Le terme « caricature » est souvent employé dans un sens générique mais recouvre des réalités très différentes. Il convient en effet de distinguer la caricature, du dessin satirique, de l’humour graphique ou du dessin de presse.

« caricatura » : le mot apparaît au XVIe siècle et signifie « charger, grossir ». La caricature est d’abord confinée au cabinet des peintres, sans portée satirique, elle n’est qu’un jeu de déformation des visages et des corps, opposant la beauté idéale à la laideur.

 

Le dessin d’humour ou humour graphique n’a d’autre objet que de faire rire. Il utilise la technique de la caricature mais fait également appel à d’autres procédés, comme l’absurde ou le ridicule.

Le dessin satirique, quant à lui, porte une part de satire sociale et politique et vise à dénoncer les travers de la société. La caricature y est associée au comique de situation, à l’ironie, à la dérision, et aux références littéraires et historiques pour transmettre un message.

Enfin le dessin de presse est un autre avatar de cette grande famille qui a connu un développement très important dans la France du XIXe siècle. Il renvoie d’abord au support de diffusion mais également à un genre : le dessin d’actualité ou politique.

Tous partagent en fin de compte le même objectif : déformer pour informer, travestir pour dévoiler.

A l'image de ces définitions, l’œuvre de Milan est protéiforme. Il était avant tout un dessinateur qui expérimentait différents styles et genres. Si certains de ces dessins sont des caricatures à proprement parler (dans le sens d’une exagération comique des traits), la grande majorité sont des dessins réalistes et souvent stylisés (parfois à l’extrême) jouant plutôt un rôle de témoignage ou d’illustration des pratiques d'une époque.

Enfin, certaines planches sont tout à fait spécifiques du dessin satirique. Même si la critique d’André Milan semble légère, nuancée, non outrancière, les stéréotypes sont bien identifiables. Il dénonce le caractère autoritaire des officiers, l’absurdité de la guerre, se moque des bourgeois et de leurs manies, dépeint des ecclésiastiques aux ventres bedonnants.