Jonques - Une collection du Musée d'Ethnographie de l'Université Bordeaux Segalen
Cette exposition forme un point d’intersection entre techniques de navigation extrême-orientales, imaginaire occidental et patrimoine universitaire.
L’origine du mot « jonque » est mal connue. Dérivé du terme malais adjong ou transposition maladroite du terme chinois tch’ouan, il désigne de façon imprécise, depuis le XVIe siècle, les embarcations de tous types qui sillonnent mers et fleuves entre la Malaisie et la Sibérie orientale.
Le Musée d’ethnographie de l’Université Bordeaux Segalen a choisi de présenter au public, pour son exposition inaugurale, l’intégralité d’une rare collection de maquettes d’embarcations asiatiques. La plupart, chinoises, forment un ensemble d’une rare cohérence. Elles furent réalisées en Chine, au cœur du XIXe siècle, dans le but d’illustrer, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris (1878), la construction navale et les techniques de navigation locales. D’autres maquettes sont progressivement venues enrichir ce fonds initial et permettent de mieux saisir la diversité des formes et des techniques que recouvre l’appellation commune de « jonque ». La présentation de cette collection permet également, avec plus d’un siècle de recul, de saisir le regard que portait alors le monde occidental sur un Orient dont seuls parvenaient, avec quelques babioles typiques, des clichés durables qui hantent encore notre imaginaire et nos rêves d’exotisme.
Cette collection de maquettes fait partie de l’exceptionnel ensemble de collections d’ethnographie asiatique (textiles, instruments de musique, objets et outils du quotidien) que détient l’Université Bordeaux Segalen. Elle en représente un des fleurons, qui fut toutefois très détérioré au cours du XXe siècle. Encrassées, partiellement démontées, parfois très abîmées par des conditions d’exposition et de conservation inadéquates, l’étude de ces jonques était difficile et leur devenir problématique. Une campagne de restauration spécifique fut donc envisagée pour cet ensemble, en marge des opérations de dépoussiérage et de conditionnement qui ont précédé le transfert des collections de nos anciennes réserves dans celles, entièrement rénovées, situées au sous-sol du Musée. Le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche accorda pour ce projet une importante subvention de telle sorte que l’exposition présentée ici porte tout autant sur les jonques que sur les travaux techniques et scientifiques qui ont restitué, avec leur beauté, leur intérêt documentaire et leur valeur patrimoniale à ces objets chargés d’histoire.
