Parmi les objets du trésor, les représentations d’animaux dominent : sangliers, bovins, cerf, cheval. Les animaux constituent un thème majeur de l’art celtique dès le Ve siècle avant J.-C. Le choix des animaux découverts à Neuvy n’est pas fortuit, mais témoigne de croyances religieuses profondément enracinées. Parmi eux, deux groupes se distinguent sur le plan stylistique.

Le groupe de tradition celtique
Les deux petits sangliers et le bovin sans tête ont été découverts en fragments et remontés en 1862, ce qui n’exclut pas des erreurs. Le démembrement volontaire des animaux en tôle chaudronnée, pratique courante, a une signification particulière. Il s’agit d’enseignes militaires à valeur symbolique, militaire mais aussi religieuse. Le sanglier, animal sacré chez les Celtes, symbolise la combativité et l’invincibilité, le pouvoir spirituel. Il figure très fréquemment sur les enseignes gauloises.
Bien avant la république et l’empire romains, les armées antiques ont intégré les enseignes militaires. L’enseigne évoque une puissance supérieure : pendant des millénaires, les hommes l’ont vénérée, honorée, saluée et entourée de gestes religieux. Entre le Ier siècle avant J.-C. et le IVe siècle après J.-C., de multiples enseignes sont en usage dans l’armée romaine.

Le groupe d’inspiration romaine
Il suffit d’observer attentivement le cerf pour constater l’extrême élégance de cette pièce en bronze coulé qui est l’une des plus belles du dépôt votif. L’artiste a porté une attention toute particulière au traitement du pelage du poitrail et à l’expression de la tête du noble animal, campé sur ses membres dans une position statique mais attentive.
Cette singulière figure de cerf semble former une synthèse stylistique couvrant plusieurs siècles et plusieurs traditions. Si le caractère celtique reste bien affirmé, ce bronze est à placer parmi les toutes premières créations artistiques gallo-romaines.
Comme le cheval, il était sans doute fait à l’origine pour être porté et vu en hauteur, non pour être posé comme une sculpture sur un socle. Sa radiographie révèle qu’il s’agit d’une fonte en creux sur noyau, coulée à la cire perdue.

Le petit taureau est également classé avec les œuvres d’inspiration romaine. Contrairement aux enseignes, cette statuette en bronze coulé est une fonte pleine. Son corps plutôt svelte, son museau court et ses larges sabots plaident en faveur d’un jeune animal. Par ses proportions et son immobilité, il se distingue de la plupart des taureaux romains qui représentent l’animal puissant, en mouvement.

Malgré la technique utilisée de la tôle chaudronnée, le grand sanglier est différent des autres sangliers-enseignes par sa taille grandeur nature et ses soies représentées en forme de flammes souples sur l’intégralité du corps. L’extrémité de sa queue, trouvée séparément, avait été classée comme palmette en 1862. Un autre objet, alors confondu avec un umbo de bouclier, est maintenant identifié comme un cache hampe dont la fonction est de masquer le sommet de la hampe fixée sous une enseigne. Sa taille est proportionnelle à ce sanglier, trop grand pour être une enseigne mais qui pouvait être une représentation d’enseigne.

Le cheval, quant à lui, est un produit purement gallo-romain dont la plastique entière suit les lois de la sculpture gréco-romaine en s’éloignant de la structure morcelée celtique. (Voir paragraphe suivant)