logo
Mehun-sur-Yèvre (18)

Musée Charles VII - Mehun-sur-Yèvre (18)

Bandeau d'illustration de l'espace WM : Musée Charles VII - Mehun-sur-Yèvre (18)
Carreau orné d'une fleurs de lys et portant une caricature . ; © Justine Lemarchand, Philippe Bon
Carreau orné d'une fleurs de lys et portant une caricature . ; © Justine Lemarchand, Philippe Bon
Carreau orné d'une fleurs de lys et portant une caricature . ; © Justine Lemarchand et Andréa Duperon
Carreau orné d'une fleurs de lys et portant une caricature . ; © Justine Lemarchand
Carreau orné d'une fleurs de lys et portant une caricature . ; © Philippe Bon
Numéro d'inventaire : 
981.8.1

Domaine : 
Dénomination : 
Description en langage naturel : 
Description :
Fragment d'un carreau de pavement orné d'une fleur de lys or sur fond d'azur, suivant la même description que les armoiries ducales de Jean de Berry et rencontrée également dans ses manuscrits (ex. Paris, BnF. ms. lat. 919). Ce type de carreau faisait partie d'un ensemble de quatre pièces, disposées sur angle, chacun des carreaux portait une fleurs de lys axée en diagonale. Ici, c'est le carreau inférieur, avec sa fleur bloquée en partie haute et l'on imagine l'engrêlure du pourtour du groupe de quatre en-dessous.

On peut y voir la méthode et les techniques de peinture :
Un masque, appelé “moule” dans la comptabilité ducale était placé sur le carreau. Il avait la forme de la fleur à réserver pour “l'étape de la dorure”. Autour de ce dernier était exécuté la mise en fond bleu ; les multiples passages du pinceau, nécessaires pour ce remplissage, sont repérables tout autour de la fleur de lys (cf. porte-folio, vue de détail). Pas de trempage support, la couleur était déposée directement sur la terre séchée ; peut-être même séchée mécaniquement (études des laboratoires CNRS d'Orléans, puis de Bordeaux III sur des échantillonnages sélectionnés). La couleur or était appliquée par réduction et effets métallisant dans une moufle en atmosphère réductrice.

Pour obtenir de telles couleurs et effets chatoyants, les cuissons successives étaient particulièrement contrôlées. Nombreux sont les carreaux mis au jour sur le site du château-résidence de Mehun qui ont été cuits convenablement avec une température relativement haute. Nous dirions aujourd'hui en grand feu ! Les couleurs sont alors parfaitement “collées” mais très souvent bullées, tressaillées et ont mutés les unes avec les autres. Ici, en petit feu, l'effet esthétique a été préservé, mais la solidité devait être moindre. De fait, la couche d'émail s'est décollée sur les bords et les coups successifs sont bien visibles. Une trace plus sombre est également perceptible sur l'un des pétales de la fleur. Il s'agit d'un point de pernette, autrement appelée “patte-de-coq” (cf. D.996.22.9). Sorte de support en terre, à trois pointes qui permet de maintenir en position les carreaux dans le four.

Plusieurs observations font de ce fragment un carreau unique et exceptionnel :
- En premier, sa moindre épaisseur et sa pâte très claire, comparativement aux autres éléments de ce type et de même typologie retrouvés sur le site et, parfois, sur la même parcelle.
- Ensuite, la faiblesse des dépouilles d'exécution dans l'épaisseur de la pâte. Généralement, une dépouille supérieure à 3° permettait de poser les carreaux sans faire apparaître de joint, en bord à bord, mais en laissant et masquant de la matière jointive en-dessous. Ajouté à sa finesse, ce fait laisse douter de sa pose sur un sol de marche, mais plutôt comme un élément mural du type “Ajulezos”. En tous les cas, la qualité de l'exécution ne laisse aucun doute sur la place privilégiée de la composition au sein des appartements princiers.
- La qualité de la couverte, épaisse, mais parfaitement colorée, dans le respect des teintes communément employées pour la réalisation des armes ducales émane de cuissons parfaitement contrôlée pour obtenir les couleurs (bleu - or) et les reflets dorés.
- Une très probable caricature au trait de manganèse apporte-t-elle la preuve (?) que la composition commandée a fait l'objet d'un suivi extrêmement attentif ? Peut-on imaginer la visite des ateliers par le duc Jean de Berry ? Froissart nous rapporte que le prince “devisait“ avec son “maistre d'entaillure”, il a très bien pu le faire avec son céramiste mudéjar, afin de suivre au plus près l'avancée de la composition... D'un trait habile et rapide, l'un des peintres (on sait la spécialité de certains, comme Maître Richard et son fils, peintres en ours et armoiries) a très bien pu croquer le profil du duc. Visiblement, on reconnaît son front bordé d'un sourcil ondé, l’œil mi-clos et, surtout, le nez caractéristique du duc de Berry...

Pour en savoir plus :
Philippe Bon, Les Premiers de France, Mehun, 1992.
Ayed Ben Amara, Philippe Bon et alii,... Les carreaux de pavements,.. publications virtuelles sur archéo.science, cairn.info, hal.archives-ouvertes.fr, etc.

Observations-Commentaires : 
Exemplaire unique ayant conservé la couleur or et les reflets métalliques.

Précisions sur la représentation : 
Les motifs et la fabrication de ces carreaux sont bien connus et ont fait l'objet de diverses études. C'est la première apparition en France d'une production stannifère sérielle, utilisant le bleu de cobalt et les reflets métalliques. Une production dans le style des proto-majoliques arabo-espagnoles.

L'arrivée des sarrasins mudéjars à Bourges -1382, Mehun et Poitiers -1384 (A.N. KK. 256 et suiv.) est liée au activités de mécène du duc de Berry, par échanges artistique et vraisemblablement en remerciement diplomatique entre l'Aragon et le Berry (études Philippe. Bon, Jean Rosen, Thomas Rapin, Ayed Ben Amara,..).

Précisions concernant l'auteur : 
Atelier de Jehan de Valence, arrivé et connu à Bourges et Poitiers à partir de 1382.
Actif sur Poitiers en 1384-1387. Production connue avant 1400 sur Mehun. Trois artistes mudéjars arrivent sur Bourges et se divisent en plusieurs groupes. Deux sont plus particulièrement connus dans les comptabilités : Poitiers avec Jean de Valence et Dijon avec Jean de Gérone. Les principales découvertes archéologiques proviennent du site du château-résidence de Mehun-sur-Yèvre.

Technique et matériaux : 
Dimensions : 
L. 8.4 cm ; l. 5.4 cm ; E. 1 cm

Site, Adresse - Lieu-dit, Lieu de découverte : 
Méthode de collecte de l'objet : 
Précisions Découverte : 
Chemin de ronde sud, au pied de la tour des Dames et des appartements princiers. En lien avec les carreaux du heaume et de la devise ducale, proche du lieu où il a été retrouvé une coquille de miniaturiste et une patte de fermoir de manuscrit.

Date de découverte : 
1981

Nom du collecteur - découvreur de l'objet : 
Équipe de Patrick Delmarre

Millésime de l'oeuvre : 
1383 après ; 1400 avant

Période (siècle ou millénaire) : 
Epoque - Style : 
Utilisation - Fonction - Destination : 
Précisions concernant la genèse : 
Atelier exceptionnel, échanges artistiques entre le roi d'Aragon et le duc Jean de Berry, frère de Charles V.

Inscriptions - Marques : 
inscription ; numéro

Précisions inscriptions : 
731

Nom du rédacteur de la notice : 
Auteur de l'image :