biographie

Les années 1920

1919

Ohannès Semerdjian dit Jean JANSEM est né le 9 mars 1919 à Seuleuze (Sölöz en turc) dans une famille d'arméniens de l'Empire ottoman, dans un contexte géo-politique complexe. Le bourg de Seuleuze est situé sur les hauteurs du lac Iznik entre la ville de Yalova et la ville de Bursa (Brousse) à une centaine de kilomètres au sud de Constantinople (Istanbul).

Rescapés de l'exode et du génocide de 1915, son père Milidjane Sémerdjian (vers 1880–1933) et sa mère Arek Lapadjian (1895-1971) sont revenus à Seuleuze après l'armistice de 1918 où le père et ses frères ont repris leurs exploitations de filature de vers à soie et de pressoirs d'huile d'olive de la région. Son père est veuf d'un premier mariage dont il a 3 enfants.

1922

En mai 1919 éclate la guerre gréco-turque. Après la défaite grecque en 1922 la famille quitte Seuleuze pour s'installer à Salonique. Le jeune Ohannès a 3 ans et sa petite soeur Marie quelques mois. C'est donc en Grèce qu'il passe son enfance où son père fonde sa propre filature de vers à soie.

1929

La crise économique de 1929 et la mévente de la soie naturelle provoquent la faillite de l'entreprise de son père qui part en France retrouver de la famille à Issy-les-Moulineaux, banlieue en périphérie de Paris qui accueille les émigrés arméniens.

Les années 1930 et 1940

1930

Suite à l'aggravation d'une entorse de la cheville Ohannès émigre en France avec sa mère et sa soeur Marie afin de rejoindre le père à Issy-les-Moulineaux et être soigné. Lors de son entrée sur le territoire français la date de naissance retenue est celle du 9 mars 1920 qui figurera désormais sur son état civil.

1933 - 1934

En 1933 après 2 années passées à l'hôpital le jeune garçon est envoyé en convalescence au sanatorium de St Jean de Dieu au Croisic (Loire-Atlantique) où il dessine et peint ses premiers tableaux. Il a 13 ans et c'est également cette année-là que son père meurt en Grèce des suites d'une hémorragie cérébrale. En 1934 il commence à suivre des cours de dessin à l'Ecole du soir de Montparnasse (Paris).

1936

Il est reçu à l'Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs à Paris dont il sort diplômé en 1938, tout en travaillant la nuit au Cynodrome de Courbevoie. Il découvre les impressionnistes au Louvre...

1939 -1945

Pendant les années d'occupation il travaille comme retoucheur photographe, peintre en lettres, modeliste de tissus imprimés et également comme dessinateur dans un studio de dessin animé. Il fréquente l'Académie de la Grande-Chaumière à Montparnasse.

A partir de 1939 il commence à exposer au Salon des Indépendants, cette année-là "une grande toile de 2m x 2m représentant des femmes décharnées dans un espace gris" tandis qu'en 1941 il exposera "Le violoniste, un bonhomme rouge debout dans une étendue désertique".

En 1942 il expose au Salon des Indépendants un tableau intitulé "Parallèlement". Il épouse Hripsimé Karadjian (1923-2009). Le couple aura 3 enfants nés en 1943, 1949 et 1961.

A partir de 1943 Jansem expose régulièrement au Salon d'Automne (Paris).

1948

Jansem obtient la nationalité française.

Les années 1950

1950

Jansem voyage en Grèce et en Macédoine. Ce voyage marque un tournant dans sa peinture et il écrit : "Pendant la guerre je peignais des toiles noires surréalisantes et des paysages misérables d'Issy-les -Moulineaux. Après mon voyage en Grèce en 1950 tout a changé." Il trouve ses sources d'inspiration notamment parmi les gens simples, les enfants, les pêcheurs, les marchés qui deviendront les thèmes privilégiés de ses voyages principalement en Espagne et en Italie.

1951

Jansem reçoit le Prix Populiste remis au Musée d'Art Moderne de Paris pour son tableau "Les buveurs".

Il fait sa première exposition à la Galerie Doucet, place Beauvau (Paris 8ème) et expose au Salon d'Automne le tableau "Les enfants grecs" (159 x 204 cm, 1951). Il offre 3 tableaux au Musée arménien d'Ennery, avenue Foch (Paris 16ème).

1952

Jansem voyage en Espagne dans la région de Grenade et à Formentera (Baléares). Il expose le tableau "Les buveurs" au 3ème Salon de la Jeune Peinture (du 1er au 15 février à la Galerie la Boétie, Paris 8e).

1953

Il reçoit le prix Antral décerné par la ville de Paris pour son tableau "Portrait de femme". Il voyage et peint en Andalousie (Espagne).

1954

La Bourse nationale de France lui est attribuée pour son œuvre. En février Jansem expose "Le 1er mai" au 5ème Salon de la Jeune Peinture qui a lieu désormais au Musée d'Art Moderne de Paris.

Des personnalités telles qu'Anthony Quinn, Martha Hyer et Charles Aznavour viennent poser dans son "atelier-lavoir", dont il réalise les portraits.

Jansem fait sa 1ère exposition à la Galerie Hervé, rue Norvins à Montmartre (Paris 18ème) intitulée "Visages d'Espagne" qui "acheva de le situer dans le courant contemporain et affirma l'authenticité de son style" (J.A Cartier in monographie 1957 p.21)

1955

Jansem expose une "Maternité" au 6ème Salon de la Jeune Peinture.

Il emménage au 21 rue du Moulin de Pierre à Issy-les-Moulineaux où il fera construire tout d'abord un petit atelier dans le jardin puis ultérieurement son grand atelier.

1956

Jansem expose "Le clown" (195 x 130 cm, 1955) au 7ème Salon de la Jeune Peinture ainsi que des œuvres récentes à la Galerie Hervé.

1957

En janvier a lieu le 8ème Salon de la Jeune Peinture dont il est le Président. Il y expose une nature morte.

Il part ensuite vivre plusieurs mois en Italie où il découvre le petit village d'Anticoli Corrado dans les Abruzzes qui sera pour lui un lieu très important de ressourcement et d'inspiration. Il y séjournera régulièrement par la suite.

C'est également l'année de la parution de sa première monographie par Jean-Albert Cartier aux éditions Pierre Cailler, Genève (Suisse) et le début de ses expositions internationales.

1958

Jansem reçoit le Prix Europe de Peinture contemporaine décerné dans le cadre de la première biennale d'Art figuratif de Bruges (Belgique) ainsi que le Prix Mexico du Salon Comparaison offert par Air France pour son tableau "L'homme au coq". Il fait le portrait de Fidel Castro à La Havane pendant la révolution cubaine et il voyage ensuite au Mexique. Cette année-là Jansem réalise ses premières lithographies sur pierre après avoir réalisé un essai en 1954 avec le "Porteur d'eau" (29,5x23cm / 32x24,5cm ; essai sur Vélin n° 1/1).

Les années 1960 et 1970

1963 - 1964

En 1963 a lieu son exposition "Processions et cortèges" à la Galerie Hervé au 18 avenue Matignon (Paris 8e) inspirée en particulier de ses séjours à Anticoli Corrado, dans les Abruzzes (Italie).

En 1964 la deuxième monographie de son Œuvre rédigée par Marcel Zahar est publiée aux éditions Pierre Cailler, Genève (Suisse).

1966 - 1967

Jansem assiste au Festival de musique de Gian Carlo Menotti à Spolète (Italie). Il est introduit dans la salle des répétitions du corps de ballet du Danemark invité cette année-là qui lui procure "un véritable choc émotionnel".

Il séjourne également à Venise et notamment dans les îles alentours (Mazzorbo, Burano). Il expose ses tableaux sur le thème "Burano, village de pêcheurs" à la Galerie Findlay (New York, Chicago, Palm Beach) puis sur le thème de Venise et la lagune en 1967 à la Galerie David et Garnier (Paris).

1968 - 1969

Par l'intermédiaire de Cyril Atanassoff, danseur étoile à l'Opéra de Paris, Jansem assiste aux répétitions dans les salles de l'Opéra. La danse sera le thème de plusieurs expositions aux Etats-Unis en 1968 ainsi qu'à la Galerie Maurice Garnier en 1969... et l'un de ses sujets favoris durant une quarantaine d'années !

1970 - 1973

Au cours d'un voyage en Espagne Jansem assiste dans les villages "à des corridas belles comme des ballets". Il réalise une exposition sur ce thème en 1971 à la Galerie Maurice Garnier.

En 1972 Jansem voyage en Grèce, Macédoine, Péloponnèse et Italie du Sud.

En 1973 il fait son premier voyage en Arménie, alors république socialiste au sein de l'URSS.

1974

Jansem voyage au Japon à l'occasion d'une rétrospective de ses œuvres chez Mitsukoshi (Tokyo) et d'une exposition à la Galerie Tamenaga (Osaka). Il voyage également au Liban où il expose à la Fondation Alec Manoukian (Beyrouth).

La 3ème monographie de son Œuvre rédigée par Pierre Mazars est publiée aux éditions André Sauret.

Cette année-là Jansem fait la connaissance de Christine Puiroux. Agée de 23 ans elle sera sa compagne jusqu'au décès de l'artiste en 2013.

1975 - 1979

Durant cette période Jansem fréquente les cafés-théâtres et assiste régulièrement aux représentations du Magic Circus de Jérôme Savary ainsi qu'aux spectacles d'Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie de Vincennes qui seront une source d'inspiration pour ses œuvres sur le thème des mascarades qu'il exposera en 1978 pour l'ouverture de la Galerie Matignon (Paris) sous le titre "Mascarades".

En 1979 une rétrospective de ses œuvres est organisée au Château des Papes (Chateauneuf-du-Pape).

Les années 1980 et 1990

1980 - 1981

En 1980 Jansem retrouve Venise et les îles de Burano et Mazzorbo où il séjournait en 1966.

Son exposition "Masques" a lieu à la Galerie Matignon tandis qu'une rétrospective de ses œuvres est organisée au Château de Val (Cantal).

En 1981 il assiste au "Fasnacht 81", le carnaval de Bâle (Suisse) dont il s'inspirera.

Il séjourne également plusieurs mois près de Volterra (Italie) où il découvre des paysages arides et désertiques dénommés les "Balze Volterrane" qui le séduisent...

1983 - 1985

En 1983 Jansem passe plusieurs mois en Italie, notamment à Monte Sant'Angelo (Pouilles) puis à Anticoli Corrado en 1984 et 1985 où il dispose d'un atelier pour travailler, dont il résulte en 1986 l'exposition "Processions" à la Galerie Matignon (Paris).

1986 - 1988

En 1986 Jansem s'installe à Collioure où il demeurera jusqu'en 1989 dans une petite maison face au massif des Albères qu'il dessinera et peindra à maintes reprises.

En 1987 et 1988 il réalise de nombreux croquis et études sur le thème de La Bible en vue de gravures. C'est également à cette période qu'il commence à rédiger les souvenirs de sa vie.

En 1988 il découvre le Carnaval de Limoux (Occitanie) où il retournera l'année suivante, qui sera sa principale source d'inspiration pour les œuvres sur le thème des carnavals.

1989 - 1999

En 1989 Jansem se rapproche de Paris pour vivre à St Aignan-sur-Cher où il aménage un grand atelier dans lequel il peint les tableaux de l'exposition "Carnavals, 1988-1992" présentée en 1993 à la Galerie Matignon (Paris).

En 1993 le Musée Azumino Jansem fondé par M. Akio Tsukahara est inauguré à Nagano-Ken (Japon).

En 1997, le 28 mai, Jansem est promu au grade de Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres (France).

Les années 2000 à 2013

2000 - 2001

Le 9 mars 2000 Jansem fête ses 80 ans le jour du vernissage de son exposition "Mythologies" à la Galerie Matignon (Paris).

En 2001 Jansem expose ses œuvres sur le thème des "Massacres" à la Galerie Matignon et il fait don de 34 de ces tableaux au Musée du génocide arménien (Musée Dzidzernagaperd) à Erevan (Arménie).

2002

Jansem voyage en Arménie où il assiste à l'inauguration officielle de son exposition "Massacres" au Musée du génocide d'Erevan.

A cette occasion, le 24 avril 2002 journée de commémoration du génocide arménien, Jansem reçoit la médaille "Mesrop Mashtots" des mains du Président de la République d'Arménie. Il est nommé Docteur Honorifique de l'Académie des Sciences d'Erevan.

2003

En avril Jansem est promu au grade de Chevalier dans l'Ordre national de la Légion d'Honneur. La cérémonie a lieu le 18 décembre 2003 à la Galerie Matignon où les insignes de Chevalier lui sont remis par M. Patrick Devedjian.

Le 24 juin 2003 l'ambassadeur d'Arménie en France, M. Edouard Nalbandian, lui remet un diplôme de membre de la diaspora de l'Académie des Sciences d'Arménie.

2004 - 2009

En 2004 a lieu à la Galerie Matignon (Paris) l'exposition "Les murs" et en 2009 l'exposition "Paysages" à l'occasion de la parution du livre "Paysages, 1933-2007".

En septembre 2009, décès de son épouse Hripsimé.

2010 à 2013

En 2010 Jansem reçoit la médaille d'honneur pour sa contribution au renforcement de l'amitié franco-arménienne des mains du Président de la République d'Arménie en visite officielle à Paris.

Jansem passe les dernières années de sa vie dans sa propriété de St Aignan-sur-Cher où il continuera à peindre et à dessiner. C'est là qu'il s'est éteint paisiblement le 27 août 2013, à l'âge de 94 ans...

Il repose à présent au milieu des bouleaux dans le beau secteur paysagé du cimetière intercommunal de Clamart (Hauts de Seine).