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L’invention de la perspective

La perspective consiste à créer une illusion de profondeur sur une surface plane. Elle est inventée à Florence au début du Quattrocento, au moment où certains artistes souhaitent rendre les représentations plus conformes à la vision humaine. Alors qu’elle est déjà pratiquée de façon intuitive, Leon Battista Alberti (1404-1472) en propose une théorie dans son ouvrage De Pictura (« De la peinture »), en 1436. Il y recommande « qu’un peintre soit instruit, autant que possible dans tous les arts libéraux, mais (…) surtout qu’il possède bien la géométrie ». Art et science se mêlent pour une maîtrise des apparences.

Au Trecento, naissance d’un nouvel espace

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Maso di Banco, Dormition de la Vierge, vers 1328/1330, tempera sur bois, 44x48 cm, Chantilly, musée Condé

En remplaçant le fond d’or par des paysages qui se détachent sur un fond bleu, Giotto (vers 1266-1337) donne une profondeur physique à ses peintures. Dans son sillage, Maso di Banco (vers 1300-1348) invente des intérieurs cubiques qui accueillent des scènes religieuses. En ce début de Trecento, la perspective est encore balbutiante : comme le montre le panneau ci-contre, les lignes obliques du sol et du plafond ne convergent pas encore vers un point de fuite unique. L’invention de la perspective mathématique s’est faite par étapes successives et ne sera théorisée qu’un siècle plus tard.

Donatello : un sculpteur florentin à l’origine de la perspective mathématique

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Donatello, Le festin d’Hérode, vers 1435, marbre, 50 x 71 cm, Lille, palais des beaux-arts

L’Histoire attribue à Donatello (1386-1466) la première œuvre avec une perspective à point de fuite unique : un bas-relief représentant Saint Georges et le dragon (vers 1415-1417) qui se trouve aujourd’hui à Florence. Le festin d'Hérode qu’il sculpte vers 1435, s’organise selon un point de fuite légèrement décentré sur la gauche (au niveau de la balustrade, au-dessus de la tête de la jeune femme qui tourne le dos au premier plan). Donatello parvient à donner une illusion de profondeur alors que son relief est peu épais : sur quelques centimètres, il organise neuf plans qui contiennent différents moments de l’histoire de Salomé à qui son beau-père Hérode Antipas offre la tête de saint Jean-Baptiste.

La perspective en jeu

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Simone Peterzano, Annonciation, vers 1565, huile sur toile, 170 x 117 cm, La Fère, musée Jeanne d’Aboville

La perspective structure l’organisation spatiale du tableau. Dans l’Annonciation, de Simone Peterzano (vers 1535 – vers 1599), elle est définie par le pavement du sol dont les lignes convergent vers un point de fuite situé sur la ligne d’horizon. Pour les chrétiens, l’Annonciation est le moment où l’archange Gabriel annonce à Marie qu’elle va mettre au monde le fils de Dieu. Cette manifestation irrationnelle du divin est figurée par la nuée d’anges qui ouvre de façon spectaculaire la partie supérieure du palais, en cassant sa rigueur géométrique.


(1) Point de fuite : point imaginaire qui aide à construire une perspective sur un plan.
(2) bas-relief : sculpture peu épaisse qui s’organise sur un plan.

 

 

Alexandre Holin pour l'ACMHDF

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