Le degré des âges
Éditées dès le 16e siècle, les images des Degrés des âges sont intemporelles et font partie des thèmes récurrents de l’imagerie populaire, au même titre que les images de la légende napoléonienne, des contes ou des Mondes à l’envers...
La structure fondatrice de ces images est un escalier dont chaque marche correspond à un degré des âges de la vie, une lecture de gauche vers la droite, de la naissance vers la mort. Sur ces marches, un couple, dont on observerait le vieillissement progressif.
La construction de l’image se décompose en trois plans. Sur les côtés, les éléments végétaux représentant la nature, et situe la scène dans un espace de transition entre le surnaturel et le terrestre.
Le second plan met en scène l’escalier pyramidal de neuf marches, une par tranche de 10 ans : les 50 premières années sont ascendantes puis descendantes pour les 50 suivantes. Cet escalier représente la vie terrestre : le couple symbolise l’état biologique et social de l’homme et de la femme aux différents âges de la vie. La montée-progression puis la descente-régression, de la naissance à la mort, impriment un mouvement à la vie de la l’homme.
Enfin, l’arche surmonte le « Jugement dernier » ou la sainte Trinité : l’image laisse entendre que cette puissance supérieure est indispensable à la survie de l’homme ainsi qu’à ses actions qui seront jugées à la fin des temps. Ce troisième plan accorde à l’image une dimension surnaturelle.
Des premières représentations de cette thématique où l’homme faisait partie d’un ordre universel, les imagiers du 19e siècle, forts d’une mutation sociale, économique et philosophique prônant la prédominance de l’homme, ne retiennent plus que l’ « homme social », gommant peu à peu ses rapports à la nature, au temps qui passe et au surnaturel… La disposition verticale de l’image favorise cette lecture : la plus haute marche correspond à l’âge où les implications sociales de l’homme sont réputées être les plus fortes. Et de ce fait, les degrés inférieurs (la naissance et cent ans) correspondent à une implication minimale, rejoignant la sphère de la nature. Le surnaturel enfin se trouve sous le pont, comme un rappel de sa permanence sous l’enveloppe fragile de l’existence.
Aujourd’hui encore, en ces temps de questionnement sur le statut de la famille dans notre société, sur la place du travail dans notre vie, sur la réussite sociale..., les images des Degrés des âges ne peuvent plus être vues comme de simples descriptions du temps qui passe, ce qu’elles n’ont – au fond – jamais été.
Pour aller plus loin
MAGUET Frédéric, "Les "Degrés des âges et les thèmes moraux, esquisse d'iconologie populaire", In C'est la vie [exposition], Epinal, musée de l'Image, 2005, pp. 15-19.
MAGUET Frédéric, Les temps de la vie [exposition, Paris, musée des arts et traditions populaires], Paris, Réunion des musées nationaux, 1995.
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