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Regard sur "La Crucifixion (Pays-Bas septentrionaux, 1e moitié du 16e siècle)"

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Il s’agit très probablement ici du panneau central d’un triptyque dont les volets sont perdus. L’oeuvre est peinte sur un panneau de chêne constitué de quatre planches assemblées horizontalement. L’examen dans l’infrarouge dévoile un dessin sous-jacentextrêmement nerveux et spontané, réalisé à sec, peut-être avec une pierre noire (voir ici même les photographies du texte : La technique des peintres des anciens Pays-Bas aux 15e et 16e siècles). La composition est remplie de personnages dont les postures assez souples tel le déhanchement du soldat touchant le chien à gauche ou encore la splendide figure de femme vue de dos en bas à droite sont des marques de modernité par rapport à la tradition du 15e siècle. Ces éléments, ajoutés aux corps trapus, aux visages sanguins, au paysage qui est une version simplifiée des arrières-plans montagneux des Joachim Patinir ou de Henri Met de Bles, nous amènent à penser que l’oeuvre pourrait être due à un artiste des anciens Pays-Bas du nord encore non identifié et actif dans la première moitié du 16e siècle. L’iconographie des équipements militaires confirme la situation de l’oeuvre au début du 16e siècle. Les éléments décoratifs mêlant motifs antiquisants et maniéristes ornent boucliers et armures d’allure fréquemment peu conforme aux équipements alors en usage. En bas à gauche, le soldat tenant la lance à laquelle est accrochée l’éponge de vinaigre porte un bouclier peint d’aspect relativement atypique sur lequel est figuré un arbre au sommet duquel est perché un oiseau nocturne. Les branches environnantes sont envahies par d’autres oiseaux. La haine vouée par les oiseaux diurnes à leurs congénères nocturnes est bien connue, à tel point qu’elle a donné naissance à la chasse dite « au grand Duc ». La présence de cette scène très spécifique sur le bouclier d’un des bourreaux du Christ nous semble faire allusion à l’image de la chouette symbole du Sauveur. Les fidèles sont assemblés autour du Christ comme les oiseaux diurnes autour du grand duc. Leur agressivité à l’égard de ce dernier a pu être vue comme image de la tentation. Ce motif iconographique ajoute une dimension emblématique à cette peinture déjà fort originale et rare de par son origine. Malgré la présence de peintres de talent dès le 16e siècle, c’est en effet bien plus tard que se situe l’âge d’or des anciens Pays-Bas du nord dans ce domaine.

Patrick Le Chanu

 

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