Les imagiers de la rue St-Jacques et les Basset
Le Musée de l’Image a acquis, en 2012, sept estampes éditées à Paris par les imprimeurs de la rue St-Jacques à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème siècle.
En 2009, lors de l’exposition « Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre », nous avions souligné le rôle majeur de l’imagerie parisienne de la rue St-Jacques dans la diffusion des modèles auprès des imagiers de province. Au début du 17ème siècle, la rue St-Jacques devient le siège des graveurs et marchands de petites images religieuses en taille-douce qu’introduisent les graveurs anversois à Paris. Parmi les dynasties de marchands d’estampes qui s’y succèdent, les Basset sont certainement parmi les plus actifs et productifs dans la deuxième moitié du 18ème siècle en éditant bien entendu des images religieuses, mais aussi des vues d’optique, des portraits... Parmi les six images sortant des presses de Basset, deux sont imprimées par André Basset - dit Basset le Jeune - actif de 1750 environ à 1785 au coin de la rue des Mathurins à l’enseigne de sainte Geneviève. Les quatre autres, plus tardives, sont éditées par son fils Paul-André Basset qui exerce à la suite de son père jusqu’en 1833.
Dès le 17ème siècle, les imagiers de la rue St-Jacques reproduisent et adaptent l’estampe savante qui leur sert de modèle. L’influence des graveurs anversois est très nette et les œuvres de Rubens sont popularisées dès cette époque par l’imagerie parisienne. D’ailleurs, saint Roch édité par Basset en 1789 témoigne de cette influence puisque l’image porte la signature de Joan Berwinckel graveur flamand ayant exercé au début du 17ème siècle à Anvers. Le cas de cette planche gravée au 17ème siècle et éditée à la fin du 18ème siècle souligne aussi l’imbroglio des transmissions de fonds entre graveurs et éditeurs parisiens pendant trois siècles.
Les tailles-douces parisiennes servent à leur tour de modèle aux imagiers de province pour la réalisation des images xylographiées. Les relations entre les imagiers d’Orléans et ceux de Paris au 18ème siècle sont bien connues. Basset était d’ailleurs le dépositaire et fournisseur de Hoyau à Chartres.
Les tailles-douces parisiennes qui ont été achetées pour les collections du musée ont servi de modèle ou encore, ont une iconographie très proche des images de province que nous conservons.
Ainsi la représentation de Notre Dame du Rosaire éditée en 1777 à Paris est reprise par Georgin en 1823 à Épinal. Notre Dame de Bonne Délivrance de Basset et reprise par la Veuve Roiné à Nantes entre 1835 et 1839, etc. Cet achat nous permet d’illustrer notre propos sur la diffusion des modèles dans le parcours muséographique de l’exposition permanente du Musée de l’Image.