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Bacchus au carnaval

Niccolò Frangipane, Scène bachique, Vers 1580, Huile sur toile, 119 x 153 cm, Soissons, Musée Saint Léger
 
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© ARRIGONI Bruno
Niccolò Frangipane, Scène bachique, Vers 1580, Huile sur toile, 119 x 153 cm, Soissons, Musée Saint Léger

Le tableau du peintre italien Niccolò Frangipane (vers 1545-vers1600) regroupe onze personnages à mi-corps autour d’un homme grimaçant en train de presser une grappe de raisin dont le jus s’écoule dans une coupe. Ses attributs (raisin, couronne de pampres, tonnelet) l’identifient à Bacchus, dieu romain de la vigne, équivalant au Dionysos de la mythologie grecque. Comme le montre le tableau de Frangipane, la représentation de Bacchus est souvent utilisée par les artistes pour célébrer l’ivresse et les plaisirs sensuels.

La composition très serrée se focalise sur les expressions hilares et grotesques des protagonistes qui semblent déjà bien échauffés par le vin. Leurs bouches largement ouvertes, leurs poses relâchées et leurs mises débraillées confirment l’abandon de toute retenue au profit d’un moment de débauche où même les enfants s’adonnent à la boisson. La musique accompagne les effets de l’ivresse en agitant d’avantage les corps. Le joueur de luth au premier plan, nous défie du regard comme pour nous prendre à témoin ou nous inviter à participer à la fête.

La référence mythologique sert ici de prétexte à une représentation d’ordre théâtral ou carnavalesque. Les vêtements et les couvre-chefs des personnages ancrent la scène dans le monde contemporain de l’artiste, celui du XVIe siècle et de ses fêtes populaires. La figure centrale ne représente pas Bacchus mais un personnage déguisé en Bacchus. Les contemporains de l’œuvre n’étaient pas dupes de ce type de représentation dont le but était de déclencher le rire.

Le tableau de Frangipane appartient au genre des pittore ridicole ("peintures ridicules" ou "peintures facétieuses"), terme inventé par certains détracteurs1 pour qualifier des œuvres reprouvées par la morale. Dans ce type de représentation, les aliments et la boisson sont des ressorts comiques essentiels, d’un part parce qu’ils favorisent les excès, et d’autre part par leur renvoi aux fonctions mécaniques du corps : ingérer, digérer, uriner et déféquer.

1En 1582, le cardinal Gabriele Paleotti, dans Discorso interno alle immagini sacre e profane, invente ce terme. Il réprouve les peintures comiques tout en leur accordant le mérite d’offrir un contre-exemple pour accéder « à plus de vertu ».

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Références bibliographiques

Sophie Laroche et Christophe Brouard (sous la direction de), La grande bouffe, Peintures comiques dans l’Italie de la Renaissance, cat. exp., Musée municipal de Soissons, 28 octobre 2017 – 11 mars 2018. 

Valérie Boudier, Scène de genre et nourriture au Cinquecento, Presses universitaires de Rennes, Presses universitaires François-Rabelais de Tours, 2010.

 

Alexandre Holin pour l'ACMHDF

Niccolò Frangipane, Scène bachique, Vers 1580, Huile sur toile, 119 x 153 cm, Soissons, Musée Saint Léger
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