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L’art de la Contre-Réforme : la peinture au service de la religion

À la Renaissance, peinture et religion sont étroitement liées. Le clergé étant l’un des principaux commanditaires, les peintres sont tenus de respecter un programme préétabli. Ce phénomène prend une importance plus grande à la fin du XVIe siècle, dans le climat de la  Contre-réforme catholique : face à la montée de la critique protestante(1) et en réaction à la complexité de la peinture maniériste, l’Église réaffirme la fonction rhétorique de la peinture en lui fixant la triple mission d’enseigner, d’émouvoir et de convaincre.

Des mises en scènes spectaculaires

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Ludovic Carrache, La flagellation, vers 1590, huile sur toile, 189 x 265 cm, Douai, musée de la Chartreuse

L’art de la Contre-réforme cherche à émouvoir par des effets de compositions parfois spectaculaires mais toujours empreints d’intentions didactiques. En plaçant ses figures grandeur nature directement au bord de la toile, Ludovic Carrache (1555-1619) implique directement le spectateur dans la représentation de la flagellation du Christ. À droite, un soldat en armure le prend à partie du regard : de son doigt, il pointe la scène en l’invitant à constater le martyre.

Des physiques plus vrais que nature

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Giovanni Francesco Barbieri dit Le Guerchin (d'après), Le Retour de l'enfant prodigue, huile sur toile, milieu XVIIe siècle, 106 x 156 cm, Bergues, musée municipal

À la fin du  XVIe  siècle, Le Caravage (1571-1610) opère un tournant en prenant comme modèles des personnes issues de son entourage pour représenter des scènes bibliques. Ce type de naturalisme séduit les tenants de la Contre-réforme qui souhaitent humaniser les représentations religieuses. Héritier de cette tendance, Le Guerchin (1591-1666) situe la parabole du fils prodigue dans la Rome de son époque. Ne cherchant pas à idéaliser les protagonistes, il en brosse des portraits réalistes qui permettent aux fidèles de s’identifier plus facilement.

Édifier par des histoires dramatiques

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1- Francesco del Cairo, Judith décapitant Holopherne, 1648/54, huile sur toile, 133 x 187 cm, Dunkerque, musée des beaux-arts
2- Bernardo Cavallino, Judith, huile sur toile, 112,2 x 86,3 cm, 1650, Amiens, Musées de Picardie

Dans l’Ancien Testament, Judith sauve le peuple de la cité juive de Béthulie, en décapitant le général ennemi Holopherne, après l’avoir séduit. Malgré son crime, Judith s’impose comme un modèle de vertu dont les actes reflètent la profondeur de la foi. Représentant l’héroïne tendant la tête du général à sa servante, Francesco del Cairo (1607-1665) ne recule pas devant aucun effet macabre pour édifier le spectateur : avec une certaine crudité, il décrit minutieusement le cou tronqué du cadavre, où brille le sang encore frais.


(1) protestantisme : branche du Christianisme qui rejette l’autorité du pape. En 1517, Martin Luther dénonce violemment les travers de l’Église catholique romaine et initie le mouvement de la Réforme.
(2) naturalisme : représentation qui se veut proche de la nature, par opposition à la stylisation, à l’idéalisme ou au symbolisme.

 

Alexandre Holin pour l'ACMHDF

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