Le soldat n'est pas seulement un "va-t'en guerre" prêt à partir au combat, il se doit de représenter au mieux l'institution à laquelle il appartient. Tout militaire doit veiller à soigner sa tenue et son apparence. L'uniforme, s'il permet d’habiller correctement les soldats, d'aider à distinguer les différentes troupes et de développer l’esprit de corps, peut également être porté en toutes circonstances (mariage, réception...) en dehors du service. Signe de distinction sociale par rapport aux civils, l’uniforme est présent en permanence dans l'imaginaire et les représentations au cinéma, dans le roman, en peinture et dans la mode.

 A l'époque moderne, l'armée développe un faste, une pompe propre à asseoir son autorité. L'uniforme, l'arme, les décorations, les régiments protocolaires et le cérémonial militaire participent de cet apparat qui apporte tout son prestige à cette institution fondatrice des Etats moderne qu'est l'armée. Chacun de ces éléments obéit à un langage minutieusement codifié.

de l'infanterie, le rouge et le bleu sont le domaine réservé de la Maison Royale. Cependant, le port de l’uniforme peine à se maintenir parmi les officiers qui préfèrent des tenues au goût du jour, éclatantes et richement décorées, souvent peu adaptées à la vie de campagne. Aussi, le comte d’Argenson, lieutenant général des armées du roi est amené à prendre des mesures vestimentaires intimant aux soldats et aux officiers à porter l’uniforme.

 Dans la première moitié du XIXe, l ’uniforme militaire subit une rapide évolution influencée en partie par les progrès de l’armement et les enseignements tirés des batailles napoléoniennes. A partir de 1829, le soldat d’infanterie arbore désormais un uniforme plus confortable, mais toujours très coloré afin de permettre la distinction des armées sur le champ de bataille : le pantalon et le sako rouge garance se portent avec une tunique bleu foncé.

 La nécessité d'échapper le plus possible à la vue de l'ennemi amène les autorités à réformer l'habillement militaire. A partir de 1916, la tenue bleu horizon remplace l’uniforme trop voyant du soldat français qui n’était plus adapté à des combats utilisant des armes beaucoup plus précises.

 La période de l'entre deux-guerres est marquée par la généralisation de la couleur vert kaki (plus ou moins claire) dans la tenue militaire française de l’armée de terre. Destinées à se dissimuler aux yeux des adversaires, les tenues de camouflage se développent durant la Seconde Guerre mondiale. La couleur du camouflage varie selon la saison (automne ou printemps), la région (boisée, désertique…). Les premiers motifs sont de type feuille de chêne ou petits pois. Aujourd’hui, elles peuvent prendre un aspect plus végétal (ajout de feuilles synthétiques), être constituées de 

centaines de bandelettes enchevêtrées, déstructurant la silhouette humaine. Les tissus traités anti-insectes, anti-infrarouges, fournissent des tenues de camouflage résistantes, nouvelle génération.

Nathalie Gaillard, directrice du musée de la Chemiserie et de l'Elégance masculine à Argenton-sur-Creuse