D.996.22.10

1863.10.1 (mus. Bges)

Cette tour eucharistique est une œuvre de plan pentagonale régulière (cinq côtés et cinq angles égaux), travaillée à partir d'essence de bois dur : chêne,hêtre, noyer et certainement, pour les chevilles du cormier et/ou du chêne. Le montage par assemblage juxtaposé et chevillé est parfaitement visible en partie basse et au niveau du socle inférieur. Toutes les faces sont décorées à la manière d'une architecture flamboyante. La partie basse avec des panneaux pleins, la partie haute avec des panneaux ajourés rappelant les remplages des réseaux des baies maçonnées. Tous sont différents. Au-dessus, telle une superstructure en dentelle de bois (évocation dans l'air du temps et dans le style : tour de Nyons -Drôme, parties sommitales de Mehun et façade de Meillant, banc d’œuvre actuellement à Morogues, chapelle de l'hôtel Jacques Cœur à Bourges...), une série de pinacles assis dans les angles, entre des pignons décorés, bloquent des “contreforts" ouvragés. Ces derniers s'appuient et arrivent en un faisceau contre un haut pinacle central à l'image d'un épi de faîtage. La partie basse, le tabernacle, est séparée de l'espace reliquaire par un plancher en bois. Les moulures, les sculptures, tous les reliefs de manière générale, sont mis en évidence par des fonds rougeâtres et des rehauts bleutés-verts. Sous les pentures ajourées et la plaque de serrure se retrouve encore une toile de velours rouge cramoisi. Cette œuvre est un bel exemple du travail du bois par les huchiers de l'extrême fin du Moyen Âge, début de la Renaissance. C'est une commande de haut rang en lien avec les familles de Batarnay ou de La Châtre. Quelques références de tours travaillées dans cet esprit : - Saint André-les-Vergers (10), - Sémur en Auxois (21), - Saint Savin (65), - Saint Lô à Foucarville (50)... - Copies XIXe siècle : autel-reliquaire de Dampierre (10). Bibliographie : Béatrice de Chancel-Bardelot, “Les Arts de la Renaissance en Berry”, in. Philippe Goldman, Xavier Laurent, Jean-Pierre Surrault (dir.), Le Berry de la Renaissance, Bourges-Châteauroux, 2019, pp. 28-38.

Éléments de tissus rouge cramoisi sous les fers décoratifs.

Etude en cours de l'intérieur du meuble par Béatrice de Chancel-Bardelot.

mobilier et objet du culte ; mobilier religieux ; reliquaire

Dans cette tour eucharistique, le tabernacle est aménagé en partie basse, le reliquaire au-dessus, l'ensemble forme une micro-architecture de style gothique flamboyant.

H. 172 cm

1490 vers

Pour mieux comprendre la valeur artistique de cette tour eucharistique (tabernacle-reliquaire) qui ornait la chapelle castrale du château de Nancay (Canton de Neuvy-sur-Barangeon - Sologne berrichonne - Cher), il convient de reprendre l'histoire même du château, bâti à l'emplacement d'une maison forte sur motte fossoyée. C'est la puissante famille de La Châtre qui en était propriétaire depuis 1372 et cette domination dura plus de quatre siècles. En 1413, le duc Jean de Berry (Bourges - Mehun-sur-Yèvre), accorde à Jean de La Châtre, l'un de ses maîtres d'hôtel, l'autorisation de fortifier son logis seigneurial de Nancay. Toutefois, la construction actuelle, restaurée avec respect vers 1865 par le porcelainier vierzonnais Pépin-Lehalleur, datent de l'extrême fin du XVe siècle, début XVIe siècle. Cette fourchette de construction semble contemporaine de l'exécution du tabernacle-reliquaire. C'est vraisemblablement Gabriel de La Châtre, chambellan du roi Charles VIII, capitaine des archers français de la maison royale et chef militaire lors des guerres d'Italie auprès du roi Louis XII, qui est le commanditaire des nouvelles constructions, de cette tour eucharistique et d'une belle horloge (D.996.22.11). La modernité de la construction, avec des jeux de briques et pierres, des médaillons à l'antiques se complétait d'un riche mobilier intérieur.

inscription votive ; monogramme christique

I.H.S

Lumière sous protection de la polychromie

D.996.22.11 ; D.996.22.12