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Un banquet de mariage à l'origine de la création de Marseille

Louis Joseph Delétrez, La Fondation de Marseille, 1865, Plâtre, H. 120 cm x L. 157 cm x P. 26 cm, Douai, Musée de la Chartreuse
 
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Louis Joseph Delétrez, La Fondation de Marseille, 1865, Plâtre, H. 120 cm x L. 157 cm x P. 26 cm, Douai, Musée de la Chartreuse

Ce bas-relief de Louis-Alexis-Joseph Delétrez (1841-1892), conservé au musée de la Chartreuse de Douai, représente la fondation de Marseille au VIe siècle avant notre ère. Ce sujet, plutôt rare dans l’histoire de l’art, fut  imposé en 1865, lors du concours du Grand Prix de Rome qui marquait, en France, la fin de l’apprentissage technique à l’Académie des Beaux-Arts. Comme d’autres élèves issus de sa formation, Delétrez a dû travailler dans un temps réglementaire et respecter la source littéraire de l’exercice : une légende antique relatée par différents auteurs (Aristote, Trogue Pompée, Justin)retraçant la création de Marseille au cours d’un banquet.

Le mythe met en scène Gyptis, fille du chef gaulois Nannus qui, selon la coutume de son peuple, doit choisir son époux lors d’un repas en lui tendant une coupe remplie d’eau. À la surprise générale, Gyptis ne choisit pas l’un de ses compatriotes mais un voyageur de passage, Prôtis, ambassadeur de Phocée, cité grecque d’Asie Mineure.

Delétrez organise son bas-relief en frise en situant Gyptis au centre de la composition. Les regards des convives convergent dans sa direction pour souligner l’importance de son geste et son caractère surprenant, car d’ores et déjà, la coupe est orientée vers l’étranger qu’elle a élu. Pour manifester les différentes réactions des Gaulois (reconnaissables à leurs casques et à leurs longues chevelures), Delétrez opte pour une gestuelle codifiée qui évoque tantôt la surprise (bras levés), tantôt la méditation (menton posé sur le poing).

Le choix de ce sujet par l’Académie des Beaux-Arts peut être mis en relation avec l’invention des « romans » nationaux dans les pays européens au XIXe siècle. Dans un contexte marqué par l’éveil des nationalismes, chaque pays cherche, en effet, à se distinguer par une histoire qui lui serait propre et si possible très ancienne. Bien souvent artificielles, ces constructions identitaires puisent dans le terreau antique. L’union de Gyptis et Prôtis semble un sujet idéal permettant de confirmer la double origine de Marseille, fille de la Grèce et de la Gaulle.

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Références bibliographiques

Il existe deux versions du récit de la fondation de Marseille :

- Aristote « La Constitution de Marseille », dans Athénée de Naucratis, Deipnosophistes (livre XIII, fragment 576a).

- La version de l'historien gallo-romain Trogue Pompée est abrégée en latin par Justin dans Epitoma Historiarum Philippicarum (« Abrégé des histoires philippiques » - La Fondation de Marseille, XLIII, 3).

Didier Pralon en fournit la traduction dans « La légende de la formation de Marseille », Marseille grecque et la Gaule, Actes du Colloque international d’Histoire et d’Archéologie et du Ve Congrès archéologique de Gaule méridionale, Marseille, 18-23 novembre 1990, Lattes/Aix-en-Provence, ADAM-PUP, 1992, pp. 51-56.

Frédéric Chappey, « L’enseignement de la sculpture à l’Ecole des Beaux-Arts au XIXe  siècle », La Sculpture au XIXe siècle, Douai, musée de la Chartreuse, 2002, (n. p.).

Frédéric Chappey, « Deux œuvres scolaires au musée de la Chartreuse de Douai de Louis-Alexis-Joseph Deletrez, (1841-1892) », Sculptures de Carpeaux à Rodin, (cat. exp.), Mont-de-Marsan, musée Despiau-Wlérick, 2000, pp. 79-82.

 

Alexandre Holin pour l'ACMHDF

Louis Joseph Delétrez, La Fondation de Marseille, 1865, Plâtre, H. 120 cm x L. 157 cm x P. 26 cm, Douai, Musée de la Chartreuse
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