Pierre Tal Coat

Catalogue raisonné des estampes

Françoise Simecek & Rainer Michael Mason

Catalogue des estampes > Expositions virtuelles

La couleur dans la gravure

Pendant très longtemps la gravure était coloriée, aquarellée à la main. L'impression d'une plaque apportait le dessin et les valeurs sur lesquelles on intervenait au pinceau avec des couleurs transparentes.

L'inventeur de la gravure en couleur est un artiste né à Francfort en 1667 qui a travaillé à Amsterdam et à Londres, Jacques Christophe Le Blond. Il imagina d'imprimer successivement, sur une même feuille de papier, des planches chargées chacune d’une encre de couleur différente. À l’aide de repères très exacts, les dessins devaient se rencontrer. Les premières gravures en couleur apparaissent au début du XVIIIe siècle et sont destinées tout d’abord à la reproduction de toiles des maîtres puis à l’illustration de traités d’anatomie. Elles procèdent de la superposition de trois plaques additionnant les trois couleurs fondamentales : le jaune, le rouge, le bleu. 

Cette méthode peut être un handicap pour les artistes qui, souvent, peinent à analyser, à décomposer l’image qu’ils sont en train de créer ; aussi on chercha très tôt d'autres moyens pour imprimer l’estampe en couleurs.

  

L'encrage 

 

Lorsqu'une seule plaque doit servir de support à plusieurs encres de couleur, l'artiste pourra graver des formes bien séparées les unes des autres ce qui permettra au taille-doucier de déposer des encres de différentes couleurs sans qu’elles interfèrent les unes avec les autres. On nomme cette manière de faire encrage à la poupée.

Il pourra aussi graver sa plaque en tailles ou plages d'aquatinte plus ou moins denses et profondes en fonction de la diversité et de l'intensité des teintes qui devront apparaître ; la richesse de l'encre est dans ce cas primordiale.

Une des difficultés apparaissant au tirage d’une gravure en couleur provient de l’oxydation du cuivre qui, souvent, modifie la couleur de l’encre qui y est déposée. Pour éviter cet inconvénient qui risque de dénaturer l’image voulue par l’artiste, on procède à l’aciérage par électrolyse du cuivre préalablement dégraissé et nettoyé de toute trace d’encre ou d’acide. 

L’aciérage est également utilisé pour protéger les morsures légères de l’usure lorsqu’une gravure, qu’elle soit imprimée en noir ou en couleur, doit être éditée à plusieurs dizaines d’exemplaires. Un examen attentif au microscope électronique a prouvé que, loin d’altérer le travail fait sur le cuivre, l’aciérage préserve tous les gestes de l’artiste, tous les traits, points, voire dépolissures, se trouvant sur le cuivre.

L’acier a un inconvénient majeur, il rouille. Il faudra donc s’assurer, après tirage, et pour la bonne conservation de l’original, que la plaque est bien protégée de la rouille. On a la possibilité, aujourd'hui de remplacer l'acier par du chrome qui, lui, est inaltérable.