Expositions virtuelles des Musées de la Région Centre
Le portrait en militaire
Le portrait est un genre profondément enraciné dans la culture occidentale. Présent dès l’Antiquité, il perpétue le souvenir et rend hommage aux grands hommes. Marqueur de la condition sociale du sujet représenté, il est, à toutes les époques, un attribut du pouvoir. La présentation d'un individu en militaire est l’une des effigies d’apparat les plus utilisées pour mettre en scène les souverains et les membres éminents de l’aristocratie afin de rappeler que dès son origine la noblesse est liée au métier des armes.
Du XVIe au XVIIIe siècle, les modèles sont le plus souvent vêtus de cuirasses étincelantes et richement damasquinées. La panoplie militaire est alors complétée par le casque (Portrait de Maurice Nassau, château de Blois), l’épée, le bâton de commandement, ainsi que par des distinctions militaires (cordon du Saint-Esprit dans le Portrait du duc de Penthièvre, musée des Beaux-Arts de Tours). Les portraits sont également agrémentés de collerettes blanches et d’étoffes précieuses afin de magnifier et de rendre moins austères ces représentations. Les personnages, au visage serein, se détachent sur un fond sombre ou sont présentées « en situation », c’est-à-dire devant le champ de bataille sur lequel ils se sont illustrés. Le duc de Penthièvre indique de son index sa flotte au mouillage alors que le duc de Richelieu peint par Charles de La fosse (Portrait équestre du duc de Richelieu musée des Beaux-Arts de Tours) est représenté devant la bataille navale qu’il remporta sur les Espagnols à Castellemare di Stabia. Ce portrait politique représentant le duc sous les traits triomphateurs du dieu Mars donne à sa victoire mesurée, une valeur universelle, dépassant le contexte humain.
Les enfants princiers, entraînés dès leur plus jeune âge aux exercices militaires, sont également figurés en guerriers. Philippe de France, duc d’Anjou (Anonyme, vers 1675, Château de Blois) est représenté, en costume à l’antique, dont les détails iconographiques de la cuirasse et du casque posé sur la table évoquent le mythe de Bellérophon. Dans son portrait, le duc du Maine (Château de Blois), fils légitimé de Louis XIV et de la marquise de Montespan, alors âgé de 6 ans, porte la cuirasse, l’épée et la lance en référence à ses charges de colonel général des Suisses et Grisons ainsi que du régiment d’infanterie qui pris le nom de régiment du Maine.
A partir du XIXe siècle, les militaires sont représentés en grande tenue complétée de la présence ostentatoire des insignes de mérite et d’honneur et des accessoires tels que les gants blancs et le bicorne portés à la main. Dans son portrait, le roi Louis-Philippe Ier (musée d’art et d’histoire de Dreux) a abandonné le manteau royal du sacre de Reims pour revêtir l’uniforme de la Garde nationale, voulant ainsi s’instituer roi-citoyen, défenseur de la patrie.
Au sein du portrait militaire, le cheval, fidèle compagnon du guerrier, tient une place d’importance. Le genre du portrait équestre apparu sous l’Antiquité, est remis à l’honneur à la Renaissance italienne par Donatello avec la statue du condottiere Gattamelata à Padoue (1453). Au XVIIe siècle, le peintre Anton Van Dick fixe le modèle auquel se conformeront les peintres jusqu’au XIXe siècle : le cavalier impavide sur un cheval fougueux, cabré, évoquant la sagesse du chef de guerre dans sa maîtrise d’une monture, symbole de la folie des hommes. Nombre de souverains se font représenter sur leur fier destrier afin d’exalter leur image de bon gouvernant tenant sereinement les rênes de leur royaume comme nous l’observons ici pour Louis-Philippe.
Le portrait militaire au même titre que les autres portraits peints, est abondamment diffusé par la gravure moins coûteuse et plus maniable.