Pierre Tal Coat

Catalogue raisonné des estampes

Françoise Simecek & Rainer Michael Mason

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Tal Coat graveur

PIERRE TAL COAT

CATALOGUE RAISONNÉ DES GRAVURES ET LITHOGRAPHIES

établi par Françoise Simecek et Rainer Michael Mason

 

 

Pierre Tal Coat n’a abordé l’estampe que par périodes, courtes ou plus longues, en fonction de rencontres ou de demandes de la part de ses marchands.

 

 

1926 - 1929

Entre 1926 et 1929, alors sous contrat avec la galerie Fabre à Paris, il grave le cuivre ou dessine sur pierre une série de planches, dont Henri Bénézit a donné à Cati Chambon pour son mémoire de maîtrise à l’Université de Paris 4 - Sorbonne, en 1991, une liste manuscrite de 8 planches (5 lithographies et 3 pointes sèches) dont seules 4 lithographies et 3 gravures sur cuivre nous sont connues (voir la liste autographe en bas de page). La date de « 1929/1930 » indiquée sur cette liste est contredite par la date fournie, pour l’une des planches, par Henri Bénézit pour une exposition à la Bibliothèque municipale de Rennes au premier trimestre de 1988.

Alors que nous en connaissons l’éditeur, le nom des imprimeurs des estampes ne figure pas dans les archives que nous avons pu consulter.

 

 

1946

Par choix personnel – ou à la demande de la Galerie de France – Tal Coat grave, principalement sur zinc, une trentaine de planches, dont seules 12 feront l’objet d’une édition à 10 épreuves, justifiés et signés, pour figurer dans deux expositions de « La Jeune gravure française », à Paris et à Montevideo en 1947. La liste nous en est donnée dans un document figurant dans les archives de la Galerie de France déposées à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) : Le 10 janvier 1948, reçu six gravures faisant partie d’un lot de douze, prêtées par Tal Coat à Mr Yves Alix pour exposition “jeune gravure française”.

Nous avons constaté que certaines de ces planches étaient imprimées sur un vélin filigrané « Paul Maasey ». Il est donc probable que les 12 planches éditées aient été imprimées sur ce papier.

L’imprimeur ne nous est pas connu. Il peut s’agir de l’Atelier Georges Leblanc, à Paris, ou de l’Atelier Lacourrière, à Paris, l’un et l’autre imprimant les gravures des peintres amis de Tal Coat. Il semblerait vraisemblable que quelques épreuves d’essai aient été tirées de toutes les plaques, ne fût-ce que pour permettre à Yves Alix de faire son choix. Quelques-unes de ces planches ont été données avec un envoi à des amis.

Les matrices, restée en possession de Tal Coat (dans un mauvais état de conservation), ont été remises par l’artiste à Françoise Simecek en 1972. Elles ont été tirées à l’Atelier de Saint-Prex à 2 ou 3 épreuves signées et souvent titrées (deux planches – Autoportrait et Non ! [SM 1946.1 et 1946.30] – ont été imprimées à 20 épreuves justifiées et signées), pour une exposition à la Galerie L’Entracte, à Lausanne. 3 épreuves de contrôle, tirées en 2013 sans les barbes de la pointe sèche et avec une encre peu généreuse, sont déposées, l’une chez la fille de l’artiste, à Dormont, l’autre aux Archives départementales du Morbihan pour le Centre de documentation Pierre Tal Coat, à Kerguéhennec, la troisième restant dans les archives de l’Atelier de Saint-Prex.

A cette même période, Tal Coat dessine sur papier autographique. Les trois lithographies décrites (SM 1946.31, 1946.32, 1946.33) n’ont, à notre connaissance, jamais été éditées.

 

 

1949

Edition chez Leo Marchutz, Chateaunoir, à Aix-en-Provence de l’ouvrage Eléments de nature, 22 lithographies (reports de papiers autographiques). Quelques essais ne figurant pas dans la publication ont pu être reportés sur pierre lithographique et imprimés. Nous avons trouvé une seule épreuve d’un dessin à l’encre (SM 1949.2).

 

 

Galerie Maeght

1954 - 1965 puis 1972 - 1980

Tal Coat expose régulièrement à la Galerie Maeght, à Paris. Selon les usages de la galerie, de nombreuses estampes sont éditées : planches figurant dans la revue-catalogue Derrière le miroir, publiée à l’occasion de la plupart des expositions, gravures en taille-douce ainsi que trois livres, Sur le Pas (1959), et Traverse d’un plateau (1963), puis Revif (1978).

Lors de l’exposition de 1972, à Paris, seules l’affichette et l’affiche ont été éditées en estampe, la revue-catalogue Derrière le miroir offrant une édition de tête.

Pour l’exposition à la galerie Maeght, à Zurich, en 1974, la planche centrale du catalogue est une lithographie originale non signée, le sujet de l’affiche est tiré en estampe. Durant ces années, on compte 4 lithographies originales, en 1972, et 10 aquatintes de grand format, en 1980.

 

 

Atelier de Saint-Prex

1970 – 1985

A la demande du marchand d’art genevois Jacques Benador et de Françoise Simecek, Tal Coat se rend sur les bords du Léman dans l’atelier de taille-douce et de lithographie installé à Villette puis, dès 1971, à Saint-Prex. Avec Pietro Sarto, il y grave Almanach. Dès lors, gravure sur cuivre (ou tout autre support) et dessin sur la pierre lithographique occuperont une grande part de son temps lors de ses nombreux séjours en Suisse.

Plusieurs livres verront le jour durant cette période : Laisses, Espace déluté, Revif, Sous le linteau en forme de joug, Bestiaire. Tal Coat donne également une gravure d'après Seghers pour Pierre Lecuire « Le livre des livres » ainsi que des planches pour enrichir les exemplaires de tête de quelques ouvrages des éditeurs Fata Morgana ou Clivages et des éditions de poèmes de son ami André du Bouchet.

Tal Coat, qui a pour habitude de constamment dessiner dans des carnets, se met à utiliser les chutes de cuivre nombreuses dans l’atelier, tout comme il recourt à ses carnets. Dessins aboutis ou esquisses, certaines de ces gravures seront tirées en cartes de vœux ou frontispices pour divers éditeurs, d’autres laissées en attente dans l’atelier à Saint-Prex.

 

 

 

 Après 1985

Estampes restées inédites à la mort de l’artiste

 

Ces planches ont été gravées en taille-douce sur divers supports d’impression (cuivre, laiton, verre acrylique…) ou dessinées sur le verre, le verre acrylique ou la pierre lithographique par Pierre Tal Coat durant ses séjours en Suisse, sur le lac Léman – à Villette en 1970 et 1971, puis à Saint-Prex, de 1971 à 1984. Elles sont le fruit du constant besoin de dessiner et d'expérimenter qui caractérise Tal Coat.

 

Projets de livres ou d’albums, esquisses sur tout matériau lui tombant sous la main, essais de toute technique abordée dans l’Atelier (cliché-verre, héliogravure au grain, pointe sèche sur verre acrylique, etc.), 400 de ces gravures « impromptues » (et parfois travaillées davantage) n’avaient, à quelques exceptions près (entre 1997 et 2006), pas été éditées. La famille de Tal Coat, Françoise Simecek et les membres de l’Atelier de Saint-Prex ont estimé que ce travail devait être sauvegardé et rendu accessible.

 

9 planches ont été éditées à la demande de poètes ou pour un carton d’invitation, (SM 1987.1, 1988.1, 1988.2, 1991.1, 1997.1, 1997.2, 2005.1. 2006.1 et SM 2008.1), et 391 ont fait l’objet, en 2000 et en 2009, d’une édition à 17 exemplaires.

 

Après que les plaques (cuivre ou laiton) ont été nettoyées de leurs salissures et traces d’oxydation, elles ont été tirées à un nombre limité d’épreuves et sur divers papiers, dont la plupart ont été ceux, fréquents, des éditions de livres et d’estampes réalisés en Suisse, qu’ils soient disponibles dans le commerce ou qu’ils aient été fabriqués spécialement pour un projet précis. Les estampes portent le timbre sec aux initiales TC, en bas à gauche de la feuille, et la marque sèche ATELIER SAINT-PREX dans un cercle, en bas à droite de la feuille (à l’exception des clichés-verres (CXXIX, CXXX, CXXXI, CXXXII : SM 2000.121 à SM 2000.124) qui ne portent que le timbre sec de l’Atelier, en bas à droite, en partie sur l’épreuve, en partie sur le feuillet de montage).

 

Les planches de cette édition « posthume » sont regroupées dans six boîtes et un portefeuille, par thèmes, parfois par formats, sans tenir compte de la chronologie. La numérotation en chiffres romains tenant lieu de titre figure au verso de chaque planche avec la justification du tirage, de 1/17 à 17/17, à la mine de plomb, de la main de Françoise Simecek.

 

Les planches ont toutes été imprimées à l’Atelier de Saint-Prex, par Edmond Quinche, au fil des ans, pour ce qui est des 6 lithographies (CCCLII à CCCLVII : SM 2000.344 à 2000.449), et par Michel Duplain, pour les tailles-douces, soit en 2000, pour les 349 premières, puis en 2009, pour les 42 planches de 1971 qui, après une première tentative de catalogage, avaient été mises en réserve.

 

Il a pu arriver que quelques-unes de ces planches contemporaines de la gravure proprement dite aient été offertes par Tal Coat à des amis ou à des institutions : cela est mentionné chaque fois que nous en avons eu connaissance.