La tête de Saint-Jean Baptiste sur un plateau
Beaucoup de repas bibliques se caractérisent par leurs conséquences extrêmement tragiques.
L’un des plus funestes est sans conteste celui donné en l’honneur d’Hérode Antipas, souverain qui se voit critiqué par saint Jean-Baptiste en raison de sa liaison avec Hérodias, sa belle-sœur. Cette remarque sera fatale au saint, mis à mort à la fin du banquet. Voici la façon dont l’Évangile selon Matthieu (vers 80-90) relate les faits :
« Car Hérode, qui avait fait arrêter Jean, l’avait lié et mis en prison, à cause d’Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce que Jean lui disait : « Il ne t’est pas permis de l’avoir pour femme. » […] Or, lorsqu’on célébra l’anniversaire de la naissance d’Hérode, la fille d’Hérodias dansa au milieu des convives, et plut à Hérode, de sorte qu’il promit avec serment de lui donner ce qu’elle demanderait. À l’instigation de sa mère, elle dit : « Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean-Baptiste. » Le roi fut attristé ; mais, à cause de ses serments et des convives, il commanda qu’on la lui donne, et il envoya décapiter Jean dans la prison. Sa tête fut apportée sur un plat, et donnée à la jeune fille, qui la porta à sa mère. »
Un grand nombre d’artistes se sont emparés de cette scène biblique en s’attachant particulièrement à la figure de Salomé, belle-fille d’Hérode, que d’aucuns s’empressèrent de transformer en séductrice sulfureuse. Le tableau de Jan van Reyn (1610-1678) de Dunkerque la représente telle une courtisane impassible, richement vêtue, déposant le plateau contenant la tête de Jean Baptiste devant sa mère et son beau-père. Personne autour de la table ne semble choqué par l’incongruité de cette scène.
Illustrant lui aussi cette histoire tragique, Donatello (1386-1466) prend un parti très différent en condensant plusieurs moments du récit sur un bas-relief conservé au Palais des Beaux-Arts de Lille. Salomé y apparaît à deux reprises : au milieu de la composition, en train de danser en agitant un voile sur la tête et assise au premier plan, de trois-quarts dos, marquant un mouvement de dégoût à la vue de la tête coupée de Jean-Baptiste présentée sur un plateau.
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Références bibliographiques
Marc Bochet, Salomé du voilé au dévoilé, Paris, Cerf, collection "Figures bibliques", 2007.
Julia Kristeva, Visions capitales, (cat. exp.), Paris, Réunion des musées nationaux, 1998, plus particulièrement pp. 71-80.
Catherine Camboulives, Evelyne-Dorothée Allemand, Philippe Comte, Salomé dans les collections françaises, (cat. exp.), Musées de Saint-Denis, Tourcoing, Albi, Auxerre, 1988-1989.
Alexandre Holin pour l'ACMHDF
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