Sur les pas de Tal Coat...

 « On peut contempler les peintures de Tal Coat, rêver devant ses dessins, parcourir les très beaux livres qui lui ont été consacrés, entendre sa voix ou la réentendre dans des enregistrements, observer ses gestes et son regard dans des films, prendre part à des conférences ou des débats autour de son œuvre, et se sentir touché et inspiré par tout cela.

 

Mais c’est peut-être en marchant, et en s’efforçant de le faire à sa manière, c’est-à-dire en ouvrant tous ses sens à la perception des espaces et paysages traversés, que l’on parvient le mieux à comprendre l’âme de l’artiste et à entrevoir, sinon à ressentir en nous-même, ses principales sources d’inspiration. »

 

Albert Louppe, initiateur de la marche autour de Doëlan en hommage à Pierre Tal Coat, 2014

 

 

 

Marcher en terre d'Armor

 

L’idée d’une rencontre itinérante autour de la mémoire de Pierre Tal Coat est née de l’hommage qu’a voulu rendre la commune de Clohars-Carnoët, au cours de l’été 2014, à l’enfant du pays, né Pierre Louis Corentin Jacob, devenu sous le nom de Tal Coat « Front de bois », une des grandes figures de la peinture du XXe siècle.

 

L’importance de la marche dans la vie de Tal Coat, et, plus généralement, de tout ce qui est mobilité, mouvance, perception de l’espace traversé dans la construction même de son art avait conduit les organisateurs à proposer aux visiteurs des expositions « Tal Coat un homme d’ici » de prolonger le temps d’une marche d’environ deux heures, la rencontre avec l’homme et son œuvre.

 

L’intérêt suscité par cette initiative a conduit la municipalité de Clohars à renouveler l’expérience en programmant chaque été des parcours accompagnés une fois par semaine. 

 

L'itinéraire

 

Partant de l’un des quais du port de Doëlan, l’itinéraire en boucle permet de se faufiler entre ria, forêt et océan - On emprunte des sentiers, des chemins creux, on traverse des petits hameaux, on se retrouve parfois en pleine forêt, puis on traverse des champs et on se retrouve brusquement sur un sentier surplombant la mer. Le tracé permet de retrouver des paysages d’autrefois, ou au moins, de se les représenter à partir de points de vue ou d’ambiances propres à des lieux dont certains ont été peints ou dessinés par Pierre Tal Coat.

 

Cette marche, sur les pas de celui qu’un de ses amis appelait « le marcheur des bois », donne l’occasion d’évoquer chemin faisant ou lors de quelques haltes, le décor et les conditions de vie de son enfance, l’émerveillement de l’artiste au contact des éléments naturels. Sont également évoqués ses débuts dans le monde parisien de l’Art, son « ressourcement » en pays d’Armor, sa fascination pour la préhistoire et pour l’art paléolithique, son attirance pour les effets de contraste, sa grande sensibilité écologique (bien avant l’heure…), sa vision cosmique du monde et de la vie. 

 

 

 

Depuis longtemps Tal Coat dessine en marchant dans le paysage pour s’obliger à voir. Il lui arrive même de courir des heures pour se rafraîchir la vue, se déverrouiller le regard parce qu’il sait, par expérience, que tout se passe vite autour de nous, que tout change et que, si nous restons immobiles, nous ne saisissons rien. 

Aussi Tal Coat, en se déplaçant, déplace la ligne qui crayonne, abrège le détail, annule le pittoresque à fleur d’eau (ou de terre), résume la vie du monde sans jamais la pétrifier, préférant à toute fixation prématurée capter la trace durable du réel dans son devenir. »

Raoul-Jean Moulin in « Tal Coat », Catalogue de l’exposition à la Galerie Maeght, Zurich 1974

 

 

Pierre Tal Coat a raconté un jour qu'il avait si souvent marché sur les chemins et dans les forêts qu'il était capable d'approcher un oiseau, un animal de tout près sans l'effrayer... A notre tour, au moment d'aborder son œuvre - et de peur d'en trahir le sens ou d'en déformer les intentions - nous devrions acquérir cette habileté et cette discrétion du marcheur des bois. Et pour éviter que cet art ne nous échappe, avant même d'y avoir pu goûter il faudrait savoir faire silence en soi, autour de soi, faire taire toutes les leçons apprises, gommer toutes les habitudes ancrées afin de laisser au regard libre accès à la surprise.

Florian Rodari, in Tal Coat devant l'image, 1997

 

 

 

 

 

 

 

Renseignements pratiques :

 

Parcours organisés chaque été (juillet-août) par la commune de Clohars-Carnoët (Finistère sud)

Renseignements et inscriptions à : Maison-Musée du Pouldu 02 98 39 98 51

Courriel : Maison-musée-lepouldu@clohars-carnoet.fr

 

Pendant le reste de l'année, merci de contacter Albert Louppe à albertlouppe@gmail.com pour d'éventuels parcours organisés sur demande.