Le terme de dépôt votif serait plus adapté que trésor, cependant ce dernier est couramment employé depuis la découverte de 1861.
Les études et analyses effectuées apportent une réponse à de nombreuses questions soulevées par ce trésor à caractère votif. Il s’agit bien là d’un ensemble religieux très fort provenant d’un fanum (temple) qui devait se trouver à proximité de la cachette où il a été découvert. Les traces d’usure du socle du cheval indiquent d’ailleurs une longue période d’utilisation du sanctuaire.
Neuvy entre dans la catégorie des trésors de temple dans lesquels les objets de valeur purement religieuse ne sont pas en matière précieuse. Cela dit, ils l’imitent par l’aspect doré de l’alliage métallique à forte teneur en zinc.

Le contexte archéologique
Neuvy-en-Sullias se situe dans une région qui n’est pas neutre puisque d’autres sanctuaires gallo-romains se trouvent à proximité comme Vienne-en-Val, et plus loin Bouzy-la-Forêt, Bonnée,Triguères, Montbouy, Champoulet et Sceaux-du-Gâtinais. Sans oublier Saint-Benoît-sur-Loire qui,avant d’être un haut lieu de la chrétienté, fut très probablement un lieu sacré païen.
En comparaison avec deux autres trésors de bronzes découverts dans le Loiret à Sceaux-du-Gâtinais (collection particulière) et Champoulet (conservé au musée d’Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye), celui de Neuvy-en-Sullias tranche par le nombre important d’objets, par leur taille et les aspects qui le caractérisent. À première vue, ce sont les animaux qui dominent : bovins, cerf, sangliers et, avant tout, le cheval qui du haut de ses 112,5 cm et avec son inscription votive, nous projette en plein espace public de la cité. L’inscription latine de son socle, dédiée au dieu celte Rudiobus, témoigne d’une romanisation en cours. Incontestablement, le cheval est l’objet le plus prestigieux du dépôt mais les autres animaux ne sont pas négligeables non plus. Ils restent muets, comme tous les autres bronzes, à savoir les statuettes anthropomorphes et de divinités (Mars, Esculape, Hercule enfant), mais on ne voit pas pourquoi ils devraient avoir une fonction autre que votive.

Fonte à la cire perdue ou tôle martelée
Mis à part la statuette d’Esculape, le dépôt de Neuvy est probablement une production locale à l’écart de l’art officiel. Ces objets témoignent de différentes techniques de mise en forme du métal : tôle chaudronnée pour les enseignes, et surtout fonte à la cire perdue (pleine pour la plupart des statuettes, en creux par procédé indirect pour le cheval). La trompe est, quant à elle, réalisée en combinant des techniques de martelage et de fonte.

Des objets sacrés préservés
En ce qui concerne la fourchette chronologique des objets du trésor et la date supposée de son enfouissement, on plaide de préférence pour une date assez haute. Il se peut que des pièces comme les sangliers soient fabriquées dès ler siècle av. J.-C. mais gardent leur fonction d’objets votifs pendant plusieurs décennies. L’iconographie très particulière du trésor, d’ailleurs, peut être, sans compter d’autres facteurs, la motivation de son enfouissement. À un moment donné, le thème des sangliers celtiques ainsi que celui de statuettes peu adaptées au contexte contemporain gallo-romain n’est plus en vogue ; il faut faire de la place pour de nouvelles offrandes, et par conséquent on se met à ranger soigneusement cette série de bronzes dans une fosse.