; un petit chien est couché aux pieds de la famille. A droite, vêtu d’une dalmatique de brocart, l’ange blond aux ailes déployées fléchit le genou en présentant les donateurs de la main droite. Son regard est tourné vers le spectateur et il tient de la main gauche une tablette posée sur son genou. L’inscription qui s’y trouve est extraite de la fin de la seconde homélie de saint Bernard sur Missus Est : « Si, troublé par l’énormité de tes fautes, accablé par la souillure de ta conscience, épouvanté par l’horreur du jugement, tu commences à sombrer dans le gouffre de la tristesse et dans l’abîme du désespoir, pense à Marie. Dans les dangers, les angoisses, les doutes, invoque Marie. » Placée au tout premier plan, aisément lisible par le spectateur, cette exhortation à la dévotion mariale rappelle aussi la fonction votive qu’assumait ce retable pour la famille de la défunte.
Derrière les donateurs, se tiennent deux religieux qui désignent le panneau central du même geste de l’index : un franciscain, portant une image de la ville de Douai avec son hôtel de ville et son beffroi, se tourne vers le dominicain qui s’appuie sur son bâton. Selon CAHIER, ils symboliseraient les représentants douaisiens de ces deux ordres, la place du franciscain s’expliquant selon lui par le fait que ce sont les frères mineurs qui auraient établi à Douai la dévotion à l’Immaculée Conception. Cette prééminence franciscaine, tout à fait naturelle du fait de la destination du retable, est aussi justifiée par le rôle que l’ordre a joué dans la défense de l’Immaculée Conception. La citation inscrite sur le phylactère est habilement détournée pour constituer un hommage à la ville de Douai, identifiée avec la « cité sainte » (Jérusalem ?) pour la dévotion dont elle honore la Vierge. La présence du dominicain auprès du franciscain est particulièrement significative quand on sait la résistance que les frères prêcheurs ont opposé à l’Immaculée Conception. La citation de saint Thomas, en contradiction manifeste avec l’ensemble de ses textes sur le sujet, vient non sans ironie donner raison aux fransiscains.
L’assemblée du volet gauche est complétée par celle qui est rassemblée sous un portique au second plan du volet droit. Comme l’indique l’inscription suspendue à l’intrados de l’arc, elle réunit essentiellement des théologiens de la Sorbonne, dont la Faculté de théologie se rallia à la position pontificale en décrétant que l’obtention des grades académiques serait désormais conditionnée par une adhésion à la doctrine de l’Immaculée Conception (3 mars 1497). Au premier rang, le personnage mitré désignant le panneau central d’un geste du bras et présentant un livre ouvert posé sur le parapet n’est autre que saint Bonaventure. Son surnom : (Doctor) Seraphicus était autrefois visible sur la page du livre. Il porte sous sa chape de brocart l’habit franciscain : une robe grise nouée à la ceinture par une cordelette. Il se tourne vers un second personnage, coiffé d’un bonnet à oreillettes et vêtu d’un manteau brun, qui se penche vers lui en posant la main sur son épaule. Le phylactère que celui-ci tient dans la main droite permet de l’identifier avec Pierre Lombard ; à sa gauche, un autre franciscain, sans doute Duns Scot, désigne une feuille exposée sur le pilier de l’arcade, comme on suspendait autrefois les thèses de théologie. A droite de Pierre Lombard, on aperçoit un autre dominicain ; et derrière les docteurs, d’autres têtes de personnages non identifiables. A gauche, sous l’arcade latérale, un roi, en manteau de pourpre et tenant un sceptre, désigne le panneau central en se retournant vers deux autres personnages, qu’on a parfois identifiés avec des prophètes.
Le portique où sont réunis les théologiens se distingue de l’architecture encore gothique du volet gauche par son décor à l’italienne : piliers à grotesques, chapiteaux ornées de mascarons et de feuilles d’acanthes, corniches décorées d’arabesques et de putti. Le pilier central est surmonté d’une niche qui abrite un prophète (Isaïe ?) tenant un phylactère. Cette figure fait visiblement pendant aux sibylles du volet gauche. A l’arrière-plan gauche, est peinte une vue de Douai où on peut reconnaître, à côté d’une tour et de quelques clochers, l’hôtel de ville et son beffroi.
Mis en relief par leur position symétrique sur chacun des volets, le pape et le corps de la faculté de théologie parisienne conduit par saint Bonaventure apparaissent comme les promoteurs institutionnels de la doctrine à laquelle se rallie le couvent franciscain de Douai figuré par le religieux du volet droit. Récapitulant en quelque sorte l’histoire de l’Immaculée Conception, ces panneaux rendent compte aussi de l’actualité locale de cette question. E. MALE estime que le programme de ces volets, qu’il compare à la Dispute du saint Sacrement de Raphaël, est trop complexe pour pouvoir être attribué au seul peintre. Il aurait été conçu par un religieux qui aurait emprunté les diverses citations disséminées sur les panneaux à quelque traité publié à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle. Le retable témoignerait ainsi « de l’esprit de la chrétienté au moment même où la Réforme éclatait ». Pour R. GENAILLE, il trahirait les préoccupations du milieu monastique douaisien à l’époque où le culte marial est l’objet des critiques d’Erasme puis de Luther.

Au revers des volets, les grisailles représentent des épisodes de la vie de sainte Anne, prélude fréquent des retables dédiés à la Vierge et en particulier à l’Immaculée Conception. Le récit de la maternité miraculeuse d’Anne introduit tout naturellement la composition didactique du retable.
Le volet droit est consacré à l'Offrande refusée. Joachim, le mari d’Anne, se tient à droite devant l’autel où il a déposé l’offrande d’un agneau. Vêtu d’une longue tunique et d’un manteau à manches courtes et évasées, il porte la main droite à son cœur, protestant humblement de sa bonne foi devant l’accusation lancée par le pharisien Ruben qui lui fait face. Celui-ci est montré de profil, fixant son adversaire avec mépris. Il tient de la main gauche un bâton (insigne de pouvoir ?) et relève le bas de sa tunique sur sa jambe droite tendue. Coiffé d’une toque, il porte un pourpoint serré à la taille par une ceinture où pend une grande bourse. De l’autre côté de l’autel, sous un dais circulaire, le grand prêtre Issachar repousse l’agneau de la main gauche en soulignant son refus d’un geste de la main droite. Coiffé d’une tiare (?), il porte une tunique et un manteau à col dentelé. A son cou pend une chaîne ornée d’un médaillon circulaire. Le prêtre est encadré par deux personnages placés symétriquement derrière les colonnes de part et d’autre de l’autel. Celui de droite aux cheveux blonds et frisés, l’oreille percée d’un anneau, porte dans ses bras un chevreau et regarde le spectateur avec un sourire narquois. Celui de gauche observe au contraire la scène avec gravité, en s’appuyant à la colonne. Son visage se détache des autres par sa couleur chair plus marquée. Le peintre a visiblement cherché à renforcer l’opposition symbolique entre Joachim et Ruben en plaçant de l’autre côté de l’autel deux figures qui leur répondent par leurs attitudes antagonistes. Derrière le second, on aperçoit les têtes de deux personnages coiffés à l’orientale et à sa droite, un troisième homme coiffé d’un bonnet se tourne vers le spectateur. Le porteur de chevreau est accompagné d’un personnage à capuchon qui s’adresse à lui d’un geste de l’index ; à l’extrême droite, un autre personnage se tient dans l’ombre. Le prêtre et le groupe des pharisiens se tiennent sous un édicule à arcade dont les colonnes prennent appui sur les coins extérieurs de l’autel. L’extrados de l’arc est orné d’arabesques habitées par un putto nu et aptère ; à la retombée de l’arc, un autre putto ailé et vêtu à l’antique enlace une colonnette. Le rampant du fronton est orné d’arabesques et d’un dragon. Le décor architectural, figuration fantaisiste du temple, épouse les formes chantournées du cadre du volet.
Au premier plan du volet droit, sous une arcade, sainte Anne accompagnée de sa servante Judith, distribue des aumônes. La chevelure dissimulée sous un long voile, Anne est vêtue d’une robe serrée à la taille par une ceinture et couverte d’un manteau. Judith s’avance derrière elle, portant à deux mains un lourd panier rempli de pains. A gauche, s’approchent des mendiants et des pèlerins dont les expressions pathétiques contrastent par leur réalisme avec les figures idéalisées des deux femmes. Au premier plan, une vieille femme tend son chapeau dans lequel Anne glisse une pièce d’argent. Elle est montrée de profil, la tête couverte d’un voile et vêtue d’une robe en haillons. A sa ceinture pendent une bourse et un couteau (?). Elle tient par la main son enfant qui, un panier vide sous le bras et un moulinet à la main, se tourne vivement vers le spectateur. A gauche de la femme, un vieillard édenté se tient appuyé sur ses béquilles et tend la main vers le pain que lui offre Anne. Coiffé d’un bonnet à oreillettes, il est vêtu d’une tunique à la ceinture de laquelle pendent une cuiller en bois et une écuelle. Il est accompagné de sa femme enveloppée dans son manteau, et qui remercie Anne en joignant les mains. Derrière elle, apparaissent la tête d’une femme couverte d’un voile et celles de deux pèlerins reconnaissables à leurs bourdons. Les deux scènes représentées à l’arrière-plan annoncent directement la naissance de la Vierge : à droite, l’archange Gabriel apparaît à sainte Anne dans sa chambre et l’appelle d’un geste du bras à rejoindre son mari. Les deux personnages se tiennent de part et d’autre de la colonne d’une baie jumelée surmontée d’un arc en accolade encadré de deux médaillons. La façade est couronnée d’un fronton au tympan trilobé. A gauche, devant la porte dorée, Joachim étreint sa femme. L’arcade sous laquelle se trouvent Anne et Judith supporte une corniche couronnée par les armes de la famille Pottier. Deux mascarons ailés tenant des guirlandes ornent la retombée et le sommet de l’arc.

Blason. Au sommet du volet gauche (face externe), sont représentées les armes de la famille Pottier de Douai : Ecu d’azur à une roue d’or accompagnée de trois pots d’argent posés 2-1, timbré d’un casque cimé d’un pot de l’écu. L’écu est posé sur un pot semblable et soutenu par deux griffons rampants, regardant en arrière.

La complexité et l’érudition du programme des volets du Retable Pottier indiquent clairement que Jean Bellegambe a été assisté par un conseiller théologique, très probablement l’un des membres de la communauté franciscaine du couvent de Douai. Bien qu’elle soit devenue une doctrine professée officiellement par l’Eglise catholique, l’Immaculée Conception reste objet de débats au XVIe siècle et, comme le pensait GENAILLE, il faut sans doute rattacher le développement du thème iconographique à des exigences apologétiques et propagandistes. Dans l’œuvre de Bellegambe, le thème occupe une place relativement importante, puisqu’à côté du Retable Pottier, on a conservé de lui (ou de son atelier) une Vierge des Litanies et une Sainte Anne concevant la Vierge (cf. notices CPF correspondantes) au second plan de laquelle on retrouve le motif de la dispute théologique. En ce qui concerne notre retable, il est intéressant de noter que même dans le cadre d’une commande privée, l’artiste subordonne son art à l’illustration d’un programme didactique pensé dans un milieu conventuel. Le contraste entre les deux faces des volets a déjà été souvent souligné. Autant l’assemblée ecclésiastique utilise un répertoire et des formules compositionnelles auxquels Bellegambe nous a habitués depuis le Retable d’Anchin, autant les grisailles élargissent et renouvellent sa palette. Si, comme le fait remarquer H. MUND, l’introduction de la chair dans les figures en grisailles reflète une fréquentation de la peinture brugeoise (Memling), les expressions et les attitudes des personnages révèlent l’influence de Quentin Metsys déjà observée par FRIEDLÄNDER, et à laquelle s’ajoute peut-être celle de Joos van Cleve (sensible dans la physionomie du porteur de chevreau par exemple) ainsi que celle des gravures de Dürer (la pose de Ruben et le face à face avec Joachim sont empruntés à l’Offrande de Joachim de la Vie de la Vierge).
Le Retable Pottier se situe ainsi à la charnière entre les deux tendances majeures de l’art de Bellegambe. Œuvre didactique utilisant une rhétorique éprouvée, il porte déjà en lui, au moins dans les grisailles, les tendances lyriques qui s‘épanouiront dans les dernières productions connues de l’artiste.

Date d'acquisition : 
1809
Ancienne(s) appartenance(s) : 
Collection privée, Couvent des Récollets-Wallons, Douai, 1526, Douai, donation après commande par Jean Pottier et Marguerite Muret

Inscriptions : 
inscription
Précisions sur les inscriptions : 
(latin), à gauche, Inscriptions (face interne). Volet gauche. Sur le phylactère de saint Jean Chrysostome, si caro v(irginis) pars est cu(m) c(hris)to et caro c(h)r(sit)i est pars cum vi(r)gi(n)e quo(modo) illud sacru(m) de quo c(h)r(ist)us carnem et natura(m) humana(m) assu(m)psit tradidit corruptioni – Jo Chrisosto
(latin), à gauche, Inscriptions (face interne).Volet gauche sur le phylactère de saint Jérôme, In aula virginali et nulla sorde maculata de spiritu / sancto est sermo conceptus. Hieronim. sup. da. 9° c.
(latin), à gauche, Inscription (face interne).Volet gauche sur les pages du livre de saint Ambroise, Ambros…/ In omel…/ de cauru(m) (?) / …/ de in(no)c(uo) (?) grege / sancta et imma/culata illa intac/ta ovis processit / mar(ia) qui nobis purpureu(m)/ .. agnu(m) j(e)sum / c(h)r(istu)m generavit
(latin), à gauche, Inscription (face interne).Volet gauche sur le phylactère de saint Augustin, p(ro)pt(er) honore(m) d(om)in(i) cu(m) de p(ec)c(a)tis ag(itu)r de (mariae) vir(gi)/ni nulla(m) prorsus inte(n)do habere qu(a)estione(m) / de natura et gr(aci)a
(latin), à gauche, Inscription (face interne).Volet gauche sur le cartouche, au-dessus de la tête du pape, Mater dei virgo gloriosa a p(ecca)to orig(ina)li semp(er) (fuit praeservata)
(latin), à droite, Volet droit. Sur la tablette tenue par l’ange, Bernar. Sup. Miss. Omel(ia) 2a par.fi. Si criminu(m) imma/nitate turbatus con/(scien)tiae f(o)editate confus(us)/ judicii horrore p(er)ter(ri)/tus baratro i(n)cipias ab/sorberi tristiti(a)e despera/tionisque abysso co(n)fu(n)di/ cogita m(ar)iam i(n) periculi(s)/ i(n) augusti(is) i(n) reb(us) dubiis/ invoca mariam
(latin), à droite, volet droit, sur le phylactère, déployé derrière la tête du franciscain, et servi mei puritatis tu(a)e/ ortum sacratissimum venera(n)/tes virgo gloriosissima / civitatem hanc sancta(m) haereditabunt electi mei
(latin), à droite, volet droit, sur le phylactère accroché au bâton du dominicain, Talis fuit puritas beat(a)e virginis mari(a)e / q(uae) a peccato originali fuit immunis. Thomas de Aqui. 1. sen. d. 44. q. 3
(latin), à droite, volet droit sur les pages du livre tenu par saint Bonaventure, l’inscription aujourd’hui illisible comportait autrefois le mot, seraphicus
(latin), à droite, volet droit sur le phylactère de Pierre Lombard, Caro qua(m) deus ex v(irgine) m(aria) beata dignitatus est / sine vitio co(nc)epta est et sine p(e)c(ca)to nata est. Petr. Lombard. 3. Sen. di. 3. C° 2°
(latin), à droite, volet droit sur le feuillet suspendu au pilier, (D.) Scot…3. Sen. di. 3e q. 1a et. 18. / Potuit deus / facere quod glo/riosa virgo maria nu(n)q(uam) / fuit in pec/cato origi/nali et quod/ potuit fecit
(latin), à droite, volet droit sur le cartouche suspendu à l’arc, S(ancta) Virgo ma(ria) mater d(o)m(ini) / per nullu(m) carnal(i)ta(ti)s v(in)c(u)l(um) in nomine / tu(o) originali culp(a)e subjecta fuit
(latin), à droite, volet droit sur l’arc, au-dessus du cartouche, facultas theologiae parisien(sis)

Fonctionnement : 
église

Date de dernière modification : 
28 novembre 2023 18:03 Europe centrale/Paris (ECT) +01:00
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