Repères biographiques

Pierre, Louis, Corentin Jacob, fils de marin-pêcheur, naît en 1905 à Clohars-Carnoët dans le sud du Finistère. Il fréquente l'école primaire de 1912 à 1914. En 1915, son père meurt sur le front d’Argonne. Apprenti forgeron à partir de 1918, tandis qu'il commence à dessiner et sculpter, Tal Coat obtient une bourse de pupille de la Nation et entre à l'école primaire supérieure de Quimperlé. Clerc de notaire en 1923 à Arzano, mouleur et peintre céramiste à la Faïencerie de Quimper en 1924, il dessine au crayon, au fusain ou au pastel, des personnages et des paysages de la campagne bretonne. Il fréquente des artistes installés dans la région de Pont-Aven et du Pouldu.

Arrivé à Paris en 1924, Tal Coat devient modèle à l’Académie de la Grande Chaumière, mouleur à la Manufacture de Sèvres, se lie avec le peintre Émile Compard et partage l’atelier du peintre Jean Sautter dont un ami, Raoul Domenjoz, le présente aux directeurs de la galerie Fabre, Auguste Fabre et Henri Bénézit. En 1925, il accomplit son service militaire dans les cuirassiers à Paris et rencontre Broncia Lewandovska qu’il épouse en 1927. En 1926, il expose dans la galerie Fabre et prend le nom de Tal Coat (« Front de bois » en breton) pour éviter l'homonymie avec le poète quimpérois Max Jacob.

En 1929, après sa deuxième exposition à la Galerie Fabre et Cie, la crise économique le contraint à de longs séjours en Bretagne au cours desquels il arpente les sites mégalithiques avec ses amis Emile Compard, Henri Bénézit et le couturier Paul Poiret. Familier, à Paris, des dîners de Méraud Guiness, il se lie d’amitié avec Francis GruberAndré Marchand, Léo et Gertrude SteinFrancis PicabiaAlberto et Diego Giacometti, Ernest Hemingway, BalthusAntonin ArtaudTristan Tzara et Paul-Émile Victor. Il s’intéresse à l’art roman, aux portraits du Fayoum.

En 1936, Tal Coat voyage en Provence et rencontre Picasso. Il peint de nombreux portraits (dont celui d’Alberto Giacometti) et la série des Massacres, inspirée par les horreurs de la Guerre d’Espagne. En 1938, il expose à la Julien Levy Gallery à New York.

Mobilisé en 1939 à Saint-Germain-en-Laye, puis à Ermenonville dans le service du camouflage, il est démobilisé en 1940 à Montauban. Tal Coat gagne alors Aix-en-Provence, ville où se sont réfugiés de nombreux artistes, notamment André MarchandCharles-Albert Cingria et Blaise Cendrars. Il y rejoint sa nouvelle compagne, Xavière Angeli qu’il épousera en 1951.

En 1941, il participe à l'exposition Vingt jeunes peintres de tradition française  organisée par Jean Bazaine à la Galerie Braun à Paris.

Tal Coat a élu domicile au Château Noir, au pied de la Montagne Sainte-Victoire, qui a été l’atelier-remise de Cézanne quand il peignait au Tholonet. En 1942 naît sa fille Pierrette. Il expose à la Galerie de France en 1943.

Dès la fin de la guerre, il retourne à Paris et loue un atelier Rue Brézin, à Montparnasse. Tal Coat dessine à l’Aquarium du Trocadéro et au Jardin des Plantes, pratique assidûment le lavis à l’encre de Chine : Aquariums, Poissons, Coqs, Taureaux. Il grave une trentaine de planches dont douze seront montrées dans les expositions La Jeune gravure française à Paris et Montevideo.

Dès 1946, de retour à Aix-en-Provence, Tal Coat peint les Profils sous l’eau, les Baigneuses dans la cascade, dessine les Ecorces qui sont un tournant fondamental dans son travail.

En 1947, il participe à l’exposition Painting in France 1939-1946 au Whitney Museum à New York, où Clement Greenberg remarque ses peintures avec celles de Dubuffet, Fautrier et Hartung.

En 1948, Tal Coat fait la connaissance du philosophe Henri Maldiney et du poète André du Bouchet qui demeureront ses intimes jusqu’à la fin de ses jours.

En 1949, Tal Coat montre des peintures à la Galerie de France, présente Élements de Nature, ouvrage de lithographies tirées par Léo Marchutz : Henri Maldiney publie sa première étude sur Tal Coat Introduction à Tal-Coat dans Les Temps modernes.

En 1950, son exposition personnelle à la Galerie de France déconcerte par une prétendue disparition du motif. A la fin de l’année, Tal Coat quitte Aix et s’installe à Forges-les-Bains, près de Limours, dans la maison de Jean Bazaine.

En 1954, il rejoint la Galerie Maeght où chacune de ses expositions sera accompagnée d’une parution de la revue-catalogue Derrière Le Miroir et de l’édition de nombreuses estampes. Grand marcheur, Tal Coat randonne en Savoie et dans le Dauphiné. Il voyage en Dordogne, visite Lascaux et les Eyzies, il crée les Passants, Sauts, Course.

En 1955, il participe à Documenta I à Cassel.

En 1956, il donne un dessin pour la couverture du livre d’André du Bouchet, Cette surface, édité par Pierre-André Benoit (PAB, Alès).  Aux côtés de Jacques Villon, Bernard Buffet et Alberto Giacometti, il représente la France à la Biennale de Venise. 

En 1957, il expose à la Kunsthalle de Berne avec Etienne Hajdu.

En 1958, Tal Coat s’installe au Breuil, près de Chevreuse (ancien atelier de Fernand Léger). Avec son ami Eduardo Chillida il voyage en Espagne, où, au Prado, il admire Vélasquez et Zurbaran.

En 1959, Tal Coat marche dans les Alpes avec Henri Maldiney, en forêt de Fontainebleau et dans le Vexin avec André du Bouchet. C’est l’époque des Veines de silex, Troupeaux, Vols d’oiseaux… Il publie Sur le pas, quinze aquatintes pour un livre de bibliophilie, poèmes d’André du Bouchet édité par Maeght. Tal Coat participe à Documenta II à Cassel.

En 1960, Tal Coat acquiert la Chartreuse à Dormont, dans l’Eure, où il installe un immense atelier ; une nouvelle grande mutation de sa peinture commence.

Aimé Maeght édite en 1963 Traverse d’un plateau, texte et sept pointes sèches. La même année, Tal Coat réalise une mosaïque pour le mur d’entrée de la Fondation Marguerite et Aimé Maeght à Saint-Paul de Vence.

En 1965, il peint les séries Signes dans une falaise, Déesses-mères, Ronds de sorcières qu’il expose à la galerie Maeght avant de s’en éloigner.

En 1966, Tal Coat retourne en Bretagne sur les sites de son enfance. Il voyage aux Pays-Bas et en Belgique.

En 1968, Les Colzas deviennent un des thèmes majeurs de sa peinture. Au printemps, il expose dans trois galeries parisiennes : Bénézit, Beno d’Incelli et Schoeller  et participe à l’exposition itinérante Painting in France, 1900 – 1967  (New-York, Boston, Chicago, San Francisco). Il reçoit le Grand Prix national des Arts.

En 1970, après la mort de sa femme Xavière, il séjourne en Corse et reste de longues semaines sans peindre. Il expose à Genève, à la galerie D. Benador qui présentera régulièrement son œuvre, Jacques Benador édite le livre d’aquatintes Almanach de Tal-Coat en 1971.

Accompagnant Jacques Benador à Dormont en 1969, Françoise Simecek éditera, au cours des ans, les estampes qu’il grave et dessine, ainsi que les livres en collaboration avec André du Bouchet Laisses (1975) et Sous le linteau en forme de joug (1978), deux chefs-d'œuvre du livre illustré. Elle sera la destinataire de lettres dont elle publiera un choix dans Vers ce qui fut, est, ma raison profonde de vivre, Bron, 1985, puis Libre regard, Maeght éditeur, 1991 et présentera régulièrement elle aussi l’œuvre de Tal Coat à la galerie L'Entracte à Lausanne à partir de 1973.

Dès 1970, Tal Coat fait de nombreux séjours en Suisse, à l'atelier de taille douce et de lithographie, collectif d’artistes qu’anime Pietro Sarto, sur les bords du Léman à Villette puis à Saint-Prex. Il y grave ou dessine sur la pierre lithographique un nombre considérable de planches. Son œuvre gravé et lithographié est recensé dans un catalogue raisonné publié par le département du Morbihan, Cente Tal Coat à Kerguéhennec (2017).

En 1972, expositions de peintures récentes à la Galerie Maeght à Paris et de lavis à la galerie D. Benador à Genève. Long séjour à Truinas dans la Drôme chez André du Bouchet.

En 1973, naissance de son petit-fils Xavier.

En 1974, Tal Coat expose à la Galerie Maeght à Zurich. La rétrospective proposée cette année-là par le Musée de Metz sera invitée au Japon en remerciement du prêt de la Joconde par la France.

En avril 1975, Tal Coat assiste à l’ouverture de l’exposition présentée au Musée royal d’Ueno à Tokyo. Il souffre d'artérite et une grave opération au pied restreint sa mobilité : privé momentanément de la possibilité de peindre, il ne cesse de dessiner.

En 1976, rétrospective au Grand Palais à Paris.

En 1979, exposition André du Bouchet – Pierre Tal-Coat au château de Ratilly (Yonne).

En 1981, Tal Coat est élu membre du Comité national du Livre illustré Français, Bibliothèque nationale de France. A Paris, il montre ses Autoportraits à la Galerie H-M, et des peintures à la Galerie Clivages, qui consacrera à Tal Coat une exposition personnelle chaque année de 1981 à 1991.

En 1983, il expose à Paris, à la galerie Patrice Trigano, puis à la galerie Berthet-Aittouarès qui ensuite présentera régulièrement sa peinture.

D’avril à juin 1985, Dore Ashton propose Tal-Coat, Sustained Visions, une exposition de petites peintures et de lavis à New-York, au New Museum of Contemporary Art et, en été, André Cariou offre une rétrospective au Musée des Beaux-Arts de Quimper.

Pierre Tal Coat meurt le 11 juin 1985, à la Chartreuse de Dormont, entouré des siens.

En 2006, un incendie à La Chartreuse détruit un millier de peintures et de dessins.

En 2010, création du Centre Pierre Tal Coat au Domaine de Kerguéhennec (Morbihan) qui montre en permanence une partie du fond qu’elle constitue et publie le catalogue raisonné en ligne de l’œuvre gravé établi par Françoise Simecek et Rainer Michael Mason, tandis que l’association Les Amis de Pierre Tal Coat, créée en octobre 2016, soutient l’édition du catalogue raisonné de l’œuvre peint établi par Xavier Demolon, le petit-fils de l’artiste.