« Son thème favori, c’est le chien, et quelquefois le chat. Elle connaît leurs moindres mouvements, peut-être même leur langage. L’argile fouillée par elle devient une existence propre, une individualité. Elle met tant de sincérité à traduire les attitudes et l’expression de ces amis du foyer, qu’on retrouve dans ses œuvres toute la tendresse et tout le dévouement qui les animent. Elles font songer à la phrase de Michelet : le chien est un candidat à l’humanité » (Le salon blésois, par Paul Rochas, 1908)

La sculpture animalière prend son essor au XIXe siècle, d'abord favorisée par le développement des zoos, qui révèlent au public des espèces exotiques et se dotent de véritables écoles d'art. A Paris, c'est à la ménagerie du Jardin des Plantes, fondée en 1793, que les artistes apprennent à représenter les animaux, sous la direction de Barye puis de Fremiet.

Le droit de l'animal est désormais reconnu : on le soigne, on le respecte, on l'aime, tout comme un être humain. La médecine vétérinaire se développe et la Société Protectrice des Animaux est créée en 1845. On n'hésite pas à commander le portrait de son animal favori, chat d'intérieur ou chien de chasse, aux meilleurs sculpteurs animaliers, comme Fremiet, Gardet ou Pompon. Le double portrait de Truck et Mistress par Églantine Lemaître doit beaucoup à celui des bassets Ravageot et Ravageode par Fremiet.

Les expositions et les concours de beauté d'animaux commencent en Angleterre en 1871. La zootechnie permet d'améliorer les races, jusqu'à fixer des standards. La sculpture animalière nous montre des chiens et des chats, déjà améliorés selon les critères de beauté de l'époque. L'esthétique s'allie à l'affectif.

Emmanuelle HERAN

Conservateur au Musée d’Orsay, Paris